Table des matières
L’essentiel
o La stratégie gouvernementale « Bienvenue en France », qui pilote l’accueil des étudiants étrangers, se concentre sur un objectif quantitatif : atteindre « 500 000 étudiants étrangers en 2027 ». Cinq ans après son lancement, leur nombre a effectivement augmenté de 17%, pour atteindre 419 694 étudiants étrangers en 2023/2024 – soit 14% de la population étudiante sur le territoire.
o L’immigration étudiante est devenue, depuis 2022, le principal motif d’octroi des premiers titres de séjour en France. 110 633 nouveaux titres pour motif étudiant ont été accordés durant la seule année 2024, soit un tiers de toutes les primo-délivrances de titres de séjour et une hausse de 70% en 10 ans.
o Cette hausse est essentiellement portée par deux zones géographiques : le nombre de ressortissants d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient obtenant un premier titre de séjour étudiant a doublé en dix ans ; le nombre de ressortissants d’Afrique subsaharienne a triplé sur cette période. La France est la première destination mondiale pour les étudiants originaires d’Afrique subsaharienne.
o Selon la Cour des comptes, le coût net de l’immigration étudiante pour les finances publiques est de 1 milliard d’euros par an, en tenant compte des dépenses et des recettes (comme la TVA issue de la consommation sur place).
o En théorie, des droits d’inscription plus élevés sont applicables aux étudiants extra-européens. Mais de très nombreuses universités choisissent de les exempter totalement ou partiellement : ainsi, moins de 10% des étrangers théoriquement concernés paient le montant annoncé des frais différenciés. Le manque à gagner de ces exonérations est estimé à 308 M€ / an, alors que les universités se plaignent d’une insuffisance de moyens à hauteur de 240 M€ / an pour assurer leurs missions.
o Les étudiants étrangers sont largement en situation d’échec académique : deux tiers (66,2%) des étudiants internationaux en mobilité n’obtiennent pas leur licence en 3 ans, avec de forts écarts selon les zones géographiques d’origine.
o Les étudiants étrangers sont surreprésentés dans les filières à faibles débouchés professionnels et sous-représentés dans celles qui présentent la meilleure insertion.
o Alors que l’immigration étudiante dépend encore du pouvoir politique, l’actuelle législation en fait un « droit opposable » au titre de séjour. Outre l’admission dans un établissement d’enseignement supérieur, le seul critère retenu est celui de la capacité de l’étranger de « subvenir à ses besoins », mesurée par un seuil de ressources fixé à seulement 615 € / mois (et faiblement vérifié par ailleurs).
o 60% des aides d’urgence des CROUS sont accordés à des étudiants étrangers. Plus du tiers (34%) des places au sein des résidences CROUS sont occupées par des étudiants étrangers, lesquels ne représentent que 14% des étudiants.
o Après leurs études, les étrangers restent différemment sur le territoire selon leurs origines – ex : huit ans après leur arrivée pour motif étudiant, 61% des Algériens ont gardé un titre de séjour en France, dont les deux tiers pour motif familial.
Introduction
Chaque année universitaire, le nombre d’étudiants étrangers au sein du système d’études supérieures français va croissant. Il a ainsi connu une progression de 17% entre l’année scolaire 2018/2019 et 2023/20241 – une hausse supérieure à celle du nombre d’étudiants français.
Avec 419 694 étudiants2 étrangers sur son territoire en 2024, la France – et son système d’éducation supérieure – fait figure de pôle d’attraction majeur. Notre pays est le septième au monde en nombre d’étudiants étrangers accueillis.3
Cette immigration étudiante recouvre des réalités contrastées en matière de durée de séjour, de diplômes préparés, de situation des personnes et même de taux de réussite.
Deux grands cas de figure sont à distinguer parmi les étudiants étrangers :
- 99 821 d’entre eux résidaient déjà en France avant leurs études ;
- 319 8734 autres sont « en mobilité », c’est-à-dire venus spécialement suivre des études en France. Parmi ceux-ci :
- 92% sont en « mobilité diplômante » : il s’agit d’étrangers venant en France suivre intégralement un cursus sanctionné par l’obtention d’un diplôme Français ;
- 8% sont en « mobilité d’échange » : ils ont une université dans un autre pays, qui leur permet de passer un certain temps en France (souvent un semestre ou une année).
Depuis 2019, les étudiants étrangers extra-communautaires doivent – dans certains cas et en théorie – s’acquitter de droits d’inscription différenciés, à hauteur de 2 895 € pour une année de licence et de 3 941 € pour une année de master en 2025/20265. Cette somme ne couvre en réalité pas l’intégralité du coût de leur scolarité, estimée en moyenne à 11 530€ annuels (chiffres 2019)6, et les exemptions à ce système sont extrêmement nombreuses7.
Dans un système universitaire exsangue, du propre aveu de France Université8, l’allocation de telles ressources à des étudiants étrangers et le « coût net de 1 milliard d’euros »9 constaté par la Cour des comptes dans son rapport de mars 2025 devraient a minima être justifiés par des retours probants.
Outre ses coûts financiers, l’immigration étudiante est devenue, par la création de l’article L422 – 110 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, une sorte de « droit opposable » pour toute personne admise dans un établissement français d’enseignement et disposant de ressources théoriquement suffisantes pour subvenir à ses besoins11.
Ainsi, la question proprement migratoire induite par cette présence mérite d’être regardée avec la plus grande attention. En effet : en ne dépendant pas du ministère de l’Intérieur qui n’a pour rôle que l’enregistrement des arrivées et la dispense des visas et de titres de séjour, elle ne s’inscrit pas pleinement dans une politique migratoire qui se voudrait volontaire et maîtrisée.
L’argument – souvent invoqué dans le débat public – selon lequel l’immigration étudiante serait largement bénéfique au pays mérite donc d’être analysé à l’aune des faits.
1 – Une forte hausse des effectifs, portée par les étudiants africains et les inscriptions de 1er cycle
1.1 Une hausse continue du nombre d’étudiants d’étrangers
Du fait d’objectifs essentiellement quantitatifs en ce qui concerne leur accueil, le nombre d’étrangers accueillis pour motif étudiant ne cesse de croître, tant en volume absolu qu’en part relative parmi les étudiants du supérieur en France.

note d’information 20.10 du SIES – Ministère de l’Enseignement supérieur (2019)
En 2024, leur part représente 14% des étudiants au sein du système d’enseignement supérieur français12. Ils sont ainsi 419 69413, soit 4,5% de plus que l’année universitaire précédente et 17% de plus que cinq ans auparavant. Cette hausse constante répond aux objectifs quantitatifs fixés par le plan « Bienvenue en France »14.
Sur le territoire français, les étudiants étrangers – tout comme les établissements d’enseignement supérieur – ne sont pas répartis uniformément.
L’essentiel de l’immigration étudiante se concentre en Île-de-France (150 039 étudiants étrangers en 2024), région la plus pourvue en établissements, suivie par Auvergne-Rhône-Alpes, pour les mêmes raisons. À l’inverse, le Centre-Val de Loire et la Corse sont les moins concernées par le phénomène, avec respectivement 7259 et 407 étudiants étrangers.

1.2 Des origines diverses mais une prédominance africaine
Les étudiants internationaux présents en France viennent essentiellement d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (28%), ainsi que d’Afrique subsaharienne (25%) – cette dernière origine étant en croissance de 34% sur cinq ans. Au total, 53% des étudiants étrangers sont originaires du continent africain ou du Moyen-Orient16.
Si les primo-arrivants enregistrés en 2023 sont de 149 nationalités différentes, la croissance des flux est essentiellement portée par le continent africain17 : 6 étrangers sur 10 ayant obtenu un premier titre de séjour pour motif étudiant sont originaires d’Afrique ou du Moyen Orient18.

Le nombre annuel de primo-titres de séjour pour motif étudiant accordés à des ressortissants d’Afrique subsaharienne a quasiment triplé en dix ans, atteignant 31 600 titres en 2023 (contre 11 200 en 2013)19. Le nombre des primo-titres accordés à des étudiants originaires d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient a lui aussi doublé sur cette période, tandis que toutes les autres origines ont connu des variations beaucoup plus légères et concernent des nombres d’étudiants plus faibles.
Ainsi, non seulement le continent africain est-il le plus important pourvoyeur d’étudiants étrangers en France, mais il est aussi celui dont le nombre croît le plus rapidement20.

Concernant le nombre d’étudiants étrangers présents sur le territoire : il est à noter qu’entre 2018 et 2023, le « stock » total des étudiants étrangers a cru de 17%, tandis que celui des étudiants originaires d’Afrique subsaharienne a augmenté de 34%21. Le nombre de ces derniers a donc augmenté deux fois plus vite que la moyenne.
À elle seule, la France accueille 45% des étudiants subsahariens venant étudier en Europe22. Elle est même la première destination dans le monde pour les étudiants de cette origine23. Les principaux pays de provenance des étudiants étrangers en France peuvent être mis en corrélation avec les pays de provenance de l’immigration en général. Le Maroc et l’Algérie, représentent à eux seuls 18% de l’immigration étudiante24, soit plus de 77 500 personnes. Parmi les immigrés vivant en France en 2023, 12,2% étaient originaires d’Algérie et 11,7% du Maroc25 : ces deux pays d’origine étaient les plus représentées, tout comme parmi les étudiants.

Dès 2013, un rapport de France Stratégie a documenté le lien entre la présence de diasporas particulières dans un pays et la venue d’une immigration étudiante issue de la même origine26. L’existence de cette diaspora permet de faciliter l’installation, de créer des liens et de regrouper les nouveaux arrivants. Nous verrons27 que cela est préjudiciable aux bons résultats de cette politique en France car, statistiquement, les étudiants d’origine subsaharienne et maghrébine connaissent de plus forts taux d’échecs académiques.
1.3 Des inscriptions concentrées sur les bas niveaux de diplômes, avec de fortes disparités suivant la nationalité
Les étudiants étrangers connaissent une répartition inégale entre les différents niveaux de diplôme, qui s’est accentuée ces dernières années. Entre les année universitaires 2018/2019 et 2023/2024, le nombre de doctorants étrangers a chuté de 14%, tandis que celui des étudiants étrangers en licence a augmenté de 14%28. La hausse quantitative rapide de l’immigration étudiante apparaît donc s’accompagner d’un déclin « qualitatif ».

Si les étrangers sont beaucoup plus nombreux dans l’absolu parmi les personnes préparant les plus bas niveaux de diplômes de l’enseignement supérieur, ils restent cependant plus présents en proportion parmi les doctorants. La tendance à former davantage d’étudiants de faible niveau académique tend néanmoins à se renforcer avec le temps. Cette dynamique de fond fait de la France un pays dispensant des formations de base à de nombreux étrangers, mais formant de moins en moins de profils susceptibles d’apporter une forte valeur ajoutée à son économie.
Les établissements dans lesquels étudient les étrangers en mobilité internationale ne sont pas non plus répartis équitablement : pour l’année 2023-2024, 65% des étudiants étrangers en France étaient inscrits en université, 5% en formation d’ingénieurs hors université, 16% en école de commerce et le reste répartis entre les classes préparatoires aux grandes écoles (1%) et d’autres cursus.29
La prévalence des inscriptions dans les filières n’appliquant que peu de filtres à l’entrée (université) peut être constatée, alors que des filières sélectives – telles que les CPGE ou les écoles d’ingénieurs – ne regroupent qu’une faible proportion des étrangers étudiant en France.

L’on s’aperçoit que les filières de prédilections parmi ceux qui vont à l’université sont les sciences et sport (86 850) puis les lettres et sciences sociales (78 678)30. Soit respectivement 33 et 30% des étudiants étrangers à l’université31. 15%32 des effectifs des Français en université sont inscrits en médecine et santé, ce n’est le cas que de 10% des étrangers33.
Cependant, évoquer « les étudiants étrangers » comme une catégorie uniforme relèverait d’une analyse superficielle. En particulier, leurs différentes origines géographiques sont corrélées à des paramètres aussi divers que le niveau de diplôme préparé, la filière choisie ou encore le taux de réussite aux examens.
Tout d’abord, concernant les proportions, rappelons que pour l’année scolaire 2023-2024, la répartition par origine géographique et niveau des étudiants étrangers inscrits à l’université était la suivante34 :

Les diplômes préparés ne sont pas équivalents suivant le pays d’origine des étudiants. Parmi les étudiants asiatiques présents en France, 18 898 préparent une licence et 6005 un doctorat, tandis que parmi les étudiants africains, 51 951 préparent une licence et 6313 sont doctorants35. L’Asie et l’Afrique ont approximativement le même nombre de doctorants en France, alors même que l’Afrique compte près de trois fois plus d’étudiants dans le pays.
| Aire géographique | Licence | Master | Doctorat | Total |
| Afrique | 46,5% | 47,8% | 5,7% | 100% |
| Asie | 47,6% | 37,3% | 15,1% | 100% |
| Europe | 47% | 41,1% | 11,9% | 100% |
| Autres pays | 46,2% | 44,4% | 8,4% | 100% |
De fait, il est intéressant de noter que la France forme une masse importante d’étudiants africains à des grades universitaires de premier et second cycle là où, proportionnellement, les asiatiques préparent beaucoup de troisièmes cycles. Il semble que l’université française porte partiellement la charge du manque d’universités dans les pays d’origine de certains étudiants36, d’où leur plus forte propension à suivre des mobilités diplômantes à faibles niveaux d’études.
Nous pouvons nous apercevoir que certaines nationalités ne viennent à l’université française quasiment qu’en mobilité « diplômante » (suivent un cursus uniquement en France). Les ressortissants de pays africains sont ainsi 98,1% à le faire – 99,6% pour les Algériens, par exemple37. A l’inverse, les Britanniques ne sont que 50% à suivre une mobilité diplômante.
Naturellement, se pose la question des filières choisies par chaque origine migratoire au sein du système français.
La prévalence de l’inscription en université est plus forte pour certaines origines. Elle se porte à 86% pour les Algériens (première nationalité en nombre), contre seulement 46% pour les Américains du Nord (USA et Canada), qui se tournent davantage vers des écoles spécialisées et des écoles de commerce38.
Concernant les matières choisies au sein de l’université, le constat général recouvre aussi des réalités contrastées suivant les origines géographiques. Ainsi, 25,3% des Algériens étudient les lettres et sciences sociales contre 11% des Marocains39.
Il est utile de noter que les pays accueillis ne permettent pas, du fait de leurs systèmes d’études supérieures souvent moins dotés que le système français, une réciprocité intéressante. Si les arrivants en France proviennent d’abord d’Algérie et du Maroc, les étudiants français suivant des années à l’étranger se concentrent sur la Belgique, la Canada et la Suisse40. Ainsi, notre « balance » des coûts concernant les études à l’étranger est très déficitaire vis-à-vis du continent africain, largement formé en France mais ne formant que très peu de Français.
1.4 Une surreprésentation des filières à faibles débouchés, au détriment des besoins réels
Dans la mesure où aucune politique nationale ne définit d’objectifs autres que quantitatifs à leur accueil : les étudiants étrangers s’inscrivent suivant leur choix et se voient accueillis quel que soit celui-ci, pourvu qu’ils soient acceptés par l’université, sous réserve de minces critères41.
C’est ainsi que des filières dont l’augmentation du nombre d’étudiants bénéficierait à l’économie et à la société française se trouvent délaissées – à l’instar de la médecine où les étrangers sont sous-représentés d’un tiers (en proportion de leur nombre total)42 – et que certaines, pourtant connues pour être moins riches en débouchés, sont amplement pourvues en élèves étrangers.
La médecine, secteur connu43 pour son manque de professionnels dans certains territoires – du fait, notamment, de politiques restrictives anciennes mises en place envers les étudiants intéressés – ne représente que 8,4% des étudiants étrangers en mobilité internationale à l’université, soit 5,5% du total des étudiants étrangers44. À ce compte, il semblerait opportun de privilégier la venue d’étudiants étrangers pouvant combler des manques identifiés (bien qu’en l’espèce, il soit probablement possible de compenser le manque avec des étudiants français).
De la même manière, la France ne forme aujourd’hui pas suffisamment d’ingénieurs pour subvenir aux besoins de ses entreprises ; il est estimé que « l’économie française devra recruter près de 100 000 ingénieurs et techniciens nets par an d’ici 2035. » et qu’atteindre cet objectif impliquera « la formation de quelque 60 000 diplômés supplémentaires chaque année. »45.
Malgré cet état de fait alarmant pour une économie moderne, seuls 5% des étudiants étrangers accueillis, et donc – en partie – financés par le système français, le sont en école d’ingénieurs46. Dans une économie où 70% des recruteurs peinent à trouver des profils d’ingénieurs47, il serait pertinent de cibler ces profils parmi les étudiants étrangers venant dans notre pays afin d’optimiser la dépense induite par la présence d’étudiants étrangers.
Il est ici patent que la venue d’étudiants étrangers ne vise pas à combler des manques de professionnels mais à leur permettre de bénéficier des cursus qu’ils souhaitent. Cette inadéquation entre profils accueillis et nécessités du pays est le fruit de la politique visant à faire de l’immigration étudiante une immigration nombreuse et largement subie, plutôt qu’une immigration choisie et bénéfique pour le pays.
Les étudiants étrangers sont surreprésentés dans les filières ayant le moins de débouchés professionnels : la Cour des comptes note que « les cursus qui présentent une insertion de 99 % ou plus pour leurs diplômés français ont une part médiane d’étudiants internationaux de 9 %, tandis que les formations qui ont taux d’insertion de moins de 80 % ont une part médiane d’étudiants internationaux de 14 % ».48
1.5 De très faibles taux de réussite
Parmi les statistiques liées aux étudiants en études en France, celles relatives aux taux d’échec comptent parmi les plus frappantes.
Alors que les étudiants en mobilité internationale viennent en France – a priori – exclusivement pour suivre des études, ils connaissent un taux d’échec en licence à l’université (ici, ne pas réussir sa licence en trois ans) de 66,2%49. Ce taux demeure de 54,5% pour une licence en 3 ou 4 années. Cela signifie que plus de la moitié des étudiants étrangers en mobilité venus suivre une licence en France n’en sont toujours pas diplômés après quatre années universitaires (Ce qui induit a minima deux échecs).
Certaines nationalités connaissent même des taux d’échec supérieurs : ainsi les étudiants ressortissants de pays du Maghreb connaissent-ils le plus fort taux d’échec, avec 75,4% d’entre eux qui ne parviennent pas à valider de licence en 3 ans et 62,5% en 3 ou 4 années.
En master, les taux de réussite descendent en-dessous de la moyenne générale : 56,5% des étudiants étrangers en mobilité internationale ne parviennent pas à valider un master en 2 ans, contre 45% des Français ou résidents étrangers habituels – soit 11 points de plus.
Là encore, les origines ne sont pas réparties équitablement, avec une réussite particulière des Asiatiques et des Océaniens dont le taux d’échec au master en 2 ans est de 50,2% alors que celui des étudiants subsahariens est de 62,5%.

