L’immigration aujourd’hui : les données essentielles du débat – Partie 1 : les flux.
L’immigration aujourd’hui : les données essentielles du débat – Partie 1 : les flux.
Table des matières
L’essentiel
L’immigration est un phénomène qui présente différents aspects et peut être approché de différentes manières. L’immigration est en effet caractérisée par des flux entrants et sortants – ceux sortant, que l’on appelle émigration seront abordés dans un autre article – qui s’accumulent d’année en année pour former des stocks. Cet article traite des flux et un autre sera consacré aux stocks.
Surtout, l’immigration se caractérise par ses différentes formes. Au sens classique du terme, on entend par immigration les entrées sur le territoire national pour une durée plus ou moins longue, généralement supérieure à trois mois, pour des raisons familiales, éducatives ou économiques (partie 1.1.). Sur la période récente, le phénomène migratoire a été marqué par une immigration de nouvelle nature, constituée des demandeurs d’asile (partie 1.2.) mais également des demandeurs mineurs appelés MNA (partie 1.3.). Ces différentes catégories d’immigrés ne constituent cependant pas la totalité des immigrés venant en France puisque d’autres immigrés y viennent également pour une durée théoriquement plus courte (partie 1.4.).
Au-delà de ces formes légales d’immigration, on trouve en France comme dans la plupart des pays une immigration irrégulière, constituée d’individus présents sur le territoire sans en avoir le droit, soit qu’ils soient entrés sans en avoir le droit, soit qu’ils y soient entrés en ayant le droit mais que celui-ci se soit ensuite éteint (partie 2.1.). Des mesures d’éloignement du territoire français, bien en-deçà des enjeux, ont notamment vocation à répondre à cette problématique (partie 2.2.).
Enfin, il convient aussi de se pencher sur les flux d’acquisition de la nationalité française puisqu’une partie de ces immigrés, personnes nées étrangères à l’étranger, obtiennent chaque année la nationalité française (partie 3.).
1 – La pression migratoire en France, d’ores et déjà très élevée aujourd’hui, s’accentue
1.1. La délivrance de premiers titres de séjour atteint des niveaux inégalés : plus d’1,6 million sous la présidence d’Emmanuel Macron. Le motif « famille » en constitue l’un des premiers motifs, loin devant le motif « économique »
| Titres de séjour délivrés1 | 2000 | 2008 | 2013 | 2018 | 2023 (estimé) |
| Total | 188 000 | 184 000 | 205 000 | 255 000 | 326 954 (hors britanniques) |
| Famille | 69 100 | 84 000 | 94 000 | 89 000 | 91 078 |
| Étudiants | 55 000 | 52 000 | 62 000 | 82 000 | 108 375 |
| Économiques | 34 000 | 30 000 | 18 000 | 32 000 | 54 572 |
| Position2 | Pays | Nombre de premiers titres de séjour délivrés en 2023 (prov.) |
| 1er | Maroc | 36 648 |
| 2ème | Algérie | 31 943 |
| 3ème | Tunisie | 22 639 |
| 4ème | Chine | 14 602 |
| 5ème | États-Unis | 12 153 |
1.2. Par ailleurs, les demandes d’asile ont explosé sur la période et la France accorde de plus en plus généreusement l’asile aux demandeurs. C’est le deuxième pays d’Europe le plus attractif, derrière l’Allemagne
| 20003 | 20084 | 20135 | 20186 | 2023* (provisoire)7 | |
| Premières demandes d’asile | 38 747 | 27 061 | 45 925 | 92 338 | 145 1608 |
| Attributions (OFPRA et CNDA) | 5 185 | 11 484 | 11 428 | 33 330 | 60 892 |
| Taux d’attribution de l’asile | 13,38% | 42,43% | 24,88% | 36% | 44,70% |
*Pour l’année 2023, les chiffres incluent automatiquement les « mineurs accompagnants ».
Entre 2000 et 2023, les premières demandes d’asile en France ont quasiment quadruplé (+274%). La « crise des migrants » a contribué à cette évolution puisque le nombre de demandes d’asile a doublé entre 2013 et 2018. En raison des délais pour statuer sur les demandes ainsi que des allocations versées aux demandeurs d’asile, la France est très attractive.
L’Afghanistan reste le premier pays de provenance en matière d’asile pour la 6ème année consécutive en 2023, passant de 673 demandeurs d’asile en 2014 à 19 211 en 20239 (soit +2 700%). De même, la Guinée voit son nombre de primo-demandeurs augmenter de 70,2% et se hisse en 2ème position des principaux pays demandeurs d’asile. On trouve aussi plusieurs pays africains, des candidats à l’Union Européenne et des pays considérés comme sûrs10. On assiste ainsi à un détournement de la procédure de demande d’asile au profit d’une immigration économique, ce qui se fait au détriment des « vrais » demandeurs d’asile.
