Les transferts financiers des immigrés : 155 milliards d’euros perdus pour la France en 15 ans
Introduction
Les immigrés, arrivés récemment ou non en France, constituent bien souvent une source de revenus pour leurs proches restés dans leurs pays d’origine. C’est évidemment le cas lorsque leur émigration poursuit précisément des buts économiques : quitter le pays, avec l’aide de la famille ou de la communauté pour financer la migration1, peut alors être vu comme un investissement dont les fruits (salaires, aides sociales…) sont ensuite partagés avec la famille restée sur place. Mais c’est aussi un phénomène plus général, compte tenu du différentiel de niveau de vie entre les pays développés et les pays d’émigration, et des liens qu’entretiennent les immigrés avec leurs pays d’origine.
Les transferts de fonds des migrants sont des flux privés, qui constituent une des facettes des échanges financiers et économiques entre l’Europe et le reste du monde. À la différence de l’aide publique au développement, ils ne sont pas financés par le contribuable – du moins pas directement. Pour autant, il importe de ne pas s’en désintéresser car ils connaissent une dynamique avérée et ont naturellement un impact sur l’économie française. Ils représentent aussi une source de revenu pour les pays d’émigration, qui sont en conséquence susceptibles d’être affectés par toute évolution – spontanée ou résultant de décisions politiques – du volume de ces transferts.
La présente note s’est d’abord attachée à exploiter les données disponibles concernant les transferts et à les mettre en perspective, du point de vue de la France et des pays européens. Elle analyse ensuite les grands enjeux qui sous-tendent ces transferts, depuis la problématique des transferts informels jusqu’à leur incidence économique. Elle formule enfin des propositions pour réduire et contrôler les transferts de fonds des migrants. Par ailleurs, une annexe apporte des précisions sur les données utilisées dans la présente note.
1 – Les transferts de fonds des immigrés : des volumes financiers croissants
1.1 La notion de « transfert de fonds des migrants »
La notion de transferts de fonds des migrants2, bien qu’assez parlante (il s’agit en substance d’argent que des immigrés font parvenir dans leur pays d’origine), appelle une définition précise pour être appréhendée statistiquement.
La définition qui fait référence est celle de la Banque mondiale3 : elle recouvre les transferts personnels de ménages résidents vers des ménages non-résidents, en argent mais éventuellement aussi en nature, ainsi que les rémunérations versées à des travailleurs qui sont employés dans un pays dont ils ne sont pas résidents (travailleurs transfrontaliers, saisonniers et autres travailleurs à court terme).
Les transferts sont dits personnels car ils émanent de personnes physiques et sont sans contrepartie pour la partie versante : il ne s’agit donc ni d’un investissement ni de l’acquisition d’un bien ou service mais simplement d’une aide. Ces dons peuvent éventuellement être faits en nature (transferts de véhicules, d’équipements divers ou de vêtements par exemple) il est alors délicat de les appréhender d’un point de vue statistique.
Quant aux rémunérations salariales mentionnées ci-dessus, elles sont assimilées par la Banque mondiale à des transferts dans la mesure où ces sommes, perçues au titre d’une activité dans un pays donné, sont versées dans le pays de résidence du salarié : économiquement, il s’agit bien un transfert de fonds entre deux pays.4
Il est important de souligner que, d’un point de vue technique, les transferts reposent sur la notion de résidence et non sur la nationalité ou l’origine : on mesure des transferts entre des ménages qui résident dans un pays donné et des ménages qui résident dans un autre pays.
Concrètement, il peut ainsi s’agir de transferts d’un Marocain résidant en France vers le Maroc, mais aussi de ce même Marocain vers la Mauritanie ou d’un Français résidant en France vers l’Algérie – que ce dernier ait, ou non, une ascendance migratoire algérienne.
En pratique, ces transferts sont néanmoins motivés par les liens qu’entretient la personne envoyant les fonds avec son pays d’origine, notamment avec les membres de sa famille5. Rappelons que les transferts sont effectués sans contrepartie et auprès de personnes physiques : de telles aides se conçoivent dans un cadre familial, ou tout au moins communautaire. Les transferts émanent ainsi généralement d’immigrés, raison pour laquelle on parle communément de transferts de fonds des migrants.
Les transferts peuvent naturellement intervenir dans les deux sens. Lorsque des résidents français envoient des fonds à l’étranger – cas le plus fréquent –, on parle de transferts sortants (ou payés). A l’inverse, lorsque des résidents français bénéficient de transferts de fonds de personnes résidant dans d’autres pays, il s’agit de transferts entrants (ou reçus). La différence entre les deux constitue le solde : il est dit négatif lorsque les transferts sortants excèdent les transferts entrants.
1.2 Une augmentation tendancielle du volume mondial des transferts
À l’échelle mondiale, le volume des transferts entrants a atteint 823 Md$ en 2023 selon la Banque mondiale. Ce volume augmente de manière tendancielle depuis 1970 (cf. graphique 1). On ne constate des diminutions que certaines années et pour une courte durée, souvent en lien avec une conjoncture économique dégradée. La hausse s’est accélérée au cours des années 2000 et s’est poursuivie au moins jusqu’en 20236.
Graphique 1 : Evolution des transferts entrants au niveau mondial de 1970 à 2023 (en US$ courants)