note d’information 20.10 du SIES – Ministère de l’Enseignement supérieur (2019)
Ces chiffres, trop élevés pour les Français également, témoignent d’un système promouvant l’orientation en université de nombreux profils dont le niveau est trop faible ou dont les choix de filières furent malheureux. Dans ce contexte, accueillir des étudiants étrangers sans sélection sérieuse et financer leurs échecs successifs est non seulement couteux mais contreproductif pour notre système éducatif. Les coûts et l’engorgement des universités découlant de ces redoublements d’étudiants étrangers ne sont pas négligeables et doivent être pris en compte dans l’élaboration des politiques publiques.
En revanche, les étudiants recrutés sur des critères d’excellence reconnus par certaines bourses du ministère des Affaires étrangères connaissent des réussites importantes, de l’ordre de 95%50 en licence et 88% en master. La sélection par l’excellence permet donc de s’assurer de ne pas financer les échecs successifs d’étudiants dont la famille n’a pas contribué au financement de l’université mais de privilégier un véritable rayonnement académique afin que l’immigration étudiante soit réellement une opportunité pour la France.
Les étudiants sélectionnés selon ces derniers critères représentent environ 5 600 personnes – soit seulement 1,8% du total des 320 000 étudiants étrangers en mobilité internationale.
L’échec massif des étrangers dans l’enseignement supérieur français pose une double question ; les montants qui leurs sont alloués ne pourraient-ils pas l’être pour améliorer les conditions d’enseignement offertes à ceux dont la famille finance le système universitaire ? Les étrangers venus spécialement pour motif d’études ne devraient-ils pas être sélectionnés pour que le financement de leur échec ne vienne pas peser sur le système universitaire français ?
Le consentement à l’impôt pourrait se trouver largement entaché par ce type de procédés dépourvus de résultats probants autant que coûteux au profit de personnes qui ne contribuent pas – ni leurs familles – au financement du système. Si chacun accepte de financer indirectement l’université et plus largement le système d’études supérieures au profit – tout aussi indirect – de sa propre famille, il semble moins assuré que cette acceptation vaille pour des étrangers non-contributeurs et essentiellement en situation d’échec.
2 – Une volonté politique à priorité quantitative
2.1 Une stratégie floue mais des coûts bien réels
Depuis 2022, l’immigration étudiante est devenue le premier motif de délivrance des nouveaux titres de séjour dans notre pays. À elle seule, elle a représenté près d’un tiers (32%) de l’ensemble des primo-titres de séjour accordés par la France en 202451. Malgré l’ampleur de ces arrivées, les orientations politiques qui président à cette voie migratoire n’évoquent clairement ni les bénéfices qui en sont attendus, ni de véritable stratégie d’accueil autre que quantitative.
La stratégie « Bienvenue en France »52, qui pilote ces dispositifs, présente en effet des objectifs quasi-exclusivement qualitatifs, résumés dans cet horizon explicite :
« Objectif : 500 000 étudiants étrangers en 2027 ».
Du reste, elle évoque la simplification des procédures relatives à l’obtention de visas, le fait de les rendre prioritaires ou encore de créer un label qualité d’accueil. Pour autant, aucun objectif lié à l’adéquation desdits étudiants étrangers avec les besoins du pays n’est véritablement posé, aucune stratégie promouvant l’excellence ou les partenariats académiques n’est clairement dessinée.
La stratégie se résume donc à accueillir beaucoup, afin de demeurer parmi les premiers pays d’accueil d’étudiants étrangers et non pas à rentabiliser les venues en termes de qualité académique, de prestige ou de rentabilité financière.
Ce parti pris d’une immigration étudiante massive et faiblement sélectionnée et d’une politique d’attractivité fondée sur d’importantes aides engendre inévitablement des dépenses pour le contribuable : les coûts des formations mais aussi les APL, les bourses sur critères sociaux… Celles-ci sont estimées à 2,130 milliards d’euros bruts par an par la Cour des comptes.
Au regard des recettes pour les finances publiques estimées à 1,13 milliard d’euros, en comptant jusqu’à la TVA issue de la consommation des étudiants sur place (qui peut résulter d’aides préalables), laquelle représente à elle seule la moitié des gains enregistrés : le coût net pour les finances publiques est d’environ 1 milliard d’euros par an selon la Cour des comptes53. Sachant que ces chiffres n’englobent pas les dépenses d’assurance-maladie ni d’autres postes onéreux, le coût annuel réel dépasse très certainement cette estimation prudente54.
Le rapport de la Cour note cependant que des externalités positives peuvent en être attendues à long terme, tout en précisant qu’elles ne sont pas véritablement quantifiables. Certains pays concurrents estiment pouvoir être bénéficiaires in fine de leur accueil des étudiants internationaux. Cependant, ils ne reçoivent généralement pas une immigration étudiante aux caractéristiques semblables à celle reçue en France.
2.2 Sur le plan juridique : une logique de « droit opposable »
Les visas de long séjour valant titre de séjour (VLS-TS) mention étudiant (valables entre 4 mois et 1 an) et les cartes de séjour temporaire étudiant (valable 1 an) ou pluriannuelle étudiant répondent à l’article L422 – 155 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Ce dernier dispose que :
« L’étranger qui établit qu’il suit un enseignement en France ou qu’il y fait des études et qui justifie disposer de moyens d’existence suffisants se voit délivrer une carte de séjour temporaire portant la mention » étudiant » d’une durée inférieure ou égale à un an. »
Du fait de la structure même de l’article, qui indique que l’effet juridique se produit automatiquement une fois les conditions remplies, l’immigration étudiante devient par conséquent un droit opposable.
Ce simple choix rédactionnel est cause d’une faille majeure et d’une absence de contrôle de l’État sur cette voie migratoire en l’état actuel des textes.
« La majorité des étudiants internationaux s’inscrivent et sont acceptés directement par les […] établissements d’enseignement, sous le contrôle de Campus France. À ce stade, les consulats refusent environ 25 % des demandes de visas, les refus exprimés par les préfectures au stade du titre de séjour étant en revanche peu nombreux avec seulement 3 228 demandes écartées en 2018. »56.
Ainsi l’État n’a que peu de prise sur le flux étudiants, essentiellement déterminé par les deux critères « faibles » que sont :
- Le fait de disposer des moyens de subsistance nécessaires ;
- Le fait d’être inscrit dans un établissement d’enseignement en France.
2.3 Les conséquences et détournements de ce droit
De ce « droit opposable » naissent de nombreuses difficultés concernant le coût des étudiants étrangers, leur niveau et leur apport potentiel pour le pays, mais aussi en matière de contrôle de l’immigration. La loi relative à l’immigration étudiante ouvre la porte, par la largeur de ses critères, à la création d’écoles ou de documents frauduleux permettant à des personnes de parvenir sur le territoire en situation régulière.
En témoignent les procès intentés à des écoles parfois « fictives » qui se proposent de délivrer des certificats de scolarité de complaisance, ainsi que les venues de personnes inscrites dans de réels cursus mais ne souhaitant pas les suivre, afin d’entrer légalement sur le territoire et pouvoir s’y maintenir ensuite.
Prenons l’exemple de l’European School of Business and International Affairs : en se prévalant de la loi sur l’immigration étudiante, cette école située au Mans a pu faire entrer nombre de ressortissants étrangers sur le territoire dans des conditions légales57 sans leur dispenser de formation. Le Figaro rend compte du communiqué du procureur de la République affirmant que l’école cachait un « réseau d’escroquerie aggravée, où des gérants et responsables […] sont suspectés d’avoir vendu de faux documents à l’en-tête de leur établissement permettant à des étudiants étrangers d’entrer ou de se maintenir sur le territoire national »58.
Un rapport parlementaire de 2024, signé par les députées Béatrice Descamps et Estelle Folest, corrobore cette idée en évoquant des « établissements « fantômes » dont l’objet semble être de vendre à de jeunes étrangers extra-communautaires une inscription dans un établissement d’enseignement supérieur, pièce indispensable pour la délivrance d’un visa étudiant »59.
La surveillance des établissements supérieurs privés étant « faible »60 et les services consulaires n’ayant aucun moyen de contrôle à propos des inscriptions que leurs présentent les demandeurs, la fraude demeure extrêmement simple. Il est intéressant de noter que, « entre 2010 et 2022, les effectifs étudiants totaux accueillis dans ces établissements ont cru de 72 % contre 14 % pour l’enseignement supérieur public, représentant […] 84 000 étudiants internationaux »61. Autant d’inscriptions dont la véracité demeure invérifiée, autant d’entrées sur le territoire potentiellement frauduleuses.
L’inscription dans des établissement trop peu reconnus entraîne parfois un refus de délivrance de titre de séjour de la part des services dédiés62. Cependant, derrière ce phénomène de fraudes caractérisées, se cachent les abus relatifs à la présence d’étudiants venant dans de véritables cursus sans intention – ou sans capacité – de les mener à terme afin de profiter de la possibilité, largement incontrôlée, de travailler en parallèle des études.
Si l’obtention d’un titre est un droit pour une primo-inscription, à condition de pouvoir subvenir à ses besoins et d’être régulièrement inscrit, les renouvellements ne sont pas automatiques. Ainsi, les cas de refus de renouvellement par les préfets existent et se soldent parfois par des recours devant les tribunaux administratifs afin d’apprécier de la nature « réelle et sérieuse »63 des études suivies.
Cette appréciation repose sur quelques critères exposés par la circulaire du 7 octobre 2008 relative aux étudiants étrangers64. Force est de constater qu’elle ne va pas dans le sens d’une restriction élitiste et d’un choix des meilleurs profils :
« Au terme de sa troisième année d’études, vous apprécierez si la progression de l’étudiant étranger est de nature à lui permettre d’obtenir sa licence au terme de cinq ans de présence en France »65
La circulaire précise ensuite qu’il faut « conserver une certaine souplesse dans l’appréciation de l’absence momentanée de progression dans les études »66.
Elle poursuit en demandant de considérer comme des motifs de refus « trois échecs successifs » ou le fait de ne« pas [avoir] été en mesure de valider une seule année au terme de trois années d’études ».
De la même manière, la circulaire invite les Préfets à vérifier les « certificats d’assiduité aux travaux dirigés » et à prendre comme un motif de refus « l’absence d’inscription ou de présentation aux examens »67.
Les changements de cursus sont quant à eux tolérés mais doivent répondre à une forme de cohérence. Quant aux changements de cursus post-diplôme, elles doivent, sauf cas particulier, ne pas se faire « dans un cursus de niveau inférieur ou équivalent ».68
Sur l’ensemble des demandes de renouvellement des années 2016 à 2018, « l’administration ne souhaitant pas se substituer aux établissements pour apprécier les résultats obtenus, même en cas de redoublement, de réorientation ou d’échec à la diplomation : sur les 355 698 demandes de renouvellement ‘’Étudiant’’ déposées […] les refus ne représentent que 6 070 dossiers, soit 1,7 %. »69.
Ainsi, les attentes sont assez minimales :
- Ne pas redoubler plus de trois fois la même année,
- Se présenter aux examens et aux TD obligatoires s’ils existent,
- Ne pas se réorienter dans des filières dépourvues de lien avec son cursus.
En considérant le faible taux de réussite académique des étudiants étrangers70, nous pouvons nous apercevoir que le renouvellement est quasiment accordé de manière systématique du fait de règles extrêmement « souples » (terme que la circulaire elle-même utilise).
Il est à noter qu’une fois le titre de séjour acquis, l’étudiant est en droit d’occuper un emploi à hauteur de 60% du temps de travail légal (964 heures par an) ; cependant, la Cour des comptes notait en 2020 que les services visités par ses magistrats avaient tous indiqué que « le respect de ces conditions ne faisait l’objet d’aucun contrôle »71. Ainsi, il est possible de faire de l’entrée sur le territoire à fins d’études une voie détournée d’immigration de travail non-officielle.
Enfin, il convient de relever que « selon le ministère de l’Intérieur, on observe surtout ce type d’abus pour les ressortissants de pays à forte pression migratoire. »72. Ce qui pourrait partiellement expliquer la juxtaposition des origines migratoires (tous motifs confondus) et celles des étudiants73.
Dans ce cas de figure, « le détournement de l’objet du visa serait essentiellement appréhendé lors des renouvellements des titres de séjour, ce qui conduirait à refuser le renouvellement ».
Comme nous l’avons précédemment mentionné, le faible niveau de refus des renouvellements et les consignes mettant l’accent sur la souplesse laissent entendre qu’un nombre conséquent de fraudes peuvent être envisagées.
De plus, le contrôle du départ effectif des personnes en fin de droit au séjour n’est pas nécessairement effectué et donne très probablement lieu à un phénomène d’overstaying, dont l’ampleur exacte apparaît difficile à quantifier sur la base des données publiques existantes.
2.4 La nécessité de subvenir à ses besoins : une contrainte faible et contournée
De plus, l’une des deux seules conditions prévues par la loi – avec l’inscription dans un établissement d’enseignement supérieur – pour obtenir un titre de séjour portant la mention « étudiant » est le fait de pouvoir justifier « disposer de moyens d’existence suffisants ».
L’article suivant, L422-2 du CESEDA, dispose quant à lui que « la carte de séjour prévue à l’article L. 422-1 est également délivrée lors de sa première admission au séjour, sans avoir à justifier de ses conditions d’existence et sans que soit exigée la condition prévue à l’article L. 412-1, à l’étranger ayant satisfait aux épreuves du concours d’entrée dans un établissement d’enseignement supérieur ayant signé une convention avec l’Etat ». Ainsi, une première voie d’exception à l’obligation est ouverte au sein même de la loi.
Le seuil retenu par les autorités concernant la condition de ressources s’élève à 615 euros par mois et peut être liée à une bourse issue du pays d’origine (les bourses internationales du gouvernement français exemptent de paiement) ou à des transferts familiaux. Ces derniers, font, du propre aveu de la Cour des compte, l’objet d’un « contrôle succinct en préfecture »74.
La Cour des comptes va plus loin en admettant que « les contrôles des services consulaires et préfectoraux sont en partie inopérants. Lorsque les ressources ne sont pas garanties par des bourses ou des rémunérations, il s’agit dans près de 45 % des cas d’attestations sur l’honneur de membres de l’entourage des étudiants, face auxquelles les services consulaires et préfectoraux ne disposent pas ou de peu de moyens de vérification de l’authenticité des documents, et sont contraints de procéder par faisceau d’indices »75.
2.5 Les droits d’inscription différenciés : une mesure nécessaire mais largement inappliquée
Si les règles régissant l’admission des étrangers et ses modalités semblent claires, elles souffrent de nombreuses exemptions.
Ainsi, des droits d’admission différenciés à l’université pour les étrangers extra-communautaires ont été introduits en 2019 dans le cadre de la stratégie « Bienvenue en France ». Pour l’année 2025-2026, ils sont de 2 895 € contre 178 € en licence, et de 3 941 € contre 254 € en master76. Cependant, de nombreux établissements ne se plient pas à la règle ou ne la respectent que partiellement.
Le droit commun concernant ces frais différenciés admet des exemptions dans les cas suivants :
- Etudiants ressortissants de l’Union Européenne, de l’Espace économique européen, Suisse, Monaco, Andorre, Province de Québec (au Canada) ;
- Etudiants membres de la famille (fils ou filles) d’un résident de l’un de ces Etats ;
- Les inscrits en Classe préparatoire aux Grandes écoles ;
- Les étudiants en doctorat ;
- Les étudiants préparant une habilitation à diriger des recherches ;
- Les détenteurs d’une carte de séjour de longue durée en France (10 ans minimum) ;
- Etudiants domiciliés fiscalement en France depuis plus de deux ans ;
- Étudiant inscrit sans interruption dans l’Enseignement supérieur français depuis 2018 ;
- Etudiants bénéficiaires d’une bourse du Gouvernement Français (BGF) ou d’une bourse d’Ambassade.
Certaines conditions donnent même droit à une exemption totale de frais :
- Etudiants en programme d’échange ;
- Bénéficiaires de l’asile, de la protection subsidiaire ou apatrides.
Ainsi, parmi les 319 900 étudiants étrangers en France pour l’année scolaire 2024/2025, seuls 137 800 se trouvent éligibles au paiement plein des frais différenciés.
Des exemptions supplémentaires à ce paiement sont prévues par les écoles et contribuent encore à faire baisser considérablement ce nombre. En effet, pour l’année scolaire 2024/2025, de nombreuses universités exemptent totalement leurs étudiants étrangers de frais différenciés (ramenant donc leur paiement au niveau standard de 170€ en licence et 243€ en master) – citons notamment77 :
- Sorbonne Paris Nord ;
- Université de Poitiers ;
- Université de Montpellier ;
- Université d’Angers ;
- Université de Bourgogne ;
- Université de Corse ;
- Université de Franche Comté.
Selon les informations consolidées par l’agence de presse éducative AEF Info en 202378, 42 universités françaises exemptent l’intégralité de leurs élèves étrangers de paiement de droits différenciés, soit 57% d’entre elles tandis que 16 autres proposent des exemptions sur critères. En tout, ce sont donc 79% des universités françaises qui permettent de contourner le dispositif.
Par exemple : l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « appliquera pour l’année universitaire 2025-2026 les mêmes droits d’inscription aux étudiantes et étudiants français et étrangers, qu’ils soient d’origine intra ou extra-européenne »79.
Certaines universités délivrent des exemptions partielles concernant des cursus spécifiques ou des conditions diverses. Il en est ainsi de l’Université Paris Sorbonne, qui exempte des frais différenciés les élèves inscrits en licence l’année précédente et passant dans l’année supérieure, tous ceux s’inscrivant en master et même, sous conditions, les étudiants redoublants80.
L’université de Strasbourg, quant à elle exempte de paiement des frais différenciés l’ensemble des étudiants étrangers inscrits en premier cycle (licence), et ceux inscrits en second cycle (master) qui ont déjà été précédemment inscrits à l’Université de Strasbourg. Dans la mesure ou le droit commun exempte de paiement différencié les étudiants en doctorat, pratiquement aucun étudiant étranger ne paie de frais différenciés à l’université de Strasbourg.
Ces quelques situations sont exemplaires d’une réalité plus large qui aboutit à ce que, pour l’année 2024/2025, seuls 9600 étudiants sur les 108 100 potentiellement concernés – inscrits au sein d’établissements relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, n’étant pas ressortissants d’un pays de l’UE, etc81 – paient réellement le tarif annoncé des frais différenciés, soit moins de 10% de l’ensemble82
Le système des frais différenciés se trouve ainsi entièrement vidé de sa substance et de son rôle d’équilibrage des finances des universités, malgré sa légitimité consistant à faire payer une part du coût réel de leur scolarité aux étudiants qui ne sont pas français ou européens, et dont la famille n’a pas cotisé afin de supporter les coûts de l’enseignement supérieur. Moins de 10% des étudiants internationaux au sein du périmètre d’application – déjà restreint – des droits différenciés inscrits en licence en paient le plein tarif83.
La Cour des comptes affirme que le paiement des droits différenciés est « estimé en moyenne à 15 M€ par an, représentent moins de 0,1 % de la dépense intérieure d’enseignement supérieur de l’État […] En l’absence de possibilité d’exonération, le produit maximal de ces droits pourrait atteindre 334 M€ »84.
Cette politique qui entendait apporter un équilibre budgétaire partiel est rendue, de fait, totalement inopérante.
3 – Les « effets de bord » de cette politique : dispersion des moyens, ingérences extérieures et stratégies de maintien sur le territoire
3.1 Une allocation des moyens défavorable aux étudiants français
La part d’étudiants étrangers au sein des établissements français constitue, nous l’avons vu, un coût majeur pour les structures d’enseignement comme pour toutes les structures de support du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (bourses, CROUS, logement …). Les moyens alloués – qui, en l’état et au vu de leurs résultats, engendrent un faible gain académique – peuvent engendrer un « manque à gagner » au détriment des étudiants français.
Si les universités se plaignent d’un manque de moyens de l’ordre de « 240 millions d’euros » par an (ici, le président de France Université)85 pour assurer correctement leurs missions, se pose la question des 1,629 milliard d’euros86 que coûtent annuellement les formations suivies par les étudiants internationaux dans l’enseignement supérieur public – sans décompter ici les autres coûts associés, évoqués plus haut dans la présente étude.
De la même manière, la précarité étudiante – enjeu majeur pour plus du quart des étudiants87 – pourrait partiellement être résolue en usant des 227 millions d’euros annuels des APL et des 194 millions d’euros de bourses sur critères sociaux du CROUS versés annuellement à destination des étudiants internationaux en France.
Une partie de ces 420 millions d’euros annuels, destinés à des personnes dont la famille ne contribue pas au financement de l’enseignement supérieur par la fiscalité, pourrait constituer une solution à ces problèmes. Ils représenteraient, s’ils étaient utilisés intégralement à cette fin, environ 900 € de plus par an et par étudiant boursier88.
Les logements en CROUS, eux aussi, sont largement occupés par des étudiants étrangers, posant une nouvelle fois la question de l’allocation des ressources en faveur de ceux dont la famille a contribué au financement de ce système d’aides. Plus du tiers (34%) des places au sein des résidences du CROUS89 sont occupées par des étudiants étrangers, alors que ceux-ci comptent seulement pour 14% des étudiants dans l’enseignement supérieur – et que beaucoup d’étudiants français peinent à se loger90.
De la même manière, les aides d’urgence du CROUS, faute d’un plafond de ressources suffisamment relevé et d’un véritable contrôle des moyens financiers des arrivants, bénéficient essentiellement aux étudiants étrangers. Depuis l’année scolaire 2021, 60% du total de ces aides leur est ainsi alloué91, un besoin est souvent lié « à des ressources initiales insuffisantes ».
En outre, les universités leurs permettent de bénéficier d’aides ponctuelles prises sur leurs budgets propres. À titre d’exemple : Sorbonne Université a alloué 648 000€ de son budget 2022-2023 à des aides aux étudiants étrangers, souvent pour des questions de logement92.
De tels constats invitent à reconsidérer le montant minimum requis par notre droit pour attester des « moyens d’existence suffisants » des étudiants étrangers, ainsi qu’à instaurer l’obligation préalable de prouver avoir obtenu un logement avant de pénétrer sur le territoire. Avec un seuil mensuel de ressources relevé à seulement 750€ par mois (au lieu de 615 € aujourd’hui), la Cour des comptes estime que 40% des demandes de visas se trouveraient écartées, ainsi que 60% des demandes renouvellement de titres de séjour93.
Par ailleurs, la venue massive d’étudiants étrangers au sein de certaines filières peu attractives car à faibles débouchés, qui ne parviennent plus à recruter suffisamment d’étudiants français permettrait, d’après la Cour des comptes, de justifier superficiellement la perpétuation de leur existence : « le risque de maintien de formations à faible insertion professionnelle, ne parvenant plus à recruter d’étudiants que par la voie des candidatures d’étudiants internationaux, mérite un suivi périodique au sein des établissements et un examen du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur lors de l’évaluation des formations »94, indique ainsi son rapport de mars 2025 à ce sujet.
Ce maintien de formations, parfois quasi-intégralement remplies d’étudiants étrangers95 induit inévitablement des coûts importants pour l’université et des bénéfices négligeables dans la mesure où « l’insertion professionnelle élevée des diplômés et leur adéquation aux besoins des entreprises du territoire »96 ne sont pas des critères de leur maintien.
| Le risque d’un effet d’éviction dans certaines écoles : l’exemple de Sciences Po Outre la question de la répartition des crédits alloués aux établissements d’enseignement supérieur, certaines écoles, pourtant amplement financées par des fonds publics, réservent une part considérable de leurs places aux étudiants étrangers Sciences Po Paris, école en grande partie financée par des fonds publics (quoique moins que les universités en proportion de son budget)97, réserve ainsi 50% de ses places à des étudiants internationaux98. La question peut être posée de la justesse de ce choix au vu de la nature des financements et de leur origine – les résidents fiscaux français. S’il est évident que le prestige et la vitalité d’un système d’enseignement supérieur et de recherche peuvent tirer le plus grand profit de la venue d’étudiants étrangers dument sélectionnés, le fait que ceux-ci puissent représenter à eux seuls 50% des effectifs d’un établissement pose question. Cela induit une éviction de fait à l’endroit des contributeurs à son financement, qui souhaiteraient s’y inscrire et en remplissent les conditions. |
3.2 Les risques d’ingérence étrangères : le cas chinois
La venue d’étudiants étrangers peut, dans un certain nombre de cas, leur permettre de se confronter à des données relevant du secret industriel – dans le cas de stages ou de laboratoires de recherches notamment – qui peuvent, par la suite, être exploitées par des puissances étrangères. Un rapport du Sénat souligne à ce titre que :
« Les méthodes du Parti communiste chinois à cet égard sont proches de celles qu’utilisaient des régimes communistes au temps de la guerre froide. Le développement des moyens de renseignement et des technologies de l’information lui donne toutefois une portée particulièrement importante, et qui représente un véritable risque pour l’intégrité de la recherche française et de notre souveraineté nationale. Il a été rapporté en ce sens devant la mission que les moyens mis en œuvre par la Chine dans le renseignement relatif au monde académique sont hors commune mesure par rapport aux autres pays. »99
Plusieurs exemples d’espionnage mené par des étudiants chinois sont ainsi documentés, notamment celui d’une doctorante chinoise accusée « d’avoir dérobé des informations sensibles dans un laboratoire de recherches à Metz »100. Il en va de même pour une étudiante ayant profité d’un stage chez l’équipementier Valéo pour y réaliser des copies de données confidentielles. Elle a, pour cela, été condamnée à une peine de douze mois de prison dont dix de sursis par le tribunal correctionnel de Versailles en 2008101.
La Chine a été le 3ème pays d’origine des bénéficiaires d’un premier titre de séjour pour motif « étudiant » en 2023, derrière le Maroc et l’Algérie102.
3.3 L’insertion sur le marché de l’emploi
Une fois les études terminées – pour ceux qui réussissent à obtenir un diplôme – , se pose inévitablement la question de l’accès au marché de l’emploi. Dans ce cadre, plusieurs possibilités s’offrent aux étudiants étrangers ayant suivi leurs études en France. Soit ils parviennent à trouver un emploi en France et à y entamer leur carrière (ce qui peut être bénéfique pour le pays au vu de l’investissement réalisé pour leurs études) soit ils peuvent retourner dans leur pays ou un autre, voir même rester en France sans travailler.
Afin de faire valoir leur diplôme dans le monde du travail, les étudiants étrangers titulaires d’une licence professionnelle, d’un master ou d’un doctorat obtenu en France et souhaitant demeurer en France peuvent passer un an sur le territoire national pour rechercher un emploi,103 via la demande d’une carte de séjour « recherche d’emploi / création d’entreprise ».
Les ressortissants de certains pays tels que le Bénin ou le Burkina-Faso ont le droit, en vertu d’accords bilatéraux, de demeurer deux ans sur le territoire en recherche d’emploi104.
Si ces facilités peuvent offrir les conditions d’une bonne insertion des étrangers sur le marché du travail, elles occasionnent également un droit de séjour pour des personnes inactives.
L’obtention d’un emploi, s’il est rémunéré plus de 27 02€ bruts mensuels105 (le salaire moyen d’un employé du secteur privé étant de 2 730€ nets106) et est en lien avec leurs études, permet aux diplômés étrangers d’accéder à un titre de séjour « salarié ou travailleur temporaire ».
Ce dispositif est censé permettre de ne conserver sur le territoire, avec des titres de travailleurs, que des personnes ayant trouvé un emploi à la hauteur de leurs études. Cependant, il est également accessible aux étudiants décrochant un emploi, caractérisé par des difficultés de recrutement, figurant dans la liste des métiers en tension107.
Si ces dispositifs peuvent offrir les conditions d’une bonne insertion des étrangers sur le marché du travail, elles occasionnent également un droit de séjour pour des personnes inactives sur le territoire.
Malheureusement, les informations relatives aux carrières des étudiants sont très parcellaires et ne permettent pas de savoir s’ils viennent combler des manques réels du marché de l’emploi ou s’ils occupent des métiers sans tension majeure. S’il est indéniable que des réussites individuelles existent et profitent à notre économie, il demeure difficile de les quantifier.
De la même manière, les données précises (poste, type de contrat…) concernant les étudiants rentrés dans leurs pays d’origine demeurent inconnues et, par ailleurs, leur réussite ou non sur place pose toujours la question du coût qu’ils ont représenté durant leurs études en France et du retour sur investissement induit s’ils n’y demeurent pas.
La France forme ainsi de très nombreux étudiants étrangers sans garantie de la qualité de leur cursus et sans garantie que ceux connaissant la réussite ne demeureront sur place pour que la pays puisse en bénéficier.
Concernant la recherche, les détenteurs étrangers d’un doctorat obtenu en France connaissent une insertion professionnelle quasi-équivalente à celle de leurs homologues Français108. Parmi les 53% d’entre eux qui travaillent en France trois ans après l’obtention de leur doctorat (contre 82% pour les Français), 70% ont un emploi stable (contre 77% pour les Français). 97% des emplois de ces docteurs de nationalité étrangère relèvent d’un statut de cadre.
Il est patent que leur insertion, quoique légèrement moindre que celle des Français, demeure bonne. Elle pose en revanche la question de l’octroi d’une coûteuse formation doctorale aux 47% ayant quitté le pays dans les trois ans après leur thèse. Si leur contribution académique a son importance, il serait utile de bénéficier également de leur implication professionnelle.
De manière générale, les immigrés arrivés en France aux fins d’études et demeurant au moins cinq ans dans le pays connaissent des taux d’emploi et de déclassement – le fait d’occuper un emploi « inférieur » à son niveau de diplôme – meilleurs que les autres immigrés, et même légèrement meilleur que les natifs109. Cependant, ces calculs ne se fondent que sur les immigrés venus étudier en France et y demeurant ensuite au moins cinq ans ; ainsi, les chiffres présentent un biais induisant une surreprésentation des intégrations réussies sur le marché de l’emploi. Un rapport de Campus France souligne que « le taux de rétention des étudiants cinq ans après leur diplôme était de 43% sur la cohorte diplômée en 2015 »110
D’autres données de France Stratégie – à considérer avec prudence car elles sont anciennes (sur les années 2009 / 2011) – témoignent d’un taux d’inactivité constaté chez les diplômés étrangers ayant suivi leurs études en France plus faible que celui des immigrés ayant suivi leur scolarité ailleurs (environ 12% contre 27%)111. Il reste beaucoup plus élevé que celui des diplômés français (6%, soit un rapport du simple au double).
3.4 Qui sont « ceux qui restent » ? De très forts écarts selon le pays d’origine
L’analyse de la trajectoire des étrangers extra-européens ayant obtenu un premier titre de séjour pour motif « étudiant » en 2015, permise par la mise en ligne de données issues de la Direction générale des étrangers en France (DGEF), donne une idée de la grande hétérogénéité des parcours migratoires selon le pays d’origine des étudiants en question.
Huit années après avoir entamé leurs études en France (en 2023), 68,5% de ces étrangers n’ont plus de titre de séjour en cours de validité – soit qu’ils ont quitté le territoire, qu’ils y demeurent clandestinement ou qu’ils ont acquis la nationalité française. Les 31,5% qui possèdent toujours un titre valide relèvent de motifs répartis comme suit112 :
- 17,4% ont des titres à motif économique (de travail) ;
- 9,8% ont des titres familiaux ;
- 2,8% sont encore étudiants ;
- 1,5% ont d’autres titres.
Ce qui signifie que 55% de ceux qui possèdent encore un titre de séjour l’ont pour un motif économique et 31% pour un motif familial.