En 2023, 145 160 premières demandes d’asile ont été formulées en GUDA et 21 896 demandes de réexamen, soit 167 056 demandes au total en GUDA et une hausse de 7,2% par rapport à 2022. Toutefois, ce chiffre ne prend pas en compte les 20 141 autres demandes d’asile formulées hors GUDA11.
| Place | Pays | Nombre de primo-demandeurs d’asile en 2023 | Remarque |
| 1er | Afghanistan | 16 550 (-26,5% par rapport à 2022) | 678 demandes en 2014 |
| 2ème | Guinée | 10 512 (+70,2% par rapport à 2022) | |
| 3ème | Turquie | 9 806 (-1,5% par rapport à 2022) | Pays candidat à l’UE |
| 4ème | Bangladesh | 9 563 (-9,3% par rapport à 2022) | Pays sûr |
| 5ème | Côte d’Ivoire | 9 562 (+63,1% par rapport à 2022) |
Alors que les demandes d’asile ont doublé entre 2013 et 2018, l’obtention de l’asile a quant à elle quadruplé sur cette même période. On pourrait y voir un paradoxe français : alors que certains commentateurs ont pu critiquer la politique d’asile de la France pour sa rudesse et sa rigueur, le système français est en réalité de plus en plus « généreux ». Comme le remarquait justement François Lucas, préfet, ancien directeur de l’Immigration au ministère de l’Intérieur, « les réseaux le savent, on obtient plus facilement l’asile en France depuis cinq ans. »12
1.3. Les « mineurs non accompagnés » soulèvent également de nombreux enjeux
Les « mineurs non accompagnés» sont des personnes étrangères faisant l’objet d’un traitement spécifique dans le cadre de la politique d’asile de la France et dont la dénomination évolue fréquemment : jusqu’à récemment, on parlait ainsi de mineurs isolés étrangers (MIE) avant de privilégier la terminologie « mineurs non accompagnés » (MNA). Les départements français, qui sont en charge de la protection de l’enfance depuis plus de 30 ans, gèrent également les MNA malgré la volonté de la plupart d’entre eux de s’en dessaisir au profit de l’Etat.
Selon l’Assemblée des départements de France (ADF)13, le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) évalués comme tels et pris en charge par les services d’aide sociale à l’enfance des Départements a considérablement progressé depuis 2015 avec un triplement des effectifs entre 2016 et 2018. Il s’agit à 95% de garçons ; beaucoup d’entre eux proviennent d’Afrique subsaharienne. Par conséquent, les mineurs étrangers non accompagnés représentent aujourd’hui entre 15 et 20% des mineurs pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Les mineurs non accompagnés font aujourd’hui l’objet de nombreux débats, notamment juridiques en ce qui concerne la vérification de la minorité des MNA et budgétaires en raison du coût que cela représente pour les départements et les finances publiques. En effet, la vérification de la minorité et de l’isolement réel des jeunes qui présentent une demande est toujours très complexe. Selon l’Assemblée des départements de France, après évaluation, plus la moitié d’entre eux s’avèrent en réalité majeurs.
En ce qui concerne la dimension budgétaire, le coût moyen de la prise en charge d’un MNA au titre de l’ASE est estimé en moyenne à 50 000€ par mineur et par an, ce qui représente au global un coût financier annuel d’environ 2 milliards d’euros pour les départements (chiffre 2018).
1.4. Sur dix ans, les demandes de visas ont par ailleurs augmenté de plus de 85%
Les visas de long séjour évoqués précédemment ne constituent pas les uniques visas délivrés par la France puisqu’il existe en effet des visas de transit ou de court séjour.
| En millions | 2008 | 2013 | 2018 | 202314 |
| Demandes de visas | 2,3 | 2,8 | 4,3 | 2,9 |
| Délivrés court séjour | 1,9 | 2,3 | 3,3 | 2,1 |
| Délivrés long séjour | 0,16 | 0,17 | 0,22 | 0,29 |
Entre 2008 à 2018, la demande de visas a quasiment doublé en France (+85%), passant de plus de 2,3 millions de demandes à près de 4,3 millions.
La France reste certes la première destination touristique du monde – ce qui contribue à expliquer l’importance des demandes de visas en 2018, mais cette réalité a depuis évolué avec la crise sanitaire et il est impossible d’estimer le nombre de détenteurs court séjour qui ne quittent pas la France une fois l’expiration de leur visa et demeurent illégalement sur le territoire national.
| Pays | Visas délivrés en 2023 (provisoire)15 |
| Chine | 371 151 (+271%) |
| Maroc | 241 544 (+69%) |
| Inde | 213 475 (+34,6%) |
| Algérie | 209 708 (+59,8%)16 |
| Turquie | 130 834 (+26,6%) |
| Russie | 116 246 (+69,3%) |
| Arabie Saoudite | 109 779 (+19,6%) |
2 – L’importance de la non-exécution des mesures d’éloignement du territoire français ainsi que le nombre élevé de clandestins présents sur le territoire national révèlent l’échec de la politique migratoire française
2.1. S’il n’est pas possible de connaître le nombre exact de clandestins présents en France, les estimations qui peuvent être réalisées témoignent de l’ampleur du phénomène
Par définition, il est impossible de connaître le nombre de clandestins présents sur le sol français dans la mesure où ils s’y trouvent sans en avoir le droit. Il existe néanmoins des estimations du nombre de personnes présentes illégalement sur le territoire français et l’on peut également comprendre comment ceux-ci accèdent au territoire français.
Le droit d’asile semble ainsi être une fabrique à séjours irréguliers. Selon le préfet François Lucas, « le doublement des demandes ces cinq dernières années révèle un détournement de la procédure, pas seulement une faillite du système Dublin. Il s’agit en effet de migrations économiques ». En d’autres termes, il existe un « stock » de demandeurs d’asile déboutés, qui restent et qui ne sont pas reconduits.
