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Titres de séjour, visas, éloignements, asile… Que nous apprennent les chiffres du Ministère de l’Intérieur sur l’immigration en 2022 ?

Titres de séjour, visas, éloignements, asile… Que nous apprennent les chiffres du Ministère de l’Intérieur sur l’immigration en 2022 ?

L’essentiel

Chaque année, la Direction générale des étrangers en France (DGEF) du Ministère de l’Intérieur publie ses statistiques officielles en matière d’immigration, d’asile et d’acquisition de la nationalité française. Le calendrier prévoit d’abord un partage en janvier d’une première estimation de l’admission au séjour sur l’année précédente et des données provisoires relatives à la délivrance des visas aux étrangers, aux éloignements de ceux en situation irrégulière et aux demandes d’asile. Ces données sont ensuite complétées et précisées au mois de juin.

L’Observatoire de l’immigration et de la démographie décrypte pour vous les récents chiffres parus pour l’année 2022.

Le 26 janvier dernier, la publication des chiffres provisoires de l’immigration légale pour l’année 2022 aurait dû faire l’effet d’une bombe dans le débat public. En effet, jamais la France n’avait connu de tels flux d’immigration dans son Histoire.

Le nombre le plus frappant est sans conteste celui des premiers titres de séjour délivrés à des ressortissants de pays hors-UE/Suisse/Royaume-Uni, au nombre de 320 330 l’an dernier. Il est à noter que ce volume record n’a pas de rapport avec l’arrivée des déplacés d’Ukraine : ceux-ci disposent en effet d’un statut européen de “protégés temporaires”, lequel n’est inclus ni dans les données d’admission au séjour ni dans celles de l’asile.

Les primo-délivrances de titres augmentent de 17,2% par rapport à 2021 et dépassent ainsi les niveaux déjà records de 2019 – année de référence avant la crise du Covid.

En moyenne, 267 000 premiers titres de séjour ont été accordés chaque année à des immigrés non-européens (hors EEE et R-U) entre 2017 et 2022, soit l’équivalent de la population de Bordeaux. Au total, ce sont plus d’1,6 million1 de primo-titres qui ont été accordés sous la présidence d’Emmanuel Macron, de loin celle aux flux d’immigration les plus importants. A titre comparatif, cette moyenne annuelle était de 188 820 premiers titres de séjour sous Nicolas Sarkozy et 217 463 sous François Hollande.

Les trois principales nationalités bénéficiaires de ces nouveaux titres légaux sont les pays du Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie2, pour différents motifs d’admission – principalement familial, étudiant ou économique.

Outre ces titres de séjour, le Ministère de l’Intérieur estime à plus d’1,7 million le nombre de visas courts ou longs délivrés l’an dernier.

Il convient ici de rappeler que l’immigration illégale est largement amplifiée par ces flux d’immigration légale. En effet, le glissement entre la seconde et la première catégorie intervient dès lors que le permis de séjour ou le visa expire, mais que l’immigré reste sur le territoire. Ce fut par exemple le cas de Dahbia B., inculpée d’avoir tué la jeune Lola en octobre dernier, arrivée en France en 2016 avec un visa étudiant avant de glisser dans l’illégalité et de faire l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

L’augmentation du nombre de demandeurs d’asile se constate à travers l’Europe. La France est le deuxième pays d’attraction dans l’UE, derrière l’Allemagne et ses plus de 215 000 premières demandes enregistrées l’an passé selon l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF)3.

En France, on dénombre 137 046 premières demandes enregistrées en GUDA4 en 2022, une hausse de 31,3% par rapport à 2021 (104 381 primo-demandes). D’autres demandes d’asile sont par ailleurs instruites hors GUDA et ne sont pas décomptées ici.

Les principaux pays d’origine des nouveaux demandeurs d’asile en 2022 sont l’Afghanistan (en première position pour la cinquième année consécutive), suivie du Bangladesh et de la Turquie. Cette dernière marque une hausse notable de +100,1%.