Source : « Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine », Direction générale des étrangers en France (2025)
NB : « sortie » signifie sortie des bases administratives AGDREF qui concernent les titres de séjour, ce qui n’équivaut pas forcément à une sortie du territoire français
Les étudiants issus de certaines nationalités, notamment celles dont la France accueille une forte diaspora, sont très représentés parmi ceux qui restent sur le territoire. Il en va ainsi des ressortissants algériens : 8 ans après leur arrivée pour motif étudiant, 61% des Algériens disposent encore d’un titre de séjour en France – dont les deux tiers pour motif familial. On peut ici discerner un effet fort de l’accord franco-algérien de 1968, qui prévoit notamment des dispositions dérogatoires spécialement favorables en matière d’immigration familiale113.
Lorsqu’ils se maintiennent sur le territoire avec un titre de séjour, les ressortissants des divers pays de l’immigration étudiante le font sur la base de motifs très différents. Ainsi, moins d’un quart (22%) des Libanais détiennent toujours un titre 8 ans après le début de leurs études en France114 ; mais parmi eux, plus des deux tiers restent pour un motif économique (de travail).
Les étudiants asiatiques, dont les résultats académiques en France sont supérieurs à la moyenne des étudiants étrangers115, ont tendance à quitter le pays dès leurs études terminées. Il en est ainsi des Sud-Coréens, qui sont moins de 25% à rester en France trois ans après leur arrivée pour études, et moins de 10% huit ans après cette arrivée (six fois moins que parmi les Algériens). Même genre de constat pour les ressortissants chinois : seuls 14% d’entre eux ont toujours un titre de séjour huit ans après le début de leurs études en France116.