Pour estimer le nombre de clandestins sur le territoire français, le meilleur indicateur est celui des bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME) dont le nombre augmente chaque année. On en comptait 139 000 en 2001 à sa création mais environ 466 000 en 202317 (+13,5% par rapport à 2022). Celui-ci sous-estime cependant le nombre de clandestins présents sur le territoire français dans la mesure où tous n’utilisent pas ce droit qui leur est ouvert. La mesure des demandes de régularisation constitue aussi un indice, mais également insuffisant, car il peut se passer des mois ou des années avant qu’une personne présente clandestinement en France demande à régulariser sa situation.
Un récent rapport d’information parlementaire18 consacré à la Seine-Saint-Denis suggère l’ampleur du phénomène de l’immigration clandestine. Selon les estimations des interlocuteurs rencontrés par les rapporteurs de ce rapport, MM. François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo, le nombre de clandestins en Seine-Saint-Denis serait compris entre 150 000 (l’équivalent de la population de l’Ariège !) et 400 000 (l’équivalent de la population des Landes !), en plus des centaines de milliers de personnes de nationalité étrangère en situation régulière dans le département (423 879 en 2014)19.
Le nombre élevé de clandestins en France suscite ainsi la surprise de certains Français qui auraient pensé que ces chiffres étaient une fake news !20
2.2. Lorsqu’elles sont prises, les mesures d’éloignement du territoire français sont en réalité peu suivies d’effets
En France, les clandestins ont plus de chance d’être régularisés que d’être éloignés du territoire ! Le message envoyé à l’Asie et à l’Afrique est clair et dangereux : le risque de renvoi de l’Union européenne est faible pour les clandestins et la politique migratoire des pays membres est laxiste.
Chaque année en France, un peu plus de 30 000 clandestins seraient ainsi régularisés21, c’est-à-dire passeraient du statut de clandestin à immigrés légaux en raison de l’obtention d’un titre de séjour.
Pour 2022 (derniers chiffres définitifs), l’admission exceptionnelle au séjour (AES) représentait 34 302 titres22, dont 22 420 pour un motif familial. Toutefois, si l’on ajoute les « étrangers entrés mineurs » (10 042 titres accordés en 2022), les étrangers malades (3 291 titres accordés en 2022) et les victimes de traite et de violence conjugales (300 titres accordés en 2022), on aboutissait alors à 47 935 titres de séjour au minimum accordés à des étrangers pour les régulariser en 2022, hors asile (au minimum, car il y a 4 238 titres « divers » pour lesquels les motifs ne sont pas précisés par le ministère de l’Intérieur). Enfin, en intégrant les régularisations au titre de l’asile, pour la protection subsidiaire (10 727 titres accordés en 2022) et les réfugiés (27 137 titres en 2022), on aboutissait alors à un total de 85 799 régularisations au titre du séjour et de l’asile en 202223.
Concernant les mesures d’éloignement exécutées, celles-ci sont beaucoup plus modestes.
| 202324 | |
| Total éloignements forcés | 11 722 |
| Total éloignements aidés | 2 832 |
| Total éloignements spontanés | 2 494 |
| Total éloignements | 17 048 |
A ces mesures d’éloignements s’ajoutent également des départs volontaires aidés (1 635 en 2023) et des départs spontanés (4 021 en 2023)25.
Si les éloignements ci-dessous correspondent à des mesures d’éloignement effectives, un grand nombre des mesures d’éloignement prises en France ne sont pas appliqués, comme le démontre un récent rapport de la Cour des Comptes26 :

Pour rappel, il existe en France trois procédures autoritaires de sortie du territoire français, qui correspondent à des situations différentes :
- l’obligation de quitter le territoire français (OQTF), qui a remplacé la reconduite à la frontière et qui relève du préfet ;
- l’expulsion, qui est une mesure de police administrative, prononcée par arrêt du préfet ou du ministre de l’Intérieur, lorsque la présence d’un étranger sur le territoire français constitue une menace grave pour l’ordre public ;
- l’extradition, qui permet de remettre un étranger à la disposition de la justice d’un État qui demande à le juger ;
- l’interdiction du territoire français, qui est une peine principale ou complémentaire prononcée par le juge pénal contre un étranger résidant en France et ayant commis un crime ou un délit.
Nous nous intéressons ici aux obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui concernent les étrangers en situation irrégulière, soit qu’ils n’ont pas demandé de titre de séjour soit qu’ils se sont vus refuser ou retirer un titre de séjour.
Sur longue période, les chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur, cités par Libération, montrent que le taux d’exécution des OQTF est très faible : « On peut voir que depuis 2010 et jusqu’à 2013, ce taux varie entre 15 et 20% »27. En 2020, année du Covid-19, ce taux d’exécution tombe à 6,9% (7 376 OQTF exécutées sur 107 488 prononcées28).
Enfin, selon les plus récentes données publiques pour l’année 2023, le ratio d’exécution des mesures d’éloignement serait « de l’ordre de 10% », avec 11 722 retours forcés exécutés (dont 5729 vers les pays tiers hors UE), soit une hausse de 2,7% par rapport à 2022, mais un niveau inférieur de 38% à celui constaté en 201929.
Il est d’autant plus préoccupant que les OQTF ne concernent que ceux des clandestins qui sont identifiés, soit parce qu’un titre leur a été refusé soit parce qu’ils ont été contrôlés : la plupart des étrangers en situation irrégulière échappent en effet à ce type de décision administrative.