Au total, l’OFPRA et la CNDA ont rendu 56 179 décisions favorables d’attribution de l’asile en 2022, représentant 41,8% de l’ensemble des décisions rendues. Mais alors que deviennent les près de 60% de déboutés ? Selon un rapport de la Cour des Comptes paru en 2015, 96% d’entre eux resteraient en France après le rejet de le leur dossier5.

15 396 éloignements ont eu lieu en 2022. Ceux-ci concernent les étrangers en situation irrégulière et peuvent être forcés, aidés ou spontanés, après qu’une mesure d’éloignement (comme une OQTF) ait été prononcée. Si certains commentaires sur cette base ont évoqué une « forte hausse » des éloignements par rapport à 2021, leur nombre global reste cependant bien en deçà du bilan 2019 (23 700).

Avec en moyenne 30 000 régularisations par an, un clandestin a ainsi deux fois plus de chances d’être régularisé qu’éloigné du territoire français.

La présidence d’Emmanuel Macron se trouve ainsi toujours plus marquée par une accélération sans précédent des flux d’immigration, consolidés dans les “stocks” présents sur le territoire : il y aurait actuellement 7 millions d’immigrés au sens strict – personnes nées étrangères à l’étranger – dans la population de la France (hors Mayotte) selon les estimations de l’INSEE, parmi lesquels 4,5 millions d’étrangers et 2,5 millions d’immigrés devenus Français par acquisition de la nationalité. 

Le principal pays d’origine des immigrés est l’Algérie, désormais suivi du Maroc.

  1. Hors UE / Suisse / Royaume-Uni. ↩︎
  2. Principales nationalités des bénéficiaires de premiers titres de séjour : données définitives pour 2021. ↩︎
  3. Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF), Chiffres clés sur l’asile 2022 (13 janvier 2023) : https://www.bamf.de/SharedDocs/Anlagen/DE/Statistik/SchluesselzahlenAsyl/flyer-schluesselzahlen-asyl-2022.html?nn=282772 ↩︎
  4. Guichet Unique pour Demandeurs d’Asile. SPADA, GUDA, ADA…. Que se cache-t-il derrière ces lettres ? – Ofii ↩︎
  5. Cour des Comptes, L’accueil et l’hébergement des demandeurs d’asile, Référé n° S 2015 0977 1, (30 juillet 2015) : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/laccueil-et-lhebergement-des-demandeurs-dasile ↩︎

Le 26 janvier dernier, la publication des chiffres provisoires de l’immigration légale pour l’année 2022 aurait dû faire l’effet d’une bombe dans le débat public. En effet, jamais la France n’avait connu de tels flux d’immigration dans son Histoire.

Le nombre le plus frappant est sans conteste celui des premiers titres de séjour délivrés à des ressortissants de pays hors-UE/Suisse/Royaume-Uni, au nombre de 320 330 l’an dernier. Il est à noter que ce volume record n’a pas de rapport avec l’arrivée des déplacés d’Ukraine : ceux-ci disposent en effet d’un statut européen de “protégés temporaires”, lequel n’est inclus ni dans les données d’admission au séjour ni dans celles de l’asile.

Les primo-délivrances de titres augmentent de 17,2% par rapport à 2021 et dépassent ainsi les niveaux déjà records de 2019 – année de référence avant la crise du Covid.

En moyenne, 267 000 premiers titres de séjour ont été accordés chaque année à des immigrés non-européens (hors EEE et R-U) entre 2017 et 2022, soit l’équivalent de la population de Bordeaux. Au total, ce sont plus d’1,6 million1 de primo-titres qui ont été accordés sous la présidence d’Emmanuel Macron, de loin celle aux flux d’immigration les plus importants. A titre comparatif, cette moyenne annuelle était de 188 820 premiers titres de séjour sous Nicolas Sarkozy et 217 463 sous François Hollande.

Les trois principales nationalités bénéficiaires de ces nouveaux titres légaux sont les pays du Maghreb : Maroc, Algérie, Tunisie2, pour différents motifs d’admission – principalement familial, étudiant ou économique.