Par ailleurs, il est à noter que les étrangers ayant étudié en France disposent de facilités dans le cadre des demandes de naturalisation : toute personne ayant validé deux années d’études en France (pas nécessairement un diplôme) peut voir son temps de résidence minimal pour déposer un dossier abaissé à 2 ans, au lieu de 5, et ainsi obtenir plus rapidement la nationalité117.
Attendu que les deux années ne sont soumises à aucun critère de niveau de la formation suivie, il apparaît discutable qu’ils constituent nécessairement des atouts académiques et économiques majeurs pour le pays. Il apparaît donc que les chiffres relatifs aux étudiants étrangers restant sur le territoire sont nécessairement biaisés par le nombre de ces naturalisations simplifiées.
3.5 La double dépense des aides au développement
La défense de l’accueil inconditionnel des étudiants étrangers est parfois liée à des considérations d’ordre humanitaire ou développementaliste, cherchant à y voir une forme d’aide apportée à des pays plus en difficulté et à leurs habitants.
Cependant, il est à noter que lesdits pays connaissent souvent d’importants transferts financiers de la part de la France afin d’améliorer leurs propres systèmes éducatifs.
Ainsi, les deux principaux pays d’origine des étudiants étrangers en France, que sont l’Algérie et la Maroc, perçoivent annuellement des aides au développement françaises dans le domaine de l’« éducation », de l’ordre de 130 millions d’euros pour l’Algérie et 184,7 millions pour le Maroc en 2023. Le total des fonds alloués à ces pays pour la période des six années comprises entre 2018 et 2023 se monte à 990 millions € pour le Maroc et 688 millions € pour l’Algérie118.
Dans ce cadre, la justification de l’accueil d’étudiants selon un motif d’aide internationale au développement apparaît clairement redondante.
3.6 Comparaisons internationales
3.6.1 Généralités
Les politiques d’accueil des étudiants étrangers diffèrent grandement suivant les pays. À ce titre, il est intéressant de comparer la position française avec celle de plusieurs pays développés dotés d’un système universitaire attrayant.
La composition géographique des étudiants entrants varie de façon forte entre les pays d’accueil, et il est flagrant que celle constatée en France est assez éloignée de celle de l’OCDE en général. Alors que le premier pays d’origine des étudiants étrangers dans l’OCDE est la Chine et le second l’Inde119, la France accueille principalement des étrangers marocains et algériens.
Cette disparité est plus flagrante encore en constatant que le pays le plus reçu en France, le Maroc, se classe seulement 15e parmi les pays les plus reçus au sein de l’OCDE.
De la même manière, la France est le seul pays de l’OCDE dont la part d’étudiants étrangers originaires du continent africain approche les 50%. Ainsi, « un étudiant sur trois originaire d’un pays africain et étudiant dans un pays de l’OCDE étudiait en France » en 2020120.
De la même manière que les pays d’origine en France diffèrent de ceux constatés au sein de l’OCDE, les niveaux d’inscriptions des étudiants y sont différents. « En moyenne dans les pays de l’OCDE, les étudiants internationaux représentaient 5 % des étudiants inscrits en licence, 14 % des étudiants inscrits en master et 24 % des doctorants au cours de l’année universitaire 2020 »121 là où ils représentaient en France 9,1% des étudiants en licence, 15,7% en master et 39,5% des doctorants122. Non seulement la France accueille proportionnellement plus d’immigrés que les pays membres de l’OCDE, mais encore, elle accueille une proportion d’étudiants en licence près de deux fois supérieure à la moyenne de l’OCDE.
Ainsi, le système français offre à des personnes massivement issues de pays au système scolaire plus faible que le sien des études pratiquement gratuites qui se solderont par un nombre considérable d’échecs aux frais des contribuables résidant en France.
À l’inverse, nombre de pays cherchent soit à attirer des élèves au niveau élevé qui apporteront à leurs établissements innovation et prestige, soit à attirer des élèves susceptibles de contribuer au financement de leur système.
3.6.2 Les frais et modalités
Là où la France (dans les universités publiques) ne pratique que très rarement des frais différenciés, la majeure partie des pays de l’OCDE surfacture les étudiants étrangers. Par exemple, « l’Australie, le Canada et Israël appliquent des frais différenciés pour les étudiants nationaux et étrangers. En Israël, les frais d’inscription moyens facturés par les établissements publics aux étudiants internationaux en licence sont plus de trois fois supérieurs aux frais facturés aux étudiants nationaux. »123.
| Le système canadien pour les étudiants internationaux Le Canada accueille annuellement 468 087 étudiants étrangers124, soit 21,2% du nombre total des étudiants dans le pays, un chiffre en constante augmentation. Alors que les étudiants canadiens paient en moyenne 6800$ canadiens125 en premier cycle, les étudiants étrangers doivent s’acquitter de frais moyens de 36 100 $ canadiens (23 000€) en premier cycle d’études supérieures et de 21 100 (13 450€) en second cycle126. Les coûts différenciés suivant les grades universitaires préparés peuvent avoir pour effet d’attirer majoritairement des personnes ayant déjà fait leurs preuves dans le monde académique et venant recevoir une formation de relativement haut niveau. Par ailleurs, il leur faut être inscrit au sein d’un établissement approuvé par le gouvernement pour l’accueil d’étudiants étrangers127, ce qui permet d’éviter la création de « fausses écoles » devenant des voies migratoires. La preuve d’une capacité à mobiliser au moins 13 000€ par année est également demandée, en plus des frais de scolarité afin de s’assurer que l’étudiant puisse subvenir à ses besoins. |
Conclusion
L’ensemble de cette étude nous conduit à conclure que le système français d’accueil des étudiants étrangers est amplement marqué par un contrôle faible des admissions comme des renouvellements des visas et des titres de séjour, ainsi qu’une surreprésentation des étudiants originaires d’Afrique (en proportion unique dans l’OCDE), un fort taux d’échec académique et un coût net important pour les finances publiques.
D’une politique sans direction claire, uniquement guidée par une perspective quantitative, résulte un accueil indifférencié de personnes à fort potentiel et de personnes en situation d’échec académique, suivant des parcours à faible valeur ajoutée pour le système universitaire français et les ambitions économiques du pays d’accueil. La France se trouve accueillir des étudiants largement en échec, majoritairement financés par les derniers publics et sans aucune certitude de « retour sur investissement » concernant ceux qui réussissent.
Ainsi, nous pouvons voir que l’immigration étudiante est aujourd’hui, malgré ce qui peut en être dit, une filière migratoire largement « subie », permettant à des personnes de suivre plusieurs années dans l’enseignement supérieur public, sans contribuer à son financement, et à y échouer en grand nombre. Cependant, cette situation n’est pas une fatalité : les pouvoirs publics ont encore la main sur cette voie d’entrée sur le territoire et ne sont pas liés par des traités supranationaux ou des jurisprudences lourdement contraignantes, au contraire de nombreuses autres voies d’immigration – celle pour motifs familiaux, celle du droit d’asile…
En l’état, il semble raisonnable de dire que le système de l’immigration étudiante en France n’est pas façonné pour apporter au pays de bénéfices ni financiers, ni académiques. Il est donc urgent de le réformer – car il est indéniable qu’une immigration étudiante choisie, bien orientée et d’un bon niveau peut apporter beaucoup au pays, à ses universités et au monde.
Synthèse des recommandations
- Remplacer, dans l’article L422-1 du CESEDA, la formule « se voit délivrer une carte de séjour » par « peut se voir délivrer une carte de séjour », afin de laisser la main au ministère de l’Intérieur quant à l’attribution des titres de séjour pour motif étudiant, et de mettre un terme au « droit opposable » créé par la forme actuelle dudit article.
- Mettre en œuvre une politique de choix n’accordant des places qu’aux étudiants :
- Se destinant à des études correspondant à des domaines connaissant une pénurie d’effectifs qualifiés en France (ingénierie, médecine, etc) ;
- Ou à des études d’un niveau académique particulièrement élevé : grandes écoles sur condition de concours, doctorat, sur conditions d’excellence dans leur pays et d’acceptation par l’université – selon les mêmes critères que l’obtention d’un financement pour un étudiant français ;
- Faire payer le coût plein de leurs études (sans possibilité d’aides publiques) ou refuser l’admission aux étudiants ne correspondant pas à ces critères.
- Supprimer la voie d’accès à un visa ou un titre de séjour étudiant sur présentation d’une admission délivrée hors-procédure, obtenue directement auprès d’établissements non répertoriés sur la plateforme « Études en France ».
- Restreindre l’obtention des visas étudiants à une liste d’écoles et de cursus déterminés par arrêté, en fonction de leur excellence reconnue et des besoins économiques.
- Privilégier les échanges à destination d’étudiants déjà en étude dans leur pays et dont les établissements disposent de partenariats avec des établissements français.
- Supprimer le titre de séjour pour motif étudiant ou ne pas le renouveler dans les cas suivants, afin d’éviter les phénomènes de maintien d’opportunité sur le territoire et de ne pas faire peser les coûts d’une scolarité en échec sur l’ensemble du système :
- Manque d’assiduité aux travaux dirigés et aux examens ;
- Non-obtention d’une année d’études – sauf motif exceptionnel justifié.
- Rehausser le montant minimum de ressources mensuelles exigés pour attester que l’étudiant étranger est en mesure de subvenir à ses propres besoins : le passer de 615 € à 750 € au moins – dans un premier temps.
- Exiger la preuve préalable de l’obtention d’un logement par l’étudiant étranger avant d’autoriser son entrée sur le territoire français.
- Limiter fortement, par la loi, la possibilité pour les universités d’exempter les étudiants extra-communautaires du paiement des droits d’admission différenciés, sous peine de sanction administrative
- Campus France “Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde”, Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.35 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.34 (incluant 10 772 apprentis étrangers en section de technicien supérieur) ↩︎
- Ibid. p.34 ↩︎
- Ibid. p.34 (pour tout le paragraphe) ↩︎
- Voir les sites des universités Sorbonne Nouvelle et Aix-Marseille (Lien 1) & (Lien 2) ↩︎
- (Lien) consulté le 07/07/2025 ↩︎
- Voir partie II. e. ↩︎
- Communiqué de presse de France Université du 2 décembre 2024 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », Cour des Comptes, p.114 (Lien) ↩︎
- Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, Article L422-1 (Lien) ↩︎
- Dispositions qui souffrent plusieurs exceptions ↩︎
- Campus France “Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde”, Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p. 34 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.34 ↩︎
- Voir partie II. a ↩︎
- Ibid. p.42 ↩︎
- Ibid. p.39 ↩︎
- Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origines, Info Migration, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur, numéro 120, Juin 2025, p.2 (Lien) ↩︎
- Ibid, p.2. ↩︎
- Ibid, p.3. ↩︎
- Ibid, p.3. ↩︎
- Campus France, « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, mai 2025 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Campus France “Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde”, Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.38 (Lien) ↩︎
- « L’essentiel sur…les immigrés et les étrangers », Insee, 22/05/2025 (Lien) ↩︎
- N. Charles, C. Jolly, Rapport ”Etudiants étrangers et marché du travail”, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, Novembre 2013, p.50 (Lien) ↩︎
- Voir partie I. d. ↩︎
- Campus France « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.44 (Lien) – Chiffres parmi les inscrits à l’université, seul type d’établissement pour lequel la ventilation par niveau est disponible. ↩︎
- « Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche », Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (MESER), 2024, p.239 (Lien) ↩︎
- Campus France « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.45 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.45 ↩︎
- « État de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en France », Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (Lien) ↩︎
- Campus France « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.48 (Lien) ↩︎
- « Les étudiants étrangers en mobilité internationale dans l’enseignement supérieur français – 2023-2024 », L’essentiel de l’Immigration n°2024-118, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur Octobre 2024 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- E. Terrier et R. Séchet, « Les étudiants étrangers : entre difficultés de la mesure et mesures restrictives. Une application à la Bretagne », Norois, 203, 2007, P.41. (Lien) ↩︎
- « Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche », La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, 2024, p.241 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Rapport public thématique, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », Cour des Comptes (Lien) ↩︎
- Voir partie II. b ↩︎
- Partie I. c. ↩︎
- « L’accès aux soins se dégrade dans les zones rurales », INSEE Pays de la Loire (Lien) ↩︎
- ”Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche”, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, 2024 (Lien) p.241 ↩︎
- (Lien), mai 2025 ↩︎
- (Lien), p.239 ↩︎
- (Lien), mai 2025 ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », p.124 (Lien) ↩︎
- Informations du SIES, note d’information 20.10 « Parcours et réussite des étudiants étrangers en mobilité internationale », Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (Lien) – tous les taux d’échec sont issus de ce document et se rapportent à l’année scolaire 2018/2019, seule pour laquelle les données en question sont trouvables ↩︎
- Campus France « Les bourses du gouvernement français pour les étudiants étrangers », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale (Lien) ↩︎
- « Les titres de séjours », L’essentiel de l’Immigration n°2025-128, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur, Juin 2025 (Lien) ↩︎
- « « Bienvenue en France »: la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 08/04/2029 (Lien) ↩︎
- « « Bienvenue en France »: la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 08/04/2029 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, Article L422-1 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, “ L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères”, 2023, p.58 (Lien) ↩︎
- « Une école de commerce accusée de laisser entrer des étudiants étrangers illégalement sur le territoire », Le Figaro, 11/28/23 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Rapport d’information déposé par la commission des affaires culturelles et de l’éducation, n° 2458, 16e législature, Assemblée Nationale, 10 avril 2024 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p.106 (Lien) ↩︎
- Ibid. p. 106 ↩︎
- P. Hermelin, Propositions pour une amélioration de la délivrance des visas, Rapport d‘avril 2023, p.18 (Lien) ↩︎
- Circulaire IMII0800042C du 7 octobre 2008 Étudiants étrangers – ”Appréciation du caractère réel et sérieux des études”, du ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire et de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Rapport public thématique, Cour des Comptes, « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères », p.59 (Lien) ↩︎
- Voir partie I. e. ↩︎
- Rapport public thématique, Cour des Comptes, « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères », p.59 (Lien) ↩︎
- L’immigration des étudiants étrangers en France, Réseau européen des migrations, Ministère de l’intérieur, 2012 (Lien) ↩︎
- Partie II. a. ↩︎
- Rapport public thématique, Cour des Comptes, « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères », p.59 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p.130 (Lien) ↩︎
- Voir les sites des universités Sorbonne Nouvelle et Aix-Marseille : (Lien 1) & (Lien 2) ↩︎
- Campus France, ”Droits différenciés”, 9/10/2024 (Lien) ↩︎
- A. Miallier, ”Droits différenciés : seules 13 universités les appliquent complètement”, AEF, 3/04/2 (Lien) ↩︎
- Site de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, « Étudiant(e) en mobilité individuelle » (consulté le 02/08/2025) (Lien) ↩︎
- Campus France, ”Droits différenciés”, 9/10/2024 (Lien) ↩︎
- Voir exemptions prévues dans le droit commun ↩︎
- « Droits différenciés : profil des étudiants internationaux concernés en 2023-2024 », Note-flash du SIES n°2, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Février 2025 (Lien) ↩︎
- « Droits différenciés : profil des étudiants internationaux concernés en 2023-2024 », Note-flash du SIES n°2, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Février 2025 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025 (Lien) ↩︎
- « On a une dépense supplémentaire forcée d’environ 500 millions d’euros » : les universités inquiètes de la baisse attendue des dotations”, Le Parisien, 29 janvier 2025 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025 p.119 – les coûts évoqués ensuite proviennent tous du même rapport 2025 (Lien) ↩︎
- Rapport « Précarité étudiante Des arbitrages au quotidien pour les jeunes », Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, Anne-Cécile CASEAU, avril 2025, p.7 (Lien) ↩︎
- « Les boursiers sur critères sociaux en 2023-2024 », Note-flash du SIES n°24, Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Septembre 2024 – Hors échelon 0bis, soit 467 323 personnes. Évaluation a minima du montant car il est probable que les étrangers boursiers soient compris dans le chiffre (Lien) ↩︎
- Rapport d’information n°1527 déposé par la commission des affaires étrangères valant avis sur le projet de contrat d’objectifs et de performance de Campus France pour 2023-2025, M. Bruno FUCHS et Mme. Sabrina SEBAIHI, Assemblée nationale, 2023 (Lien) ↩︎
- Rapport d’information n° 4817 sur « sur le logement et la précarité des étudiants, des apprentis et des jeunes actifs », David CORCEIRO et Richard LIOGER, Assemblée nationale, 2021 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p. 127 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. p.130 ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.105 ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Observations définitives, « La situation et les perspectives financières de Sciences Po », Cour des Comptes, 2025 (Lien) ↩︎
- Site de Sciences Po, « Sciences Po en un coup d’œil » (Lien) ↩︎
- Rapport d’information au nom de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences, A. GATTOLIN, 29 septembre 2021 (Lien) ↩︎
- R. ADAMS, ”L’offensive cognitive chinoise dans les universités”, EGE, 20 novembre 2023 (Lien) ↩︎
- (Lien) ↩︎
- « Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine », Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’intérieur (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.185 (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.185 (Lien) ↩︎
- « Comment travailler en France après ses études », République française (Lien) ↩︎
- « L’essentiel sur… les salaires », Insee, 17/12/2024 (Lien) ↩︎
- (Lien) ↩︎
- « Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche », La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, 2024, p.292 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p.124 (Lien) ↩︎
- Brèves #13 – CAMPUS FRANCE ↩︎
- N. Charles, C. Jolly, Rapport ”Étudiants étrangers et marché du travail”, Commissariat général à la stratégie et à la prospective du Premier ministre, Novembre 2013, p.48 (Lien) ↩︎
- « Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine », Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’intérieur (Lien) ↩︎
- Voir étude OID « L’immigration des Algériens », juin 2025 (Lien) ↩︎
- ”Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine”, Info Migration, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur, numéro 120, Juin 2025 (Lien) – l’ensemble des chiffres sur les étudiants demeurant sur le territoire de ce paragraphe proviennent de cette source. Le fait qu’ils soient exprimés en ordres de grandeur résulte de l’imprécision des graphiques présentés par la DGEF et de l’absence de publication des données détaillées. ↩︎
- Voir partie I.e. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Comment devient-on citoyen français, Vie Publique, République Française (Lien) ↩︎
- ”Les chiffres de l’aide publique au développement, Répartition géographique”, République française (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.135 (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.148 (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.137 (Lien) ↩︎
- Informations du SIES, note d’information 20.10 « Parcours et réussite des étudiants étrangers en mobilité internationale », Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.173 (Lien) ↩︎
- ”Effectifs et diplômés postsecondaires au Canada, 2022-2023”, Le Quotidien, 20 novembre 2024 ↩︎
- (Lien) ↩︎
- « Frais d’études pour les étudiants internationaux au Canada », EduCanada (Lien) ↩︎
- « Permis d’études et visas », EduCanada (Lien) ↩︎
Introduction
Chaque année universitaire, le nombre d’étudiants étrangers au sein du système d’études supérieures français va croissant. Il a ainsi connu une progression de 17% entre l’année scolaire 2018/2019 et 2023/20241 – une hausse supérieure à celle du nombre d’étudiants français.
Avec 419 694 étudiants2 étrangers sur son territoire en 2024, la France – et son système d’éducation supérieure – fait figure de pôle d’attraction majeur. Notre pays est le septième au monde en nombre d’étudiants étrangers accueillis.3
Cette immigration étudiante recouvre des réalités contrastées en matière de durée de séjour, de diplômes préparés, de situation des personnes et même de taux de réussite.
Deux grands cas de figure sont à distinguer parmi les étudiants étrangers :
- 99 821 d’entre eux résidaient déjà en France avant leurs études ;
- 319 8734 autres sont « en mobilité », c’est-à-dire venus spécialement suivre des études en France. Parmi ceux-ci :
- 92% sont en « mobilité diplômante » : il s’agit d’étrangers venant en France suivre intégralement un cursus sanctionné par l’obtention d’un diplôme Français ;
- 8% sont en « mobilité d’échange » : ils ont une université dans un autre pays, qui leur permet de passer un certain temps en France (souvent un semestre ou une année).
Depuis 2019, les étudiants étrangers extra-communautaires doivent – dans certains cas et en théorie – s’acquitter de droits d’inscription différenciés, à hauteur de 2 895 € pour une année de licence et de 3 941 € pour une année de master en 2025/20265. Cette somme ne couvre en réalité pas l’intégralité du coût de leur scolarité, estimée en moyenne à 11 530€ annuels (chiffres 2019)6, et les exemptions à ce système sont extrêmement nombreuses7.
Dans un système universitaire exsangue, du propre aveu de France Université8, l’allocation de telles ressources à des étudiants étrangers et le « coût net de 1 milliard d’euros »9 constaté par la Cour des comptes dans son rapport de mars 2025 devraient a minima être justifiés par des retours probants.
Outre ses coûts financiers, l’immigration étudiante est devenue, par la création de l’article L422 – 110 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, une sorte de « droit opposable » pour toute personne admise dans un établissement français d’enseignement et disposant de ressources théoriquement suffisantes pour subvenir à ses besoins11.
Ainsi, la question proprement migratoire induite par cette présence mérite d’être regardée avec la plus grande attention. En effet : en ne dépendant pas du ministère de l’Intérieur qui n’a pour rôle que l’enregistrement des arrivées et la dispense des visas et de titres de séjour, elle ne s’inscrit pas pleinement dans une politique migratoire qui se voudrait volontaire et maîtrisée.
L’argument – souvent invoqué dans le débat public – selon lequel l’immigration étudiante serait largement bénéfique au pays mérite donc d’être analysé à l’aune des faits.
1 – Une forte hausse des effectifs, portée par les étudiants africains et les inscriptions de 1er cycle
1.1 Une hausse continue du nombre d’étudiants d’étrangers
Du fait d’objectifs essentiellement quantitatifs en ce qui concerne leur accueil, le nombre d’étrangers accueillis pour motif étudiant ne cesse de croître, tant en volume absolu qu’en part relative parmi les étudiants du supérieur en France.