Si les raisons d’un tel échec sont multiples, pour le préfet François Lucas, elles sont d’abord dues à la « difficulté d’obtenir la coopération des États de retour »30 à laquelle « s’est ajoutée la dépénalisation du séjour irrégulier par la CJUE (El Dridi, 2012) ».
3 – Il convient de rappeler que les différentes voies d’acquisition de la nationalité française, relativement aisée, conduisent à attribuer la nationalité française à environ 100 000 nouvelles personnes chaque année
Environ 100 000 personnes acquièrent la nationalité française chaque année31. Au total, environ 3 millions de personnes ont acquis la nationalité française depuis l’an 2000.
Pour ceux qui ne sont pas français de naissance, en effet, il existe trois possibilités principales d’obtenir la nationalité française :
- un enfant né en France de parents étrangers dont aucun n’est lui-même né en France, devient français à sa majorité s’il réside alors en France et s’il y a eu sa résidence pendant au moins cinq ans, depuis l’âge de onze ans ;
- le conjoint étranger d’un Français acquiert la nationalité française par simple déclaration après quatre ans de mariage et de vie commune, sous la seule condition d’une connaissance suffisante de la langue française ;
- un étranger qui réside en France depuis cinq ans au moins et qui « justifie de son assimilation à la communauté française, notamment par une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue française et des droits et devoirs conférés par la nationalité française » peut obtenir la nationalité française par décret de naturalisation. Ainsi, la naturalisation n’est qu’un mode parmi d’autres d’acquisition de la nationalité française.
| 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2023 | |
| A-Par décret (y.c. effets collectifs) | 52 207 | 57 610 | 61 564 | 68 067 | 65 654 | 55 830 | 40 064 |
| B-Par déclaration (y.c. effets collectifs) | 42 989 | 45 999 | 50 314 | 49 017 | 46 672 | 52 350 | 55 105 |
| – Par mariage | 17 513 | 19 725 | 25 044 | 20 702 | 17 476 | 21 000 | 19 455 |
| – Par ascendants et fratries | 6 | 544 | 948 | 2 121 | |||
| – Déclarations anticipées (13-17 ans) | 24 099 | 25 043 | 24 159 | 27 100 | 27 501 | 29 340 | 32 533 |
| – Autres déclarations | 1 377 | 1 231 | 1 111 | 1 209 | 1 151 | 1 062 | 996 |
| Acquisitions prononcées (A+B) | 95 196 | 103 609 | 111 878 | 117 084 | 112 326 | 108 180 | 95 169 |
| C-Acquisitions sans formalité | 2 080 | 2 004 | 1 730 | 2 068 | 1 948 | 1 834 | 2 119 |
| Ensemble des acquisitions (A+B+C) | 97 276 | 105 613 | 113 608 | 119 152 | 114 274 | 110 014 | 97 288 |
Notes
- Ministère de l’Intérieur, Les principales données de l’immigration, parution du 12/06/2019 (Lien) et L’essentiel de l’immigration, Les titres de séjour, parution du 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
- INSEE, Premières demandes et octroi de l’asile, parution du 30/03/2023 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
- Idem ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration, Les demandes d’asile, 15/01/2019 (Lien) ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’essentiel de l’immigration, Les demandes d’asile, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Premières demandes formulées en GUDA ↩︎
- OFPRA, Rapport d’activité 2023, 18/07/2024 (Lien) ↩︎
- Le Conseil d’administration de l’OFPRA fixe la liste des pays d’origine des demandeurs d’asile pouvant être considérés comme des pays d’origine sûrs, au regard des garanties de protection que les autorités de ces pays offrent contre les persécutions et les mauvais traitements ainsi que sur les sanctions qu’elles prévoient en cas de violation avérée des droits individuels. ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration, Les demandes d’asile, 27/06/2024 ↩︎
- Intervention de François Lucas, préfet, ancien directeur de l’Immigration au ministère de l’Intérieur, lors du séminaire « Immigration et intégration” organisé par la Fondation Res Publica en juillet 2019 (Lien) ↩︎
- Assemblée des départements de France (ADF), février 2020, Fiche Info relative aux MNA (Lien) ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’essentiel de l’immigration, Les titres de séjour, 27/06/2024 ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration, La délivrance des visas aux étrangers, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- L’Algérie était 2ème en 2017 en termes de visas de court séjour attribués avec plus de 413 000. ↩︎
- Claude Évin et Patrick Stéfanini, avec l’appui de l’IGA / IGAS, mission « Rapport sur l’Aide médicale d’Etat » p. 9 (Lien) ↩︎
- Rapport d’information sur l’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine Saint-Denis, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 31 mai 2018 (rapport Cornut-Gentille Kokouendo) (Lien). ↩︎
- Idem « Selon les estimations publiées par l’INSEE, la Seine-Saint-Denis compte 1 646 105 habitants au 1er janvier 2018. Parmi ces derniers, on dénombre plusieurs centaines de milliers de personnes de nationalité étrangère en situation régulière (en 2014, 423 879) » p. 22 (Lien) ↩︎
- Le journal Libération, via sa plateforme CheckNews, s’est par exemple ainsi penché sur la question (Lien) ↩︎