Outre ces titres de séjour, le Ministère de l’Intérieur estime à plus d’1,7 million le nombre de visas courts ou longs délivrés l’an dernier.

Il convient ici de rappeler que l’immigration illégale est largement amplifiée par ces flux d’immigration légale. En effet, le glissement entre la seconde et la première catégorie intervient dès lors que le permis de séjour ou le visa expire, mais que l’immigré reste sur le territoire. Ce fut par exemple le cas de Dahbia B., inculpée d’avoir tué la jeune Lola en octobre dernier, arrivée en France en 2016 avec un visa étudiant avant de glisser dans l’illégalité et de faire l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

L’augmentation du nombre de demandeurs d’asile se constate à travers l’Europe. La France est le deuxième pays d’attraction dans l’UE, derrière l’Allemagne et ses plus de 215 000 premières demandes enregistrées l’an passé selon l’Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF)3.

En France, on dénombre 137 046 premières demandes enregistrées en GUDA4 en 2022, une hausse de 31,3% par rapport à 2021 (104 381 primo-demandes). D’autres demandes d’asile sont par ailleurs instruites hors GUDA et ne sont pas décomptées ici.

Les principaux pays d’origine des nouveaux demandeurs d’asile en 2022 sont l’Afghanistan (en première position pour la cinquième année consécutive), suivie du Bangladesh et de la Turquie. Cette dernière marque une hausse notable de +100,1%.

Au total, l’OFPRA et la CNDA ont rendu 56 179 décisions favorables d’attribution de l’asile en 2022, représentant 41,8% de l’ensemble des décisions rendues. Mais alors que deviennent les près de 60% de déboutés ? Selon un rapport de la Cour des Comptes paru en 2015, 96% d’entre eux resteraient en France après le rejet de le leur dossier5.

15 396 éloignements ont eu lieu en 2022. Ceux-ci concernent les étrangers en situation irrégulière et peuvent être forcés, aidés ou spontanés, après qu’une mesure d’éloignement (comme une OQTF) ait été prononcée. Si certains commentaires sur cette base ont évoqué une « forte hausse » des éloignements par rapport à 2021, leur nombre global reste cependant bien en deçà du bilan 2019 (23 700).

Avec en moyenne 30 000 régularisations par an, un clandestin a ainsi deux fois plus de chances d’être régularisé qu’éloigné du territoire français.

La présidence d’Emmanuel Macron se trouve ainsi toujours plus marquée par une accélération sans précédent des flux d’immigration, consolidés dans les “stocks” présents sur le territoire : il y aurait actuellement 7 millions d’immigrés au sens strict – personnes nées étrangères à l’étranger – dans la population de la France (hors Mayotte) selon les estimations de l’INSEE, parmi lesquels 4,5 millions d’étrangers et 2,5 millions d’immigrés devenus Français par acquisition de la nationalité. 

Le principal pays d’origine des immigrés est l’Algérie, désormais suivi du Maroc.

  1. Hors UE / Suisse / Royaume-Uni. ↩︎
  2. Principales nationalités des bénéficiaires de premiers titres de séjour : données définitives pour 2021. ↩︎
  3. Office fédéral pour la migration et les réfugiés (BAMF), Chiffres clés sur l’asile 2022 (13 janvier 2023) : https://www.bamf.de/SharedDocs/Anlagen/DE/Statistik/SchluesselzahlenAsyl/flyer-schluesselzahlen-asyl-2022.html?nn=282772 ↩︎
  4. Guichet Unique pour Demandeurs d’Asile. SPADA, GUDA, ADA…. Que se cache-t-il derrière ces lettres ? – Ofii ↩︎
  5. Cour des Comptes, L’accueil et l’hébergement des demandeurs d’asile, Référé n° S 2015 0977 1, (30 juillet 2015) : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/laccueil-et-lhebergement-des-demandeurs-dasile ↩︎