note d’information 20.10 du SIES – Ministère de l’Enseignement supérieur (2019)
En 2024, leur part représente 14% des étudiants au sein du système d’enseignement supérieur français12. Ils sont ainsi 419 69413, soit 4,5% de plus que l’année universitaire précédente et 17% de plus que cinq ans auparavant. Cette hausse constante répond aux objectifs quantitatifs fixés par le plan « Bienvenue en France »14.
Sur le territoire français, les étudiants étrangers – tout comme les établissements d’enseignement supérieur – ne sont pas répartis uniformément.
L’essentiel de l’immigration étudiante se concentre en Île-de-France (150 039 étudiants étrangers en 2024), région la plus pourvue en établissements, suivie par Auvergne-Rhône-Alpes, pour les mêmes raisons. À l’inverse, le Centre-Val de Loire et la Corse sont les moins concernées par le phénomène, avec respectivement 7259 et 407 étudiants étrangers.

1.2 Des origines diverses mais une prédominance africaine
Les étudiants internationaux présents en France viennent essentiellement d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (28%), ainsi que d’Afrique subsaharienne (25%) – cette dernière origine étant en croissance de 34% sur cinq ans. Au total, 53% des étudiants étrangers sont originaires du continent africain ou du Moyen-Orient16.
Si les primo-arrivants enregistrés en 2023 sont de 149 nationalités différentes, la croissance des flux est essentiellement portée par le continent africain17 : 6 étrangers sur 10 ayant obtenu un premier titre de séjour pour motif étudiant sont originaires d’Afrique ou du Moyen Orient18.

Le nombre annuel de primo-titres de séjour pour motif étudiant accordés à des ressortissants d’Afrique subsaharienne a quasiment triplé en dix ans, atteignant 31 600 titres en 2023 (contre 11 200 en 2013)19. Le nombre des primo-titres accordés à des étudiants originaires d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient a lui aussi doublé sur cette période, tandis que toutes les autres origines ont connu des variations beaucoup plus légères et concernent des nombres d’étudiants plus faibles.
Ainsi, non seulement le continent africain est-il le plus important pourvoyeur d’étudiants étrangers en France, mais il est aussi celui dont le nombre croît le plus rapidement20.

Concernant le nombre d’étudiants étrangers présents sur le territoire : il est à noter qu’entre 2018 et 2023, le « stock » total des étudiants étrangers a cru de 17%, tandis que celui des étudiants originaires d’Afrique subsaharienne a augmenté de 34%21. Le nombre de ces derniers a donc augmenté deux fois plus vite que la moyenne.
À elle seule, la France accueille 45% des étudiants subsahariens venant étudier en Europe22. Elle est même la première destination dans le monde pour les étudiants de cette origine23. Les principaux pays de provenance des étudiants étrangers en France peuvent être mis en corrélation avec les pays de provenance de l’immigration en général. Le Maroc et l’Algérie, représentent à eux seuls 18% de l’immigration étudiante24, soit plus de 77 500 personnes. Parmi les immigrés vivant en France en 2023, 12,2% étaient originaires d’Algérie et 11,7% du Maroc25 : ces deux pays d’origine étaient les plus représentées, tout comme parmi les étudiants.

Dès 2013, un rapport de France Stratégie a documenté le lien entre la présence de diasporas particulières dans un pays et la venue d’une immigration étudiante issue de la même origine26. L’existence de cette diaspora permet de faciliter l’installation, de créer des liens et de regrouper les nouveaux arrivants. Nous verrons27 que cela est préjudiciable aux bons résultats de cette politique en France car, statistiquement, les étudiants d’origine subsaharienne et maghrébine connaissent de plus forts taux d’échecs académiques.
1.3 Des inscriptions concentrées sur les bas niveaux de diplômes, avec de fortes disparités suivant la nationalité
Les étudiants étrangers connaissent une répartition inégale entre les différents niveaux de diplôme, qui s’est accentuée ces dernières années. Entre les année universitaires 2018/2019 et 2023/2024, le nombre de doctorants étrangers a chuté de 14%, tandis que celui des étudiants étrangers en licence a augmenté de 14%28. La hausse quantitative rapide de l’immigration étudiante apparaît donc s’accompagner d’un déclin « qualitatif ».

Si les étrangers sont beaucoup plus nombreux dans l’absolu parmi les personnes préparant les plus bas niveaux de diplômes de l’enseignement supérieur, ils restent cependant plus présents en proportion parmi les doctorants. La tendance à former davantage d’étudiants de faible niveau académique tend néanmoins à se renforcer avec le temps. Cette dynamique de fond fait de la France un pays dispensant des formations de base à de nombreux étrangers, mais formant de moins en moins de profils susceptibles d’apporter une forte valeur ajoutée à son économie.
Les établissements dans lesquels étudient les étrangers en mobilité internationale ne sont pas non plus répartis équitablement : pour l’année 2023-2024, 65% des étudiants étrangers en France étaient inscrits en université, 5% en formation d’ingénieurs hors université, 16% en école de commerce et le reste répartis entre les classes préparatoires aux grandes écoles (1%) et d’autres cursus.29
La prévalence des inscriptions dans les filières n’appliquant que peu de filtres à l’entrée (université) peut être constatée, alors que des filières sélectives – telles que les CPGE ou les écoles d’ingénieurs – ne regroupent qu’une faible proportion des étrangers étudiant en France.

L’on s’aperçoit que les filières de prédilections parmi ceux qui vont à l’université sont les sciences et sport (86 850) puis les lettres et sciences sociales (78 678)30. Soit respectivement 33 et 30% des étudiants étrangers à l’université31. 15%32 des effectifs des Français en université sont inscrits en médecine et santé, ce n’est le cas que de 10% des étrangers33.
Cependant, évoquer « les étudiants étrangers » comme une catégorie uniforme relèverait d’une analyse superficielle. En particulier, leurs différentes origines géographiques sont corrélées à des paramètres aussi divers que le niveau de diplôme préparé, la filière choisie ou encore le taux de réussite aux examens.
Tout d’abord, concernant les proportions, rappelons que pour l’année scolaire 2023-2024, la répartition par origine géographique et niveau des étudiants étrangers inscrits à l’université était la suivante34 :

Les diplômes préparés ne sont pas équivalents suivant le pays d’origine des étudiants. Parmi les étudiants asiatiques présents en France, 18 898 préparent une licence et 6005 un doctorat, tandis que parmi les étudiants africains, 51 951 préparent une licence et 6313 sont doctorants35. L’Asie et l’Afrique ont approximativement le même nombre de doctorants en France, alors même que l’Afrique compte près de trois fois plus d’étudiants dans le pays.
| Aire géographique | Licence | Master | Doctorat | Total |
| Afrique | 46,5% | 47,8% | 5,7% | 100% |
| Asie | 47,6% | 37,3% | 15,1% | 100% |
| Europe | 47% | 41,1% | 11,9% | 100% |
| Autres pays | 46,2% | 44,4% | 8,4% | 100% |
De fait, il est intéressant de noter que la France forme une masse importante d’étudiants africains à des grades universitaires de premier et second cycle là où, proportionnellement, les asiatiques préparent beaucoup de troisièmes cycles. Il semble que l’université française porte partiellement la charge du manque d’universités dans les pays d’origine de certains étudiants36, d’où leur plus forte propension à suivre des mobilités diplômantes à faibles niveaux d’études.
Nous pouvons nous apercevoir que certaines nationalités ne viennent à l’université française quasiment qu’en mobilité « diplômante » (suivent un cursus uniquement en France). Les ressortissants de pays africains sont ainsi 98,1% à le faire – 99,6% pour les Algériens, par exemple37. A l’inverse, les Britanniques ne sont que 50% à suivre une mobilité diplômante.
Naturellement, se pose la question des filières choisies par chaque origine migratoire au sein du système français.
La prévalence de l’inscription en université est plus forte pour certaines origines. Elle se porte à 86% pour les Algériens (première nationalité en nombre), contre seulement 46% pour les Américains du Nord (USA et Canada), qui se tournent davantage vers des écoles spécialisées et des écoles de commerce38.
Concernant les matières choisies au sein de l’université, le constat général recouvre aussi des réalités contrastées suivant les origines géographiques. Ainsi, 25,3% des Algériens étudient les lettres et sciences sociales contre 11% des Marocains39.
Il est utile de noter que les pays accueillis ne permettent pas, du fait de leurs systèmes d’études supérieures souvent moins dotés que le système français, une réciprocité intéressante. Si les arrivants en France proviennent d’abord d’Algérie et du Maroc, les étudiants français suivant des années à l’étranger se concentrent sur la Belgique, la Canada et la Suisse40. Ainsi, notre « balance » des coûts concernant les études à l’étranger est très déficitaire vis-à-vis du continent africain, largement formé en France mais ne formant que très peu de Français.
1.4 Une surreprésentation des filières à faibles débouchés, au détriment des besoins réels
Dans la mesure où aucune politique nationale ne définit d’objectifs autres que quantitatifs à leur accueil : les étudiants étrangers s’inscrivent suivant leur choix et se voient accueillis quel que soit celui-ci, pourvu qu’ils soient acceptés par l’université, sous réserve de minces critères41.
C’est ainsi que des filières dont l’augmentation du nombre d’étudiants bénéficierait à l’économie et à la société française se trouvent délaissées – à l’instar de la médecine où les étrangers sont sous-représentés d’un tiers (en proportion de leur nombre total)42 – et que certaines, pourtant connues pour être moins riches en débouchés, sont amplement pourvues en élèves étrangers.
La médecine, secteur connu43 pour son manque de professionnels dans certains territoires – du fait, notamment, de politiques restrictives anciennes mises en place envers les étudiants intéressés – ne représente que 8,4% des étudiants étrangers en mobilité internationale à l’université, soit 5,5% du total des étudiants étrangers44. À ce compte, il semblerait opportun de privilégier la venue d’étudiants étrangers pouvant combler des manques identifiés (bien qu’en l’espèce, il soit probablement possible de compenser le manque avec des étudiants français).
De la même manière, la France ne forme aujourd’hui pas suffisamment d’ingénieurs pour subvenir aux besoins de ses entreprises ; il est estimé que « l’économie française devra recruter près de 100 000 ingénieurs et techniciens nets par an d’ici 2035. » et qu’atteindre cet objectif impliquera « la formation de quelque 60 000 diplômés supplémentaires chaque année. »45.
Malgré cet état de fait alarmant pour une économie moderne, seuls 5% des étudiants étrangers accueillis, et donc – en partie – financés par le système français, le sont en école d’ingénieurs46. Dans une économie où 70% des recruteurs peinent à trouver des profils d’ingénieurs47, il serait pertinent de cibler ces profils parmi les étudiants étrangers venant dans notre pays afin d’optimiser la dépense induite par la présence d’étudiants étrangers.
Il est ici patent que la venue d’étudiants étrangers ne vise pas à combler des manques de professionnels mais à leur permettre de bénéficier des cursus qu’ils souhaitent. Cette inadéquation entre profils accueillis et nécessités du pays est le fruit de la politique visant à faire de l’immigration étudiante une immigration nombreuse et largement subie, plutôt qu’une immigration choisie et bénéfique pour le pays.
Les étudiants étrangers sont surreprésentés dans les filières ayant le moins de débouchés professionnels : la Cour des comptes note que « les cursus qui présentent une insertion de 99 % ou plus pour leurs diplômés français ont une part médiane d’étudiants internationaux de 9 %, tandis que les formations qui ont taux d’insertion de moins de 80 % ont une part médiane d’étudiants internationaux de 14 % ».48
1.5 De très faibles taux de réussite
Parmi les statistiques liées aux étudiants en études en France, celles relatives aux taux d’échec comptent parmi les plus frappantes.
Alors que les étudiants en mobilité internationale viennent en France – a priori – exclusivement pour suivre des études, ils connaissent un taux d’échec en licence à l’université (ici, ne pas réussir sa licence en trois ans) de 66,2%49. Ce taux demeure de 54,5% pour une licence en 3 ou 4 années. Cela signifie que plus de la moitié des étudiants étrangers en mobilité venus suivre une licence en France n’en sont toujours pas diplômés après quatre années universitaires (Ce qui induit a minima deux échecs).
Certaines nationalités connaissent même des taux d’échec supérieurs : ainsi les étudiants ressortissants de pays du Maghreb connaissent-ils le plus fort taux d’échec, avec 75,4% d’entre eux qui ne parviennent pas à valider de licence en 3 ans et 62,5% en 3 ou 4 années.
En master, les taux de réussite descendent en-dessous de la moyenne générale : 56,5% des étudiants étrangers en mobilité internationale ne parviennent pas à valider un master en 2 ans, contre 45% des Français ou résidents étrangers habituels – soit 11 points de plus.
Là encore, les origines ne sont pas réparties équitablement, avec une réussite particulière des Asiatiques et des Océaniens dont le taux d’échec au master en 2 ans est de 50,2% alors que celui des étudiants subsahariens est de 62,5%.