- Nouvel Obs, « 30 000 clandestins sont régularisés chaque année », 27 juin 2012, consulté en juin 2020, (Lien) ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration. Les titres de séjour, 27/06/2024 ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration. Les titres de séjour, 27/06/2024 ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration. La lutte contre l’immigration irrégulière, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
- Cour des Comptes « La politique de lutte contre l’immigration irrégulière » janvier 2024 p. 100 (Lien) ↩︎
- Libération, « Pourquoi les étrangers en situation irrégulière ne sont pas tous expulsés », octobre 2018, consulté en juin 2020 (Lien). ↩︎
- Sénat, Projet de loi de finance 2022. Taux d’exécution des OQTF, 03/04/2022 (Lien) ↩︎
- Sénat, Projet de loi de finance 2025. Annexe n°16 : immigration, asile et intégration, 21/11/2024 (Lien) ↩︎
- Voir également sur ce sujet Maxime Tandonnet, Au coeur du volcan : Carnets de l’Elysée, 2007-2012 paru en 2014. ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’essentiel de l’immigration, L’accès à la nationalité française, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
1 – La pression migratoire en France, d’ores et déjà très élevée aujourd’hui, s’accentue
1.1. La délivrance de premiers titres de séjour atteint des niveaux inégalés : plus d’1,6 million sous la présidence d’Emmanuel Macron. Le motif « famille » en constitue l’un des premiers motifs, loin devant le motif « économique »
| Titres de séjour délivrés1 | 2000 | 2008 | 2013 | 2018 | 2023 (estimé) |
| Total | 188 000 | 184 000 | 205 000 | 255 000 | 326 954 (hors britanniques) |
| Famille | 69 100 | 84 000 | 94 000 | 89 000 | 91 078 |
| Étudiants | 55 000 | 52 000 | 62 000 | 82 000 | 108 375 |
| Économiques | 34 000 | 30 000 | 18 000 | 32 000 | 54 572 |
| Position2 | Pays | Nombre de premiers titres de séjour délivrés en 2023 (prov.) |
| 1er | Maroc | 36 648 |
| 2ème | Algérie | 31 943 |
| 3ème | Tunisie | 22 639 |
| 4ème | Chine | 14 602 |
| 5ème | États-Unis | 12 153 |
1.2. Par ailleurs, les demandes d’asile ont explosé sur la période et la France accorde de plus en plus généreusement l’asile aux demandeurs. C’est le deuxième pays d’Europe le plus attractif, derrière l’Allemagne
| 20003 | 20084 | 20135 | 20186 | 2023* (provisoire)7 | |
| Premières demandes d’asile | 38 747 | 27 061 | 45 925 | 92 338 | 145 1608 |
| Attributions (OFPRA et CNDA) | 5 185 | 11 484 | 11 428 | 33 330 | 60 892 |
| Taux d’attribution de l’asile | 13,38% | 42,43% | 24,88% | 36% | 44,70% |
*Pour l’année 2023, les chiffres incluent automatiquement les « mineurs accompagnants ».
Entre 2000 et 2023, les premières demandes d’asile en France ont quasiment quadruplé (+274%). La « crise des migrants » a contribué à cette évolution puisque le nombre de demandes d’asile a doublé entre 2013 et 2018. En raison des délais pour statuer sur les demandes ainsi que des allocations versées aux demandeurs d’asile, la France est très attractive.
L’Afghanistan reste le premier pays de provenance en matière d’asile pour la 6ème année consécutive en 2023, passant de 673 demandeurs d’asile en 2014 à 19 211 en 20239 (soit +2 700%). De même, la Guinée voit son nombre de primo-demandeurs augmenter de 70,2% et se hisse en 2ème position des principaux pays demandeurs d’asile. On trouve aussi plusieurs pays africains, des candidats à l’Union Européenne et des pays considérés comme sûrs10. On assiste ainsi à un détournement de la procédure de demande d’asile au profit d’une immigration économique, ce qui se fait au détriment des « vrais » demandeurs d’asile.
En 2023, 145 160 premières demandes d’asile ont été formulées en GUDA et 21 896 demandes de réexamen, soit 167 056 demandes au total en GUDA et une hausse de 7,2% par rapport à 2022. Toutefois, ce chiffre ne prend pas en compte les 20 141 autres demandes d’asile formulées hors GUDA11.
| Place | Pays | Nombre de primo-demandeurs d’asile en 2023 | Remarque |
| 1er | Afghanistan | 16 550 (-26,5% par rapport à 2022) | 678 demandes en 2014 |
| 2ème | Guinée | 10 512 (+70,2% par rapport à 2022) | |
| 3ème | Turquie | 9 806 (-1,5% par rapport à 2022) | Pays candidat à l’UE |
| 4ème | Bangladesh | 9 563 (-9,3% par rapport à 2022) | Pays sûr |
| 5ème | Côte d’Ivoire | 9 562 (+63,1% par rapport à 2022) |
Alors que les demandes d’asile ont doublé entre 2013 et 2018, l’obtention de l’asile a quant à elle quadruplé sur cette même période. On pourrait y voir un paradoxe français : alors que certains commentateurs ont pu critiquer la politique d’asile de la France pour sa rudesse et sa rigueur, le système français est en réalité de plus en plus « généreux ». Comme le remarquait justement François Lucas, préfet, ancien directeur de l’Immigration au ministère de l’Intérieur, « les réseaux le savent, on obtient plus facilement l’asile en France depuis cinq ans. »12
1.3. Les « mineurs non accompagnés » soulèvent également de nombreux enjeux
Les « mineurs non accompagnés» sont des personnes étrangères faisant l’objet d’un traitement spécifique dans le cadre de la politique d’asile de la France et dont la dénomination évolue fréquemment : jusqu’à récemment, on parlait ainsi de mineurs isolés étrangers (MIE) avant de privilégier la terminologie « mineurs non accompagnés » (MNA). Les départements français, qui sont en charge de la protection de l’enfance depuis plus de 30 ans, gèrent également les MNA malgré la volonté de la plupart d’entre eux de s’en dessaisir au profit de l’Etat.