note d’information 20.10 du SIES – Ministère de l’Enseignement supérieur (2019)
Ces chiffres, trop élevés pour les Français également, témoignent d’un système promouvant l’orientation en université de nombreux profils dont le niveau est trop faible ou dont les choix de filières furent malheureux. Dans ce contexte, accueillir des étudiants étrangers sans sélection sérieuse et financer leurs échecs successifs est non seulement couteux mais contreproductif pour notre système éducatif. Les coûts et l’engorgement des universités découlant de ces redoublements d’étudiants étrangers ne sont pas négligeables et doivent être pris en compte dans l’élaboration des politiques publiques.
En revanche, les étudiants recrutés sur des critères d’excellence reconnus par certaines bourses du ministère des Affaires étrangères connaissent des réussites importantes, de l’ordre de 95%50 en licence et 88% en master. La sélection par l’excellence permet donc de s’assurer de ne pas financer les échecs successifs d’étudiants dont la famille n’a pas contribué au financement de l’université mais de privilégier un véritable rayonnement académique afin que l’immigration étudiante soit réellement une opportunité pour la France.
Les étudiants sélectionnés selon ces derniers critères représentent environ 5 600 personnes – soit seulement 1,8% du total des 320 000 étudiants étrangers en mobilité internationale.
L’échec massif des étrangers dans l’enseignement supérieur français pose une double question ; les montants qui leurs sont alloués ne pourraient-ils pas l’être pour améliorer les conditions d’enseignement offertes à ceux dont la famille finance le système universitaire ? Les étrangers venus spécialement pour motif d’études ne devraient-ils pas être sélectionnés pour que le financement de leur échec ne vienne pas peser sur le système universitaire français ?
Le consentement à l’impôt pourrait se trouver largement entaché par ce type de procédés dépourvus de résultats probants autant que coûteux au profit de personnes qui ne contribuent pas – ni leurs familles – au financement du système. Si chacun accepte de financer indirectement l’université et plus largement le système d’études supérieures au profit – tout aussi indirect – de sa propre famille, il semble moins assuré que cette acceptation vaille pour des étrangers non-contributeurs et essentiellement en situation d’échec.
2 – Une volonté politique à priorité quantitative
2.1 Une stratégie floue mais des coûts bien réels
Depuis 2022, l’immigration étudiante est devenue le premier motif de délivrance des nouveaux titres de séjour dans notre pays. À elle seule, elle a représenté près d’un tiers (32%) de l’ensemble des primo-titres de séjour accordés par la France en 202451. Malgré l’ampleur de ces arrivées, les orientations politiques qui président à cette voie migratoire n’évoquent clairement ni les bénéfices qui en sont attendus, ni de véritable stratégie d’accueil autre que quantitative.
La stratégie « Bienvenue en France »52, qui pilote ces dispositifs, présente en effet des objectifs quasi-exclusivement qualitatifs, résumés dans cet horizon explicite :
« Objectif : 500 000 étudiants étrangers en 2027 ».
Du reste, elle évoque la simplification des procédures relatives à l’obtention de visas, le fait de les rendre prioritaires ou encore de créer un label qualité d’accueil. Pour autant, aucun objectif lié à l’adéquation desdits étudiants étrangers avec les besoins du pays n’est véritablement posé, aucune stratégie promouvant l’excellence ou les partenariats académiques n’est clairement dessinée.
La stratégie se résume donc à accueillir beaucoup, afin de demeurer parmi les premiers pays d’accueil d’étudiants étrangers et non pas à rentabiliser les venues en termes de qualité académique, de prestige ou de rentabilité financière.
Ce parti pris d’une immigration étudiante massive et faiblement sélectionnée et d’une politique d’attractivité fondée sur d’importantes aides engendre inévitablement des dépenses pour le contribuable : les coûts des formations mais aussi les APL, les bourses sur critères sociaux… Celles-ci sont estimées à 2,130 milliards d’euros bruts par an par la Cour des comptes.
Au regard des recettes pour les finances publiques estimées à 1,13 milliard d’euros, en comptant jusqu’à la TVA issue de la consommation des étudiants sur place (qui peut résulter d’aides préalables), laquelle représente à elle seule la moitié des gains enregistrés : le coût net pour les finances publiques est d’environ 1 milliard d’euros par an selon la Cour des comptes53. Sachant que ces chiffres n’englobent pas les dépenses d’assurance-maladie ni d’autres postes onéreux, le coût annuel réel dépasse très certainement cette estimation prudente54.
Le rapport de la Cour note cependant que des externalités positives peuvent en être attendues à long terme, tout en précisant qu’elles ne sont pas véritablement quantifiables. Certains pays concurrents estiment pouvoir être bénéficiaires in fine de leur accueil des étudiants internationaux. Cependant, ils ne reçoivent généralement pas une immigration étudiante aux caractéristiques semblables à celle reçue en France.
2.2 Sur le plan juridique : une logique de « droit opposable »
Les visas de long séjour valant titre de séjour (VLS-TS) mention étudiant (valables entre 4 mois et 1 an) et les cartes de séjour temporaire étudiant (valable 1 an) ou pluriannuelle étudiant répondent à l’article L422 – 155 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile.
Ce dernier dispose que :
« L’étranger qui établit qu’il suit un enseignement en France ou qu’il y fait des études et qui justifie disposer de moyens d’existence suffisants se voit délivrer une carte de séjour temporaire portant la mention » étudiant » d’une durée inférieure ou égale à un an. »
Du fait de la structure même de l’article, qui indique que l’effet juridique se produit automatiquement une fois les conditions remplies, l’immigration étudiante devient par conséquent un droit opposable.
Ce simple choix rédactionnel est cause d’une faille majeure et d’une absence de contrôle de l’État sur cette voie migratoire en l’état actuel des textes.
« La majorité des étudiants internationaux s’inscrivent et sont acceptés directement par les […] établissements d’enseignement, sous le contrôle de Campus France. À ce stade, les consulats refusent environ 25 % des demandes de visas, les refus exprimés par les préfectures au stade du titre de séjour étant en revanche peu nombreux avec seulement 3 228 demandes écartées en 2018. »56.
Ainsi l’État n’a que peu de prise sur le flux étudiants, essentiellement déterminé par les deux critères « faibles » que sont :
- Le fait de disposer des moyens de subsistance nécessaires ;
- Le fait d’être inscrit dans un établissement d’enseignement en France.
2.3 Les conséquences et détournements de ce droit
De ce « droit opposable » naissent de nombreuses difficultés concernant le coût des étudiants étrangers, leur niveau et leur apport potentiel pour le pays, mais aussi en matière de contrôle de l’immigration. La loi relative à l’immigration étudiante ouvre la porte, par la largeur de ses critères, à la création d’écoles ou de documents frauduleux permettant à des personnes de parvenir sur le territoire en situation régulière.
En témoignent les procès intentés à des écoles parfois « fictives » qui se proposent de délivrer des certificats de scolarité de complaisance, ainsi que les venues de personnes inscrites dans de réels cursus mais ne souhaitant pas les suivre, afin d’entrer légalement sur le territoire et pouvoir s’y maintenir ensuite.
Prenons l’exemple de l’European School of Business and International Affairs : en se prévalant de la loi sur l’immigration étudiante, cette école située au Mans a pu faire entrer nombre de ressortissants étrangers sur le territoire dans des conditions légales57 sans leur dispenser de formation. Le Figaro rend compte du communiqué du procureur de la République affirmant que l’école cachait un « réseau d’escroquerie aggravée, où des gérants et responsables […] sont suspectés d’avoir vendu de faux documents à l’en-tête de leur établissement permettant à des étudiants étrangers d’entrer ou de se maintenir sur le territoire national »58.
Un rapport parlementaire de 2024, signé par les députées Béatrice Descamps et Estelle Folest, corrobore cette idée en évoquant des « établissements « fantômes » dont l’objet semble être de vendre à de jeunes étrangers extra-communautaires une inscription dans un établissement d’enseignement supérieur, pièce indispensable pour la délivrance d’un visa étudiant »59.
La surveillance des établissements supérieurs privés étant « faible »60 et les services consulaires n’ayant aucun moyen de contrôle à propos des inscriptions que leurs présentent les demandeurs, la fraude demeure extrêmement simple. Il est intéressant de noter que, « entre 2010 et 2022, les effectifs étudiants totaux accueillis dans ces établissements ont cru de 72 % contre 14 % pour l’enseignement supérieur public, représentant […] 84 000 étudiants internationaux »61. Autant d’inscriptions dont la véracité demeure invérifiée, autant d’entrées sur le territoire potentiellement frauduleuses.
L’inscription dans des établissement trop peu reconnus entraîne parfois un refus de délivrance de titre de séjour de la part des services dédiés62. Cependant, derrière ce phénomène de fraudes caractérisées, se cachent les abus relatifs à la présence d’étudiants venant dans de véritables cursus sans intention – ou sans capacité – de les mener à terme afin de profiter de la possibilité, largement incontrôlée, de travailler en parallèle des études.
Si l’obtention d’un titre est un droit pour une primo-inscription, à condition de pouvoir subvenir à ses besoins et d’être régulièrement inscrit, les renouvellements ne sont pas automatiques. Ainsi, les cas de refus de renouvellement par les préfets existent et se soldent parfois par des recours devant les tribunaux administratifs afin d’apprécier de la nature « réelle et sérieuse »63 des études suivies.
Cette appréciation repose sur quelques critères exposés par la circulaire du 7 octobre 2008 relative aux étudiants étrangers64. Force est de constater qu’elle ne va pas dans le sens d’une restriction élitiste et d’un choix des meilleurs profils :
« Au terme de sa troisième année d’études, vous apprécierez si la progression de l’étudiant étranger est de nature à lui permettre d’obtenir sa licence au terme de cinq ans de présence en France »65
La circulaire précise ensuite qu’il faut « conserver une certaine souplesse dans l’appréciation de l’absence momentanée de progression dans les études »66.
Elle poursuit en demandant de considérer comme des motifs de refus « trois échecs successifs » ou le fait de ne« pas [avoir] été en mesure de valider une seule année au terme de trois années d’études ».
De la même manière, la circulaire invite les Préfets à vérifier les « certificats d’assiduité aux travaux dirigés » et à prendre comme un motif de refus « l’absence d’inscription ou de présentation aux examens »67.
Les changements de cursus sont quant à eux tolérés mais doivent répondre à une forme de cohérence. Quant aux changements de cursus post-diplôme, elles doivent, sauf cas particulier, ne pas se faire « dans un cursus de niveau inférieur ou équivalent ».68
Sur l’ensemble des demandes de renouvellement des années 2016 à 2018, « l’administration ne souhaitant pas se substituer aux établissements pour apprécier les résultats obtenus, même en cas de redoublement, de réorientation ou d’échec à la diplomation : sur les 355 698 demandes de renouvellement ‘’Étudiant’’ déposées […] les refus ne représentent que 6 070 dossiers, soit 1,7 %. »69.
Ainsi, les attentes sont assez minimales :
- Ne pas redoubler plus de trois fois la même année,
- Se présenter aux examens et aux TD obligatoires s’ils existent,
- Ne pas se réorienter dans des filières dépourvues de lien avec son cursus.
En considérant le faible taux de réussite académique des étudiants étrangers70, nous pouvons nous apercevoir que le renouvellement est quasiment accordé de manière systématique du fait de règles extrêmement « souples » (terme que la circulaire elle-même utilise).
Il est à noter qu’une fois le titre de séjour acquis, l’étudiant est en droit d’occuper un emploi à hauteur de 60% du temps de travail légal (964 heures par an) ; cependant, la Cour des comptes notait en 2020 que les services visités par ses magistrats avaient tous indiqué que « le respect de ces conditions ne faisait l’objet d’aucun contrôle »71. Ainsi, il est possible de faire de l’entrée sur le territoire à fins d’études une voie détournée d’immigration de travail non-officielle.
Enfin, il convient de relever que « selon le ministère de l’Intérieur, on observe surtout ce type d’abus pour les ressortissants de pays à forte pression migratoire. »72. Ce qui pourrait partiellement expliquer la juxtaposition des origines migratoires (tous motifs confondus) et celles des étudiants73.
Dans ce cas de figure, « le détournement de l’objet du visa serait essentiellement appréhendé lors des renouvellements des titres de séjour, ce qui conduirait à refuser le renouvellement ».
Comme nous l’avons précédemment mentionné, le faible niveau de refus des renouvellements et les consignes mettant l’accent sur la souplesse laissent entendre qu’un nombre conséquent de fraudes peuvent être envisagées.
De plus, le contrôle du départ effectif des personnes en fin de droit au séjour n’est pas nécessairement effectué et donne très probablement lieu à un phénomène d’overstaying, dont l’ampleur exacte apparaît difficile à quantifier sur la base des données publiques existantes.
2.4 La nécessité de subvenir à ses besoins : une contrainte faible et contournée
De plus, l’une des deux seules conditions prévues par la loi – avec l’inscription dans un établissement d’enseignement supérieur – pour obtenir un titre de séjour portant la mention « étudiant » est le fait de pouvoir justifier « disposer de moyens d’existence suffisants ».
L’article suivant, L422-2 du CESEDA, dispose quant à lui que « la carte de séjour prévue à l’article L. 422-1 est également délivrée lors de sa première admission au séjour, sans avoir à justifier de ses conditions d’existence et sans que soit exigée la condition prévue à l’article L. 412-1, à l’étranger ayant satisfait aux épreuves du concours d’entrée dans un établissement d’enseignement supérieur ayant signé une convention avec l’Etat ». Ainsi, une première voie d’exception à l’obligation est ouverte au sein même de la loi.
Le seuil retenu par les autorités concernant la condition de ressources s’élève à 615 euros par mois et peut être liée à une bourse issue du pays d’origine (les bourses internationales du gouvernement français exemptent de paiement) ou à des transferts familiaux. Ces derniers, font, du propre aveu de la Cour des compte, l’objet d’un « contrôle succinct en préfecture »74.
La Cour des comptes va plus loin en admettant que « les contrôles des services consulaires et préfectoraux sont en partie inopérants. Lorsque les ressources ne sont pas garanties par des bourses ou des rémunérations, il s’agit dans près de 45 % des cas d’attestations sur l’honneur de membres de l’entourage des étudiants, face auxquelles les services consulaires et préfectoraux ne disposent pas ou de peu de moyens de vérification de l’authenticité des documents, et sont contraints de procéder par faisceau d’indices »75.
2.5 Les droits d’inscription différenciés : une mesure nécessaire mais largement inappliquée
Si les règles régissant l’admission des étrangers et ses modalités semblent claires, elles souffrent de nombreuses exemptions.
Ainsi, des droits d’admission différenciés à l’université pour les étrangers extra-communautaires ont été introduits en 2019 dans le cadre de la stratégie « Bienvenue en France ». Pour l’année 2025-2026, ils sont de 2 895 € contre 178 € en licence, et de 3 941 € contre 254 € en master76. Cependant, de nombreux établissements ne se plient pas à la règle ou ne la respectent que partiellement.
Le droit commun concernant ces frais différenciés admet des exemptions dans les cas suivants :
- Etudiants ressortissants de l’Union Européenne, de l’Espace économique européen, Suisse, Monaco, Andorre, Province de Québec (au Canada) ;
- Etudiants membres de la famille (fils ou filles) d’un résident de l’un de ces Etats ;
- Les inscrits en Classe préparatoire aux Grandes écoles ;
- Les étudiants en doctorat ;
- Les étudiants préparant une habilitation à diriger des recherches ;
- Les détenteurs d’une carte de séjour de longue durée en France (10 ans minimum) ;
- Etudiants domiciliés fiscalement en France depuis plus de deux ans ;
- Étudiant inscrit sans interruption dans l’Enseignement supérieur français depuis 2018 ;
- Etudiants bénéficiaires d’une bourse du Gouvernement Français (BGF) ou d’une bourse d’Ambassade.
Certaines conditions donnent même droit à une exemption totale de frais :
- Etudiants en programme d’échange ;
- Bénéficiaires de l’asile, de la protection subsidiaire ou apatrides.
Ainsi, parmi les 319 900 étudiants étrangers en France pour l’année scolaire 2024/2025, seuls 137 800 se trouvent éligibles au paiement plein des frais différenciés.
Des exemptions supplémentaires à ce paiement sont prévues par les écoles et contribuent encore à faire baisser considérablement ce nombre. En effet, pour l’année scolaire 2024/2025, de nombreuses universités exemptent totalement leurs étudiants étrangers de frais différenciés (ramenant donc leur paiement au niveau standard de 170€ en licence et 243€ en master) – citons notamment77 :
- Sorbonne Paris Nord ;
- Université de Poitiers ;
- Université de Montpellier ;
- Université d’Angers ;
- Université de Bourgogne ;
- Université de Corse ;
- Université de Franche Comté.
Selon les informations consolidées par l’agence de presse éducative AEF Info en 202378, 42 universités françaises exemptent l’intégralité de leurs élèves étrangers de paiement de droits différenciés, soit 57% d’entre elles tandis que 16 autres proposent des exemptions sur critères. En tout, ce sont donc 79% des universités françaises qui permettent de contourner le dispositif.
Par exemple : l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne « appliquera pour l’année universitaire 2025-2026 les mêmes droits d’inscription aux étudiantes et étudiants français et étrangers, qu’ils soient d’origine intra ou extra-européenne »79.
Certaines universités délivrent des exemptions partielles concernant des cursus spécifiques ou des conditions diverses. Il en est ainsi de l’Université Paris Sorbonne, qui exempte des frais différenciés les élèves inscrits en licence l’année précédente et passant dans l’année supérieure, tous ceux s’inscrivant en master et même, sous conditions, les étudiants redoublants80.
L’université de Strasbourg, quant à elle exempte de paiement des frais différenciés l’ensemble des étudiants étrangers inscrits en premier cycle (licence), et ceux inscrits en second cycle (master) qui ont déjà été précédemment inscrits à l’Université de Strasbourg. Dans la mesure ou le droit commun exempte de paiement différencié les étudiants en doctorat, pratiquement aucun étudiant étranger ne paie de frais différenciés à l’université de Strasbourg.
Ces quelques situations sont exemplaires d’une réalité plus large qui aboutit à ce que, pour l’année 2024/2025, seuls 9600 étudiants sur les 108 100 potentiellement concernés – inscrits au sein d’établissements relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, n’étant pas ressortissants d’un pays de l’UE, etc81 – paient réellement le tarif annoncé des frais différenciés, soit moins de 10% de l’ensemble82
Le système des frais différenciés se trouve ainsi entièrement vidé de sa substance et de son rôle d’équilibrage des finances des universités, malgré sa légitimité consistant à faire payer une part du coût réel de leur scolarité aux étudiants qui ne sont pas français ou européens, et dont la famille n’a pas cotisé afin de supporter les coûts de l’enseignement supérieur. Moins de 10% des étudiants internationaux au sein du périmètre d’application – déjà restreint – des droits différenciés inscrits en licence en paient le plein tarif83.
La Cour des comptes affirme que le paiement des droits différenciés est « estimé en moyenne à 15 M€ par an, représentent moins de 0,1 % de la dépense intérieure d’enseignement supérieur de l’État […] En l’absence de possibilité d’exonération, le produit maximal de ces droits pourrait atteindre 334 M€ »84.
Cette politique qui entendait apporter un équilibre budgétaire partiel est rendue, de fait, totalement inopérante.
3 – Les « effets de bord » de cette politique : dispersion des moyens, ingérences extérieures et stratégies de maintien sur le territoire
3.1 Une allocation des moyens défavorable aux étudiants français
La part d’étudiants étrangers au sein des établissements français constitue, nous l’avons vu, un coût majeur pour les structures d’enseignement comme pour toutes les structures de support du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (bourses, CROUS, logement …). Les moyens alloués – qui, en l’état et au vu de leurs résultats, engendrent un faible gain académique – peuvent engendrer un « manque à gagner » au détriment des étudiants français.
Si les universités se plaignent d’un manque de moyens de l’ordre de « 240 millions d’euros » par an (ici, le président de France Université)85 pour assurer correctement leurs missions, se pose la question des 1,629 milliard d’euros86 que coûtent annuellement les formations suivies par les étudiants internationaux dans l’enseignement supérieur public – sans décompter ici les autres coûts associés, évoqués plus haut dans la présente étude.
De la même manière, la précarité étudiante – enjeu majeur pour plus du quart des étudiants87 – pourrait partiellement être résolue en usant des 227 millions d’euros annuels des APL et des 194 millions d’euros de bourses sur critères sociaux du CROUS versés annuellement à destination des étudiants internationaux en France.
Une partie de ces 420 millions d’euros annuels, destinés à des personnes dont la famille ne contribue pas au financement de l’enseignement supérieur par la fiscalité, pourrait constituer une solution à ces problèmes. Ils représenteraient, s’ils étaient utilisés intégralement à cette fin, environ 900 € de plus par an et par étudiant boursier88.
Les logements en CROUS, eux aussi, sont largement occupés par des étudiants étrangers, posant une nouvelle fois la question de l’allocation des ressources en faveur de ceux dont la famille a contribué au financement de ce système d’aides. Plus du tiers (34%) des places au sein des résidences du CROUS89 sont occupées par des étudiants étrangers, alors que ceux-ci comptent seulement pour 14% des étudiants dans l’enseignement supérieur – et que beaucoup d’étudiants français peinent à se loger90.
De la même manière, les aides d’urgence du CROUS, faute d’un plafond de ressources suffisamment relevé et d’un véritable contrôle des moyens financiers des arrivants, bénéficient essentiellement aux étudiants étrangers. Depuis l’année scolaire 2021, 60% du total de ces aides leur est ainsi alloué91, un besoin est souvent lié « à des ressources initiales insuffisantes ».
En outre, les universités leurs permettent de bénéficier d’aides ponctuelles prises sur leurs budgets propres. À titre d’exemple : Sorbonne Université a alloué 648 000€ de son budget 2022-2023 à des aides aux étudiants étrangers, souvent pour des questions de logement92.
De tels constats invitent à reconsidérer le montant minimum requis par notre droit pour attester des « moyens d’existence suffisants » des étudiants étrangers, ainsi qu’à instaurer l’obligation préalable de prouver avoir obtenu un logement avant de pénétrer sur le territoire. Avec un seuil mensuel de ressources relevé à seulement 750€ par mois (au lieu de 615 € aujourd’hui), la Cour des comptes estime que 40% des demandes de visas se trouveraient écartées, ainsi que 60% des demandes renouvellement de titres de séjour93.
Par ailleurs, la venue massive d’étudiants étrangers au sein de certaines filières peu attractives car à faibles débouchés, qui ne parviennent plus à recruter suffisamment d’étudiants français permettrait, d’après la Cour des comptes, de justifier superficiellement la perpétuation de leur existence : « le risque de maintien de formations à faible insertion professionnelle, ne parvenant plus à recruter d’étudiants que par la voie des candidatures d’étudiants internationaux, mérite un suivi périodique au sein des établissements et un examen du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur lors de l’évaluation des formations »94, indique ainsi son rapport de mars 2025 à ce sujet.
Ce maintien de formations, parfois quasi-intégralement remplies d’étudiants étrangers95 induit inévitablement des coûts importants pour l’université et des bénéfices négligeables dans la mesure où « l’insertion professionnelle élevée des diplômés et leur adéquation aux besoins des entreprises du territoire »96 ne sont pas des critères de leur maintien.
| Le risque d’un effet d’éviction dans certaines écoles : l’exemple de Sciences Po Outre la question de la répartition des crédits alloués aux établissements d’enseignement supérieur, certaines écoles, pourtant amplement financées par des fonds publics, réservent une part considérable de leurs places aux étudiants étrangers Sciences Po Paris, école en grande partie financée par des fonds publics (quoique moins que les universités en proportion de son budget)97, réserve ainsi 50% de ses places à des étudiants internationaux98. La question peut être posée de la justesse de ce choix au vu de la nature des financements et de leur origine – les résidents fiscaux français. S’il est évident que le prestige et la vitalité d’un système d’enseignement supérieur et de recherche peuvent tirer le plus grand profit de la venue d’étudiants étrangers dument sélectionnés, le fait que ceux-ci puissent représenter à eux seuls 50% des effectifs d’un établissement pose question. Cela induit une éviction de fait à l’endroit des contributeurs à son financement, qui souhaiteraient s’y inscrire et en remplissent les conditions. |
3.2 Les risques d’ingérence étrangères : le cas chinois
La venue d’étudiants étrangers peut, dans un certain nombre de cas, leur permettre de se confronter à des données relevant du secret industriel – dans le cas de stages ou de laboratoires de recherches notamment – qui peuvent, par la suite, être exploitées par des puissances étrangères. Un rapport du Sénat souligne à ce titre que :
« Les méthodes du Parti communiste chinois à cet égard sont proches de celles qu’utilisaient des régimes communistes au temps de la guerre froide. Le développement des moyens de renseignement et des technologies de l’information lui donne toutefois une portée particulièrement importante, et qui représente un véritable risque pour l’intégrité de la recherche française et de notre souveraineté nationale. Il a été rapporté en ce sens devant la mission que les moyens mis en œuvre par la Chine dans le renseignement relatif au monde académique sont hors commune mesure par rapport aux autres pays. »99
Plusieurs exemples d’espionnage mené par des étudiants chinois sont ainsi documentés, notamment celui d’une doctorante chinoise accusée « d’avoir dérobé des informations sensibles dans un laboratoire de recherches à Metz »100. Il en va de même pour une étudiante ayant profité d’un stage chez l’équipementier Valéo pour y réaliser des copies de données confidentielles. Elle a, pour cela, été condamnée à une peine de douze mois de prison dont dix de sursis par le tribunal correctionnel de Versailles en 2008101.
La Chine a été le 3ème pays d’origine des bénéficiaires d’un premier titre de séjour pour motif « étudiant » en 2023, derrière le Maroc et l’Algérie102.
3.3 L’insertion sur le marché de l’emploi
Une fois les études terminées – pour ceux qui réussissent à obtenir un diplôme – , se pose inévitablement la question de l’accès au marché de l’emploi. Dans ce cadre, plusieurs possibilités s’offrent aux étudiants étrangers ayant suivi leurs études en France. Soit ils parviennent à trouver un emploi en France et à y entamer leur carrière (ce qui peut être bénéfique pour le pays au vu de l’investissement réalisé pour leurs études) soit ils peuvent retourner dans leur pays ou un autre, voir même rester en France sans travailler.
Afin de faire valoir leur diplôme dans le monde du travail, les étudiants étrangers titulaires d’une licence professionnelle, d’un master ou d’un doctorat obtenu en France et souhaitant demeurer en France peuvent passer un an sur le territoire national pour rechercher un emploi,103 via la demande d’une carte de séjour « recherche d’emploi / création d’entreprise ».
Les ressortissants de certains pays tels que le Bénin ou le Burkina-Faso ont le droit, en vertu d’accords bilatéraux, de demeurer deux ans sur le territoire en recherche d’emploi104.
Si ces facilités peuvent offrir les conditions d’une bonne insertion des étrangers sur le marché du travail, elles occasionnent également un droit de séjour pour des personnes inactives.
L’obtention d’un emploi, s’il est rémunéré plus de 27 02€ bruts mensuels105 (le salaire moyen d’un employé du secteur privé étant de 2 730€ nets106) et est en lien avec leurs études, permet aux diplômés étrangers d’accéder à un titre de séjour « salarié ou travailleur temporaire ».
Ce dispositif est censé permettre de ne conserver sur le territoire, avec des titres de travailleurs, que des personnes ayant trouvé un emploi à la hauteur de leurs études. Cependant, il est également accessible aux étudiants décrochant un emploi, caractérisé par des difficultés de recrutement, figurant dans la liste des métiers en tension107.
Si ces dispositifs peuvent offrir les conditions d’une bonne insertion des étrangers sur le marché du travail, elles occasionnent également un droit de séjour pour des personnes inactives sur le territoire.
Malheureusement, les informations relatives aux carrières des étudiants sont très parcellaires et ne permettent pas de savoir s’ils viennent combler des manques réels du marché de l’emploi ou s’ils occupent des métiers sans tension majeure. S’il est indéniable que des réussites individuelles existent et profitent à notre économie, il demeure difficile de les quantifier.
De la même manière, les données précises (poste, type de contrat…) concernant les étudiants rentrés dans leurs pays d’origine demeurent inconnues et, par ailleurs, leur réussite ou non sur place pose toujours la question du coût qu’ils ont représenté durant leurs études en France et du retour sur investissement induit s’ils n’y demeurent pas.
La France forme ainsi de très nombreux étudiants étrangers sans garantie de la qualité de leur cursus et sans garantie que ceux connaissant la réussite ne demeureront sur place pour que la pays puisse en bénéficier.
Concernant la recherche, les détenteurs étrangers d’un doctorat obtenu en France connaissent une insertion professionnelle quasi-équivalente à celle de leurs homologues Français108. Parmi les 53% d’entre eux qui travaillent en France trois ans après l’obtention de leur doctorat (contre 82% pour les Français), 70% ont un emploi stable (contre 77% pour les Français). 97% des emplois de ces docteurs de nationalité étrangère relèvent d’un statut de cadre.
Il est patent que leur insertion, quoique légèrement moindre que celle des Français, demeure bonne. Elle pose en revanche la question de l’octroi d’une coûteuse formation doctorale aux 47% ayant quitté le pays dans les trois ans après leur thèse. Si leur contribution académique a son importance, il serait utile de bénéficier également de leur implication professionnelle.
De manière générale, les immigrés arrivés en France aux fins d’études et demeurant au moins cinq ans dans le pays connaissent des taux d’emploi et de déclassement – le fait d’occuper un emploi « inférieur » à son niveau de diplôme – meilleurs que les autres immigrés, et même légèrement meilleur que les natifs109. Cependant, ces calculs ne se fondent que sur les immigrés venus étudier en France et y demeurant ensuite au moins cinq ans ; ainsi, les chiffres présentent un biais induisant une surreprésentation des intégrations réussies sur le marché de l’emploi. Un rapport de Campus France souligne que « le taux de rétention des étudiants cinq ans après leur diplôme était de 43% sur la cohorte diplômée en 2015 »110
D’autres données de France Stratégie – à considérer avec prudence car elles sont anciennes (sur les années 2009 / 2011) – témoignent d’un taux d’inactivité constaté chez les diplômés étrangers ayant suivi leurs études en France plus faible que celui des immigrés ayant suivi leur scolarité ailleurs (environ 12% contre 27%)111. Il reste beaucoup plus élevé que celui des diplômés français (6%, soit un rapport du simple au double).
3.4 Qui sont « ceux qui restent » ? De très forts écarts selon le pays d’origine
L’analyse de la trajectoire des étrangers extra-européens ayant obtenu un premier titre de séjour pour motif « étudiant » en 2015, permise par la mise en ligne de données issues de la Direction générale des étrangers en France (DGEF), donne une idée de la grande hétérogénéité des parcours migratoires selon le pays d’origine des étudiants en question.
Huit années après avoir entamé leurs études en France (en 2023), 68,5% de ces étrangers n’ont plus de titre de séjour en cours de validité – soit qu’ils ont quitté le territoire, qu’ils y demeurent clandestinement ou qu’ils ont acquis la nationalité française. Les 31,5% qui possèdent toujours un titre valide relèvent de motifs répartis comme suit112 :
- 17,4% ont des titres à motif économique (de travail) ;
- 9,8% ont des titres familiaux ;
- 2,8% sont encore étudiants ;
- 1,5% ont d’autres titres.
Ce qui signifie que 55% de ceux qui possèdent encore un titre de séjour l’ont pour un motif économique et 31% pour un motif familial.