Selon l’Assemblée des départements de France (ADF)13, le nombre de mineurs non accompagnés (MNA) évalués comme tels et pris en charge par les services d’aide sociale à l’enfance des Départements a considérablement progressé depuis 2015 avec un triplement des effectifs entre 2016 et 2018. Il s’agit à 95% de garçons ; beaucoup d’entre eux proviennent d’Afrique subsaharienne. Par conséquent, les mineurs étrangers non accompagnés représentent aujourd’hui entre 15 et 20% des mineurs pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Les mineurs non accompagnés font aujourd’hui l’objet de nombreux débats, notamment juridiques en ce qui concerne la vérification de la minorité des MNA et budgétaires en raison du coût que cela représente pour les départements et les finances publiques. En effet, la vérification de la minorité et de l’isolement réel des jeunes qui présentent une demande est toujours très complexe. Selon l’Assemblée des départements de France, après évaluation, plus la moitié d’entre eux s’avèrent en réalité majeurs.
En ce qui concerne la dimension budgétaire, le coût moyen de la prise en charge d’un MNA au titre de l’ASE est estimé en moyenne à 50 000€ par mineur et par an, ce qui représente au global un coût financier annuel d’environ 2 milliards d’euros pour les départements (chiffre 2018).
1.4. Sur dix ans, les demandes de visas ont par ailleurs augmenté de plus de 85%
Les visas de long séjour évoqués précédemment ne constituent pas les uniques visas délivrés par la France puisqu’il existe en effet des visas de transit ou de court séjour.
| En millions | 2008 | 2013 | 2018 | 202314 |
| Demandes de visas | 2,3 | 2,8 | 4,3 | 2,9 |
| Délivrés court séjour | 1,9 | 2,3 | 3,3 | 2,1 |
| Délivrés long séjour | 0,16 | 0,17 | 0,22 | 0,29 |
Entre 2008 à 2018, la demande de visas a quasiment doublé en France (+85%), passant de plus de 2,3 millions de demandes à près de 4,3 millions.
La France reste certes la première destination touristique du monde – ce qui contribue à expliquer l’importance des demandes de visas en 2018, mais cette réalité a depuis évolué avec la crise sanitaire et il est impossible d’estimer le nombre de détenteurs court séjour qui ne quittent pas la France une fois l’expiration de leur visa et demeurent illégalement sur le territoire national.
| Pays | Visas délivrés en 2023 (provisoire)15 |
| Chine | 371 151 (+271%) |
| Maroc | 241 544 (+69%) |
| Inde | 213 475 (+34,6%) |
| Algérie | 209 708 (+59,8%)16 |
| Turquie | 130 834 (+26,6%) |
| Russie | 116 246 (+69,3%) |
| Arabie Saoudite | 109 779 (+19,6%) |
2 – L’importance de la non-exécution des mesures d’éloignement du territoire français ainsi que le nombre élevé de clandestins présents sur le territoire national révèlent l’échec de la politique migratoire française
2.1. S’il n’est pas possible de connaître le nombre exact de clandestins présents en France, les estimations qui peuvent être réalisées témoignent de l’ampleur du phénomène
Par définition, il est impossible de connaître le nombre de clandestins présents sur le sol français dans la mesure où ils s’y trouvent sans en avoir le droit. Il existe néanmoins des estimations du nombre de personnes présentes illégalement sur le territoire français et l’on peut également comprendre comment ceux-ci accèdent au territoire français.
Le droit d’asile semble ainsi être une fabrique à séjours irréguliers. Selon le préfet François Lucas, « le doublement des demandes ces cinq dernières années révèle un détournement de la procédure, pas seulement une faillite du système Dublin. Il s’agit en effet de migrations économiques ». En d’autres termes, il existe un « stock » de demandeurs d’asile déboutés, qui restent et qui ne sont pas reconduits.
Pour estimer le nombre de clandestins sur le territoire français, le meilleur indicateur est celui des bénéficiaires de l’aide médicale d’État (AME) dont le nombre augmente chaque année. On en comptait 139 000 en 2001 à sa création mais environ 466 000 en 202317 (+13,5% par rapport à 2022). Celui-ci sous-estime cependant le nombre de clandestins présents sur le territoire français dans la mesure où tous n’utilisent pas ce droit qui leur est ouvert. La mesure des demandes de régularisation constitue aussi un indice, mais également insuffisant, car il peut se passer des mois ou des années avant qu’une personne présente clandestinement en France demande à régulariser sa situation.
Un récent rapport d’information parlementaire18 consacré à la Seine-Saint-Denis suggère l’ampleur du phénomène de l’immigration clandestine. Selon les estimations des interlocuteurs rencontrés par les rapporteurs de ce rapport, MM. François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo, le nombre de clandestins en Seine-Saint-Denis serait compris entre 150 000 (l’équivalent de la population de l’Ariège !) et 400 000 (l’équivalent de la population des Landes !), en plus des centaines de milliers de personnes de nationalité étrangère en situation régulière dans le département (423 879 en 2014)19.