Source : « Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine », Direction générale des étrangers en France (2025)
NB : « sortie » signifie sortie des bases administratives AGDREF qui concernent les titres de séjour, ce qui n’équivaut pas forcément à une sortie du territoire français
Les étudiants issus de certaines nationalités, notamment celles dont la France accueille une forte diaspora, sont très représentés parmi ceux qui restent sur le territoire. Il en va ainsi des ressortissants algériens : 8 ans après leur arrivée pour motif étudiant, 61% des Algériens disposent encore d’un titre de séjour en France – dont les deux tiers pour motif familial. On peut ici discerner un effet fort de l’accord franco-algérien de 1968, qui prévoit notamment des dispositions dérogatoires spécialement favorables en matière d’immigration familiale113.
Lorsqu’ils se maintiennent sur le territoire avec un titre de séjour, les ressortissants des divers pays de l’immigration étudiante le font sur la base de motifs très différents. Ainsi, moins d’un quart (22%) des Libanais détiennent toujours un titre 8 ans après le début de leurs études en France114 ; mais parmi eux, plus des deux tiers restent pour un motif économique (de travail).
Les étudiants asiatiques, dont les résultats académiques en France sont supérieurs à la moyenne des étudiants étrangers115, ont tendance à quitter le pays dès leurs études terminées. Il en est ainsi des Sud-Coréens, qui sont moins de 25% à rester en France trois ans après leur arrivée pour études, et moins de 10% huit ans après cette arrivée (six fois moins que parmi les Algériens). Même genre de constat pour les ressortissants chinois : seuls 14% d’entre eux ont toujours un titre de séjour huit ans après le début de leurs études en France116.

Par ailleurs, il est à noter que les étrangers ayant étudié en France disposent de facilités dans le cadre des demandes de naturalisation : toute personne ayant validé deux années d’études en France (pas nécessairement un diplôme) peut voir son temps de résidence minimal pour déposer un dossier abaissé à 2 ans, au lieu de 5, et ainsi obtenir plus rapidement la nationalité117.
Attendu que les deux années ne sont soumises à aucun critère de niveau de la formation suivie, il apparaît discutable qu’ils constituent nécessairement des atouts académiques et économiques majeurs pour le pays. Il apparaît donc que les chiffres relatifs aux étudiants étrangers restant sur le territoire sont nécessairement biaisés par le nombre de ces naturalisations simplifiées.
3.5 La double dépense des aides au développement
La défense de l’accueil inconditionnel des étudiants étrangers est parfois liée à des considérations d’ordre humanitaire ou développementaliste, cherchant à y voir une forme d’aide apportée à des pays plus en difficulté et à leurs habitants.
Cependant, il est à noter que lesdits pays connaissent souvent d’importants transferts financiers de la part de la France afin d’améliorer leurs propres systèmes éducatifs.
Ainsi, les deux principaux pays d’origine des étudiants étrangers en France, que sont l’Algérie et la Maroc, perçoivent annuellement des aides au développement françaises dans le domaine de l’« éducation », de l’ordre de 130 millions d’euros pour l’Algérie et 184,7 millions pour le Maroc en 2023. Le total des fonds alloués à ces pays pour la période des six années comprises entre 2018 et 2023 se monte à 990 millions € pour le Maroc et 688 millions € pour l’Algérie118.
Dans ce cadre, la justification de l’accueil d’étudiants selon un motif d’aide internationale au développement apparaît clairement redondante.
3.6 Comparaisons internationales
3.6.1 Généralités
Les politiques d’accueil des étudiants étrangers diffèrent grandement suivant les pays. À ce titre, il est intéressant de comparer la position française avec celle de plusieurs pays développés dotés d’un système universitaire attrayant.
La composition géographique des étudiants entrants varie de façon forte entre les pays d’accueil, et il est flagrant que celle constatée en France est assez éloignée de celle de l’OCDE en général. Alors que le premier pays d’origine des étudiants étrangers dans l’OCDE est la Chine et le second l’Inde119, la France accueille principalement des étrangers marocains et algériens.
Cette disparité est plus flagrante encore en constatant que le pays le plus reçu en France, le Maroc, se classe seulement 15e parmi les pays les plus reçus au sein de l’OCDE.
De la même manière, la France est le seul pays de l’OCDE dont la part d’étudiants étrangers originaires du continent africain approche les 50%. Ainsi, « un étudiant sur trois originaire d’un pays africain et étudiant dans un pays de l’OCDE étudiait en France » en 2020120.
De la même manière que les pays d’origine en France diffèrent de ceux constatés au sein de l’OCDE, les niveaux d’inscriptions des étudiants y sont différents. « En moyenne dans les pays de l’OCDE, les étudiants internationaux représentaient 5 % des étudiants inscrits en licence, 14 % des étudiants inscrits en master et 24 % des doctorants au cours de l’année universitaire 2020 »121 là où ils représentaient en France 9,1% des étudiants en licence, 15,7% en master et 39,5% des doctorants122. Non seulement la France accueille proportionnellement plus d’immigrés que les pays membres de l’OCDE, mais encore, elle accueille une proportion d’étudiants en licence près de deux fois supérieure à la moyenne de l’OCDE.
Ainsi, le système français offre à des personnes massivement issues de pays au système scolaire plus faible que le sien des études pratiquement gratuites qui se solderont par un nombre considérable d’échecs aux frais des contribuables résidant en France.
À l’inverse, nombre de pays cherchent soit à attirer des élèves au niveau élevé qui apporteront à leurs établissements innovation et prestige, soit à attirer des élèves susceptibles de contribuer au financement de leur système.
3.6.2 Les frais et modalités
Là où la France (dans les universités publiques) ne pratique que très rarement des frais différenciés, la majeure partie des pays de l’OCDE surfacture les étudiants étrangers. Par exemple, « l’Australie, le Canada et Israël appliquent des frais différenciés pour les étudiants nationaux et étrangers. En Israël, les frais d’inscription moyens facturés par les établissements publics aux étudiants internationaux en licence sont plus de trois fois supérieurs aux frais facturés aux étudiants nationaux. »123.
| Le système canadien pour les étudiants internationaux Le Canada accueille annuellement 468 087 étudiants étrangers124, soit 21,2% du nombre total des étudiants dans le pays, un chiffre en constante augmentation. Alors que les étudiants canadiens paient en moyenne 6800$ canadiens125 en premier cycle, les étudiants étrangers doivent s’acquitter de frais moyens de 36 100 $ canadiens (23 000€) en premier cycle d’études supérieures et de 21 100 (13 450€) en second cycle126. Les coûts différenciés suivant les grades universitaires préparés peuvent avoir pour effet d’attirer majoritairement des personnes ayant déjà fait leurs preuves dans le monde académique et venant recevoir une formation de relativement haut niveau. Par ailleurs, il leur faut être inscrit au sein d’un établissement approuvé par le gouvernement pour l’accueil d’étudiants étrangers127, ce qui permet d’éviter la création de « fausses écoles » devenant des voies migratoires. La preuve d’une capacité à mobiliser au moins 13 000€ par année est également demandée, en plus des frais de scolarité afin de s’assurer que l’étudiant puisse subvenir à ses besoins. |
Conclusion
L’ensemble de cette étude nous conduit à conclure que le système français d’accueil des étudiants étrangers est amplement marqué par un contrôle faible des admissions comme des renouvellements des visas et des titres de séjour, ainsi qu’une surreprésentation des étudiants originaires d’Afrique (en proportion unique dans l’OCDE), un fort taux d’échec académique et un coût net important pour les finances publiques.
D’une politique sans direction claire, uniquement guidée par une perspective quantitative, résulte un accueil indifférencié de personnes à fort potentiel et de personnes en situation d’échec académique, suivant des parcours à faible valeur ajoutée pour le système universitaire français et les ambitions économiques du pays d’accueil. La France se trouve accueillir des étudiants largement en échec, majoritairement financés par les derniers publics et sans aucune certitude de « retour sur investissement » concernant ceux qui réussissent.
Ainsi, nous pouvons voir que l’immigration étudiante est aujourd’hui, malgré ce qui peut en être dit, une filière migratoire largement « subie », permettant à des personnes de suivre plusieurs années dans l’enseignement supérieur public, sans contribuer à son financement, et à y échouer en grand nombre. Cependant, cette situation n’est pas une fatalité : les pouvoirs publics ont encore la main sur cette voie d’entrée sur le territoire et ne sont pas liés par des traités supranationaux ou des jurisprudences lourdement contraignantes, au contraire de nombreuses autres voies d’immigration – celle pour motifs familiaux, celle du droit d’asile…
En l’état, il semble raisonnable de dire que le système de l’immigration étudiante en France n’est pas façonné pour apporter au pays de bénéfices ni financiers, ni académiques. Il est donc urgent de le réformer – car il est indéniable qu’une immigration étudiante choisie, bien orientée et d’un bon niveau peut apporter beaucoup au pays, à ses universités et au monde.
Synthèse des recommandations
- Remplacer, dans l’article L422-1 du CESEDA, la formule « se voit délivrer une carte de séjour » par « peut se voir délivrer une carte de séjour », afin de laisser la main au ministère de l’Intérieur quant à l’attribution des titres de séjour pour motif étudiant, et de mettre un terme au « droit opposable » créé par la forme actuelle dudit article.
- Mettre en œuvre une politique de choix n’accordant des places qu’aux étudiants :
- Se destinant à des études correspondant à des domaines connaissant une pénurie d’effectifs qualifiés en France (ingénierie, médecine, etc) ;
- Ou à des études d’un niveau académique particulièrement élevé : grandes écoles sur condition de concours, doctorat, sur conditions d’excellence dans leur pays et d’acceptation par l’université – selon les mêmes critères que l’obtention d’un financement pour un étudiant français ;
- Faire payer le coût plein de leurs études (sans possibilité d’aides publiques) ou refuser l’admission aux étudiants ne correspondant pas à ces critères.
- Supprimer la voie d’accès à un visa ou un titre de séjour étudiant sur présentation d’une admission délivrée hors-procédure, obtenue directement auprès d’établissements non répertoriés sur la plateforme « Études en France ».
- Restreindre l’obtention des visas étudiants à une liste d’écoles et de cursus déterminés par arrêté, en fonction de leur excellence reconnue et des besoins économiques.
- Privilégier les échanges à destination d’étudiants déjà en étude dans leur pays et dont les établissements disposent de partenariats avec des établissements français.
- Supprimer le titre de séjour pour motif étudiant ou ne pas le renouveler dans les cas suivants, afin d’éviter les phénomènes de maintien d’opportunité sur le territoire et de ne pas faire peser les coûts d’une scolarité en échec sur l’ensemble du système :
- Manque d’assiduité aux travaux dirigés et aux examens ;
- Non-obtention d’une année d’études – sauf motif exceptionnel justifié.
- Rehausser le montant minimum de ressources mensuelles exigés pour attester que l’étudiant étranger est en mesure de subvenir à ses propres besoins : le passer de 615 € à 750 € au moins – dans un premier temps.
- Exiger la preuve préalable de l’obtention d’un logement par l’étudiant étranger avant d’autoriser son entrée sur le territoire français.
- Limiter fortement, par la loi, la possibilité pour les universités d’exempter les étudiants extra-communautaires du paiement des droits d’admission différenciés, sous peine de sanction administrative
- Campus France “Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde”, Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.35 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.34 (incluant 10 772 apprentis étrangers en section de technicien supérieur) ↩︎
- Ibid. p.34 ↩︎
- Ibid. p.34 (pour tout le paragraphe) ↩︎
- Voir les sites des universités Sorbonne Nouvelle et Aix-Marseille (Lien 1) & (Lien 2) ↩︎
- (Lien) consulté le 07/07/2025 ↩︎
- Voir partie II. e. ↩︎
- Communiqué de presse de France Université du 2 décembre 2024 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », Cour des Comptes, p.114 (Lien) ↩︎
- Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, Article L422-1 (Lien) ↩︎
- Dispositions qui souffrent plusieurs exceptions ↩︎
- Campus France “Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde”, Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p. 34 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.34 ↩︎
- Voir partie II. a ↩︎
- Ibid. p.42 ↩︎
- Ibid. p.39 ↩︎
- Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origines, Info Migration, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur, numéro 120, Juin 2025, p.2 (Lien) ↩︎
- Ibid, p.2. ↩︎
- Ibid, p.3. ↩︎
- Ibid, p.3. ↩︎
- Campus France, « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, mai 2025 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Campus France “Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde”, Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.38 (Lien) ↩︎
- « L’essentiel sur…les immigrés et les étrangers », Insee, 22/05/2025 (Lien) ↩︎
- N. Charles, C. Jolly, Rapport ”Etudiants étrangers et marché du travail”, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, Novembre 2013, p.50 (Lien) ↩︎
- Voir partie I. d. ↩︎
- Campus France « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.44 (Lien) – Chiffres parmi les inscrits à l’université, seul type d’établissement pour lequel la ventilation par niveau est disponible. ↩︎
- « Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche », Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (MESER), 2024, p.239 (Lien) ↩︎
- Campus France « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.45 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.45 ↩︎
- « État de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en France », Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (Lien) ↩︎
- Campus France « Les chiffres clefs de la mobilité étudiante dans le monde », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale, Mai 2025, p.48 (Lien) ↩︎
- « Les étudiants étrangers en mobilité internationale dans l’enseignement supérieur français – 2023-2024 », L’essentiel de l’Immigration n°2024-118, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur Octobre 2024 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- E. Terrier et R. Séchet, « Les étudiants étrangers : entre difficultés de la mesure et mesures restrictives. Une application à la Bretagne », Norois, 203, 2007, P.41. (Lien) ↩︎
- « Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche », La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, 2024, p.241 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Rapport public thématique, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », Cour des Comptes (Lien) ↩︎
- Voir partie II. b ↩︎
- Partie I. c. ↩︎
- « L’accès aux soins se dégrade dans les zones rurales », INSEE Pays de la Loire (Lien) ↩︎
- ”Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche”, Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, 2024 (Lien) p.241 ↩︎
- (Lien), mai 2025 ↩︎
- (Lien), p.239 ↩︎
- (Lien), mai 2025 ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », p.124 (Lien) ↩︎
- Informations du SIES, note d’information 20.10 « Parcours et réussite des étudiants étrangers en mobilité internationale », Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (Lien) – tous les taux d’échec sont issus de ce document et se rapportent à l’année scolaire 2018/2019, seule pour laquelle les données en question sont trouvables ↩︎
- Campus France « Les bourses du gouvernement français pour les étudiants étrangers », Agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur, l’accueil et la mobilité internationale (Lien) ↩︎
- « Les titres de séjours », L’essentiel de l’Immigration n°2025-128, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur, Juin 2025 (Lien) ↩︎
- « « Bienvenue en France »: la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 08/04/2029 (Lien) ↩︎
- « « Bienvenue en France »: la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux », Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, 08/04/2029 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, Article L422-1 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, “ L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères”, 2023, p.58 (Lien) ↩︎
- « Une école de commerce accusée de laisser entrer des étudiants étrangers illégalement sur le territoire », Le Figaro, 11/28/23 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Rapport d’information déposé par la commission des affaires culturelles et de l’éducation, n° 2458, 16e législature, Assemblée Nationale, 10 avril 2024 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p.106 (Lien) ↩︎
- Ibid. p. 106 ↩︎
- P. Hermelin, Propositions pour une amélioration de la délivrance des visas, Rapport d‘avril 2023, p.18 (Lien) ↩︎
- Circulaire IMII0800042C du 7 octobre 2008 Étudiants étrangers – ”Appréciation du caractère réel et sérieux des études”, du ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire et de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Rapport public thématique, Cour des Comptes, « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères », p.59 (Lien) ↩︎
- Voir partie I. e. ↩︎
- Rapport public thématique, Cour des Comptes, « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères », p.59 (Lien) ↩︎
- L’immigration des étudiants étrangers en France, Réseau européen des migrations, Ministère de l’intérieur, 2012 (Lien) ↩︎
- Partie II. a. ↩︎
- Rapport public thématique, Cour des Comptes, « L’entrée, le séjour et le premier accueil des personnes étrangères », p.59 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p.130 (Lien) ↩︎
- Voir les sites des universités Sorbonne Nouvelle et Aix-Marseille : (Lien 1) & (Lien 2) ↩︎
- Campus France, ”Droits différenciés”, 9/10/2024 (Lien) ↩︎
- A. Miallier, ”Droits différenciés : seules 13 universités les appliquent complètement”, AEF, 3/04/2 (Lien) ↩︎
- Site de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, « Étudiant(e) en mobilité individuelle » (consulté le 02/08/2025) (Lien) ↩︎
- Campus France, ”Droits différenciés”, 9/10/2024 (Lien) ↩︎
- Voir exemptions prévues dans le droit commun ↩︎
- « Droits différenciés : profil des étudiants internationaux concernés en 2023-2024 », Note-flash du SIES n°2, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Février 2025 (Lien) ↩︎
- « Droits différenciés : profil des étudiants internationaux concernés en 2023-2024 », Note-flash du SIES n°2, Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Février 2025 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025 (Lien) ↩︎
- « On a une dépense supplémentaire forcée d’environ 500 millions d’euros » : les universités inquiètes de la baisse attendue des dotations”, Le Parisien, 29 janvier 2025 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025 p.119 – les coûts évoqués ensuite proviennent tous du même rapport 2025 (Lien) ↩︎
- Rapport « Précarité étudiante Des arbitrages au quotidien pour les jeunes », Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, Anne-Cécile CASEAU, avril 2025, p.7 (Lien) ↩︎
- « Les boursiers sur critères sociaux en 2023-2024 », Note-flash du SIES n°24, Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, Septembre 2024 – Hors échelon 0bis, soit 467 323 personnes. Évaluation a minima du montant car il est probable que les étrangers boursiers soient compris dans le chiffre (Lien) ↩︎
- Rapport d’information n°1527 déposé par la commission des affaires étrangères valant avis sur le projet de contrat d’objectifs et de performance de Campus France pour 2023-2025, M. Bruno FUCHS et Mme. Sabrina SEBAIHI, Assemblée nationale, 2023 (Lien) ↩︎
- Rapport d’information n° 4817 sur « sur le logement et la précarité des étudiants, des apprentis et des jeunes actifs », David CORCEIRO et Richard LIOGER, Assemblée nationale, 2021 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p. 127 (Lien) ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Ibid. p.130 ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025 (Lien) ↩︎
- Ibid. p.105 ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Observations définitives, « La situation et les perspectives financières de Sciences Po », Cour des Comptes, 2025 (Lien) ↩︎
- Site de Sciences Po, « Sciences Po en un coup d’œil » (Lien) ↩︎
- Rapport d’information au nom de la mission d’information sur les influences étatiques extra-européennes dans le monde universitaire et académique français et leurs incidences, A. GATTOLIN, 29 septembre 2021 (Lien) ↩︎
- R. ADAMS, ”L’offensive cognitive chinoise dans les universités”, EGE, 20 novembre 2023 (Lien) ↩︎
- (Lien) ↩︎
- « Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine », Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’intérieur (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.185 (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.185 (Lien) ↩︎
- « Comment travailler en France après ses études », République française (Lien) ↩︎
- « L’essentiel sur… les salaires », Insee, 17/12/2024 (Lien) ↩︎
- (Lien) ↩︎
- « Repères et référence statistiques, enseignement, formation, recherche », La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, 2024, p.292 (Lien) ↩︎
- Rapport public thématique de la Cour des Comptes, « Une évaluation de l’attractivité de l’enseignement supérieur français pour les étudiants internationaux », 2025, p.124 (Lien) ↩︎
- Brèves #13 – CAMPUS FRANCE ↩︎
- N. Charles, C. Jolly, Rapport ”Étudiants étrangers et marché du travail”, Commissariat général à la stratégie et à la prospective du Premier ministre, Novembre 2013, p.48 (Lien) ↩︎
- « Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine », Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’intérieur (Lien) ↩︎
- Voir étude OID « L’immigration des Algériens », juin 2025 (Lien) ↩︎
- ”Le profil et les parcours administratifs des étudiants primo-arrivants : des situations contrastées selon les pays d’origine”, Info Migration, Direction générale des étrangers en France, Ministère de l’Intérieur, numéro 120, Juin 2025 (Lien) – l’ensemble des chiffres sur les étudiants demeurant sur le territoire de ce paragraphe proviennent de cette source. Le fait qu’ils soient exprimés en ordres de grandeur résulte de l’imprécision des graphiques présentés par la DGEF et de l’absence de publication des données détaillées. ↩︎
- Voir partie I.e. ↩︎
- Ibid. ↩︎
- Comment devient-on citoyen français, Vie Publique, République Française (Lien) ↩︎
- ”Les chiffres de l’aide publique au développement, Répartition géographique”, République française (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.135 (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.148 (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.137 (Lien) ↩︎
- Informations du SIES, note d’information 20.10 « Parcours et réussite des étudiants étrangers en mobilité internationale », Ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche (Lien) ↩︎
- Perspectives des migrations internationales 2022, OCDE, 2023, p.173 (Lien) ↩︎
- ”Effectifs et diplômés postsecondaires au Canada, 2022-2023”, Le Quotidien, 20 novembre 2024 ↩︎
- (Lien) ↩︎
- « Frais d’études pour les étudiants internationaux au Canada », EduCanada (Lien) ↩︎
- « Permis d’études et visas », EduCanada (Lien) ↩︎