Le nombre élevé de clandestins en France suscite ainsi la surprise de certains Français qui auraient pensé que ces chiffres étaient une fake news !20
2.2. Lorsqu’elles sont prises, les mesures d’éloignement du territoire français sont en réalité peu suivies d’effets
En France, les clandestins ont plus de chance d’être régularisés que d’être éloignés du territoire ! Le message envoyé à l’Asie et à l’Afrique est clair et dangereux : le risque de renvoi de l’Union européenne est faible pour les clandestins et la politique migratoire des pays membres est laxiste.
Chaque année en France, un peu plus de 30 000 clandestins seraient ainsi régularisés21, c’est-à-dire passeraient du statut de clandestin à immigrés légaux en raison de l’obtention d’un titre de séjour.
Pour 2022 (derniers chiffres définitifs), l’admission exceptionnelle au séjour (AES) représentait 34 302 titres22, dont 22 420 pour un motif familial. Toutefois, si l’on ajoute les « étrangers entrés mineurs » (10 042 titres accordés en 2022), les étrangers malades (3 291 titres accordés en 2022) et les victimes de traite et de violence conjugales (300 titres accordés en 2022), on aboutissait alors à 47 935 titres de séjour au minimum accordés à des étrangers pour les régulariser en 2022, hors asile (au minimum, car il y a 4 238 titres « divers » pour lesquels les motifs ne sont pas précisés par le ministère de l’Intérieur). Enfin, en intégrant les régularisations au titre de l’asile, pour la protection subsidiaire (10 727 titres accordés en 2022) et les réfugiés (27 137 titres en 2022), on aboutissait alors à un total de 85 799 régularisations au titre du séjour et de l’asile en 202223.
Concernant les mesures d’éloignement exécutées, celles-ci sont beaucoup plus modestes.
| 202324 | |
| Total éloignements forcés | 11 722 |
| Total éloignements aidés | 2 832 |
| Total éloignements spontanés | 2 494 |
| Total éloignements | 17 048 |
A ces mesures d’éloignements s’ajoutent également des départs volontaires aidés (1 635 en 2023) et des départs spontanés (4 021 en 2023)25.
Si les éloignements ci-dessous correspondent à des mesures d’éloignement effectives, un grand nombre des mesures d’éloignement prises en France ne sont pas appliqués, comme le démontre un récent rapport de la Cour des Comptes26 :

Pour rappel, il existe en France trois procédures autoritaires de sortie du territoire français, qui correspondent à des situations différentes :
- l’obligation de quitter le territoire français (OQTF), qui a remplacé la reconduite à la frontière et qui relève du préfet ;
- l’expulsion, qui est une mesure de police administrative, prononcée par arrêt du préfet ou du ministre de l’Intérieur, lorsque la présence d’un étranger sur le territoire français constitue une menace grave pour l’ordre public ;
- l’extradition, qui permet de remettre un étranger à la disposition de la justice d’un État qui demande à le juger ;
- l’interdiction du territoire français, qui est une peine principale ou complémentaire prononcée par le juge pénal contre un étranger résidant en France et ayant commis un crime ou un délit.
Nous nous intéressons ici aux obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui concernent les étrangers en situation irrégulière, soit qu’ils n’ont pas demandé de titre de séjour soit qu’ils se sont vus refuser ou retirer un titre de séjour.
Sur longue période, les chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur, cités par Libération, montrent que le taux d’exécution des OQTF est très faible : « On peut voir que depuis 2010 et jusqu’à 2013, ce taux varie entre 15 et 20% »27. En 2020, année du Covid-19, ce taux d’exécution tombe à 6,9% (7 376 OQTF exécutées sur 107 488 prononcées28).
Enfin, selon les plus récentes données publiques pour l’année 2023, le ratio d’exécution des mesures d’éloignement serait « de l’ordre de 10% », avec 11 722 retours forcés exécutés (dont 5729 vers les pays tiers hors UE), soit une hausse de 2,7% par rapport à 2022, mais un niveau inférieur de 38% à celui constaté en 201929.
Il est d’autant plus préoccupant que les OQTF ne concernent que ceux des clandestins qui sont identifiés, soit parce qu’un titre leur a été refusé soit parce qu’ils ont été contrôlés : la plupart des étrangers en situation irrégulière échappent en effet à ce type de décision administrative.
Si les raisons d’un tel échec sont multiples, pour le préfet François Lucas, elles sont d’abord dues à la « difficulté d’obtenir la coopération des États de retour »30 à laquelle « s’est ajoutée la dépénalisation du séjour irrégulier par la CJUE (El Dridi, 2012) ».
3 – Il convient de rappeler que les différentes voies d’acquisition de la nationalité française, relativement aisée, conduisent à attribuer la nationalité française à environ 100 000 nouvelles personnes chaque année
Environ 100 000 personnes acquièrent la nationalité française chaque année31. Au total, environ 3 millions de personnes ont acquis la nationalité française depuis l’an 2000.
Pour ceux qui ne sont pas français de naissance, en effet, il existe trois possibilités principales d’obtenir la nationalité française :
- un enfant né en France de parents étrangers dont aucun n’est lui-même né en France, devient français à sa majorité s’il réside alors en France et s’il y a eu sa résidence pendant au moins cinq ans, depuis l’âge de onze ans ;
- le conjoint étranger d’un Français acquiert la nationalité française par simple déclaration après quatre ans de mariage et de vie commune, sous la seule condition d’une connaissance suffisante de la langue française ;
- un étranger qui réside en France depuis cinq ans au moins et qui « justifie de son assimilation à la communauté française, notamment par une connaissance suffisante, selon sa condition, de la langue française et des droits et devoirs conférés par la nationalité française » peut obtenir la nationalité française par décret de naturalisation. Ainsi, la naturalisation n’est qu’un mode parmi d’autres d’acquisition de la nationalité française.
| 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2023 | |
| A-Par décret (y.c. effets collectifs) | 52 207 | 57 610 | 61 564 | 68 067 | 65 654 | 55 830 | 40 064 |
| B-Par déclaration (y.c. effets collectifs) | 42 989 | 45 999 | 50 314 | 49 017 | 46 672 | 52 350 | 55 105 |
| – Par mariage | 17 513 | 19 725 | 25 044 | 20 702 | 17 476 | 21 000 | 19 455 |
| – Par ascendants et fratries | 6 | 544 | 948 | 2 121 | |||
| – Déclarations anticipées (13-17 ans) | 24 099 | 25 043 | 24 159 | 27 100 | 27 501 | 29 340 | 32 533 |
| – Autres déclarations | 1 377 | 1 231 | 1 111 | 1 209 | 1 151 | 1 062 | 996 |
| Acquisitions prononcées (A+B) | 95 196 | 103 609 | 111 878 | 117 084 | 112 326 | 108 180 | 95 169 |
| C-Acquisitions sans formalité | 2 080 | 2 004 | 1 730 | 2 068 | 1 948 | 1 834 | 2 119 |
| Ensemble des acquisitions (A+B+C) | 97 276 | 105 613 | 113 608 | 119 152 | 114 274 | 110 014 | 97 288 |
Notes
- Ministère de l’Intérieur, Les principales données de l’immigration, parution du 12/06/2019 (Lien) et L’essentiel de l’immigration, Les titres de séjour, parution du 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
- INSEE, Premières demandes et octroi de l’asile, parution du 30/03/2023 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
- Idem ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration, Les demandes d’asile, 15/01/2019 (Lien) ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’essentiel de l’immigration, Les demandes d’asile, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Premières demandes formulées en GUDA ↩︎
- OFPRA, Rapport d’activité 2023, 18/07/2024 (Lien) ↩︎
- Le Conseil d’administration de l’OFPRA fixe la liste des pays d’origine des demandeurs d’asile pouvant être considérés comme des pays d’origine sûrs, au regard des garanties de protection que les autorités de ces pays offrent contre les persécutions et les mauvais traitements ainsi que sur les sanctions qu’elles prévoient en cas de violation avérée des droits individuels. ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration, Les demandes d’asile, 27/06/2024 ↩︎
- Intervention de François Lucas, préfet, ancien directeur de l’Immigration au ministère de l’Intérieur, lors du séminaire « Immigration et intégration” organisé par la Fondation Res Publica en juillet 2019 (Lien) ↩︎
- Assemblée des départements de France (ADF), février 2020, Fiche Info relative aux MNA (Lien) ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’essentiel de l’immigration, Les titres de séjour, 27/06/2024 ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration, La délivrance des visas aux étrangers, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- L’Algérie était 2ème en 2017 en termes de visas de court séjour attribués avec plus de 413 000. ↩︎
- Claude Évin et Patrick Stéfanini, avec l’appui de l’IGA / IGAS, mission « Rapport sur l’Aide médicale d’Etat » p. 9 (Lien) ↩︎
- Rapport d’information sur l’évaluation de l’action de l’État dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine Saint-Denis, enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 31 mai 2018 (rapport Cornut-Gentille Kokouendo) (Lien). ↩︎
- Idem « Selon les estimations publiées par l’INSEE, la Seine-Saint-Denis compte 1 646 105 habitants au 1er janvier 2018. Parmi ces derniers, on dénombre plusieurs centaines de milliers de personnes de nationalité étrangère en situation régulière (en 2014, 423 879) » p. 22 (Lien) ↩︎
- Le journal Libération, via sa plateforme CheckNews, s’est par exemple ainsi penché sur la question (Lien) ↩︎
- Nouvel Obs, « 30 000 clandestins sont régularisés chaque année », 27 juin 2012, consulté en juin 2020, (Lien) ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration. Les titres de séjour, 27/06/2024 ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration. Les titres de séjour, 27/06/2024 ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’Essentiel de l’immigration. La lutte contre l’immigration irrégulière, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎
- Cour des Comptes « La politique de lutte contre l’immigration irrégulière » janvier 2024 p. 100 (Lien) ↩︎
- Libération, « Pourquoi les étrangers en situation irrégulière ne sont pas tous expulsés », octobre 2018, consulté en juin 2020 (Lien). ↩︎
- Sénat, Projet de loi de finance 2022. Taux d’exécution des OQTF, 03/04/2022 (Lien) ↩︎
- Sénat, Projet de loi de finance 2025. Annexe n°16 : immigration, asile et intégration, 21/11/2024 (Lien) ↩︎
- Voir également sur ce sujet Maxime Tandonnet, Au coeur du volcan : Carnets de l’Elysée, 2007-2012 paru en 2014. ↩︎
- Ministère de l’Intérieur, L’essentiel de l’immigration, L’accès à la nationalité française, 27/06/2024 (Lien) ↩︎
- Idem ↩︎