La hausse des transferts est globalement corrélée au nombre de migrants internationaux (cf. graphique 2), même s’il existe d’autres facteurs explicatifs (tels que l’évolution des revenus des migrants ou encore le recours plus ou moins importants aux canaux informels) et que les personnes à l’origine des transferts n’entrent pas tous dans la catégorie des migrants (par exemple les descendants d’immigrés).
Graphique 2 : Evolution du nombre de migrants internationaux de 1970 à 2020

Les transferts de fonds des migrants ont augmenté plus rapidement que l’aide publique au développement (APD) et même que les investissements directs étrangers (IDE) : ils dépassent les montants consacrés à l’APD depuis le milieu des années 1990 et se rapprochent des IDE7. L’enjeu économique des transferts de fonds est donc important, bien qu’il suscite globalement moins d’attention de la part des médias et même des économistes que l’APD ou les IDE.
Ce dynamisme des transferts se traduit par une augmentation non seulement en valeur absolue mais aussi en valeur relative. Si l’on rapporte les transferts entrants au PIB mondial (cf. graphique 3), on observe, après une phase de fluctuation entre 0,3 et 0,4 % du PIB entre 1977 et 2000, une forte hausse depuis 2001. Depuis lors, le ratio transferts / PIB est passé progressivement à environ 0,8 % du PIB pour les années 2020-2023.
Autrement dit, la croissance du volume des transferts ne s’explique pas seulement par la progression du PIB mais va bien au-delà, le poids économique des transferts ayant doublé en une vingtaine d’année.
Graphique 3 : Evolution des transferts entrants au niveau mondial en pourcentage du PIB (1977-2023)

1.3 Une ressource substantielle pour les pays bénéficiaires
Pour 2023, la Banque mondiale recense 741 Md€8 de transferts monétaires (envois de fonds des migrants et rémunérations des travailleurs migrants) au niveau mondial, soit 0,78 % du PIB mondial9.
Les catégories de pays pour lesquels les transferts représentent le pourcentage du PIB le plus élevé sont les pays d’Afrique occidentale et centrale (4,16 %), les pays dans la tranche inférieure des revenus intermédiaires (4,89 %) ou encore les pays dits de dividende démographique précoce10 (3,00 %). Ainsi, pour ces catégories de pays, qui sont des pays relativement pauvres, les transferts représentent pour les ménages un revenu important et contribuent de manière substantielle à leur économie – même si les effets économiques restent discutés, comme nous le verrons plus loin. Les moyennes citées cachent cependant des singularités, les chiffres étant parfois beaucoup plus élevés dans certains pays – par exemple : les Comores, dont les transferts reçus représentent 22,6 % du PIB.
En pourcentage du PIB, parmi les pays recevant les montants relatifs les plus importants, on compte, pour évoquer les différentes régions du monde, le Tadjikistan (38,4 %), les Samoa (28,2 %), le Népal (25,4 %), le Nicaragua (26,2 %), le Honduras (26,1 %), le Lesotho (22,9 %), les Comores (22,6 %), le Yémen (20,1 %), le Kosovo (17,5 %).
Différents facteurs se combinent pour expliquer l’importance du volume financier des transferts en faveur de ces pays : importance relative de la population expatriée, faiblesse du PIB, proximité de pays plus riches…
Le détail des données par pays et catégories de pays figure en annexe.
1.4 Les pays européens, grands perdants des transferts
La France et, plus largement, la plupart des pays européens sont une des sources de ces transferts financiers. Rien d’étonnant à cela dès lors que ces pays sont de facto des pays d’immigration.
Certes, certains d’entre eux ayant bénéficié de la libre circulation depuis l’élargissement de l’Union européenne aux pays d’Europe centrale et orientale (Roumanie, Bulgarie, Pologne, Hongrie, pays baltes…) peuvent compenser les flux sortants par des flux entrants issus de leurs propres travailleurs expatriés.
Les flux entre l’Europe et le reste du monde sont néanmoins nettement déséquilibrés en défaveur du vieux continent.
Ainsi, concernant l’Union européenne (UE 2711), nous constatons, en 2023 un solde des transferts entre ménages résidant dans l’UE et ménages résidant hors de l’UE déficitaire à hauteur de 35,9 Md€12.
Ce solde se dégrade fortement depuis le milieu des années 2010, le déficit ayant presque triplé, passant de 12,4 Md€ en 2014 à 35,9 Md€ en 2023 (cf. graphique 4). La crise migratoire commencée en 2015 (afflux d’immigrants, issus entre autres de Syrie et d’Afghanistan, empruntant plus particulièrement la voie balkanique) a assurément contribué à ce bond des transferts financiers des migrants depuis l’Europe – et donc à l’aggravation du déficit correspondant.
Graphique 4 : Evolution du solde des transferts pour l’UE27 entre 2014 et 2023

Le détail des dernières données en date par pays européen figure en annexe. Notons d’ores et déjà qu’en 2023, à elle seule, la France représente près de la moitié de ce déficit européen (44 %).
1.5 La France, source de transferts croissants
La France suit la tendance haussière précédemment décrite. Comme nous venons de la souligner, elle est même le premier pays européen à l’origine de transferts de fonds des migrants, avec un déficit de 15,8 Md€ (sur un total de 35,9 Md€ pour l’UE27, soit 44,0 %) et un volume de transferts sortants de 16,1 Md€ (sur un total de 65,4 Md€, soit 24,6 %). La France devance ainsi l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne.
Le solde français des transferts tend à se dégrader nettement depuis 2008 : le déficit a plus que doublé en 15 ans (en euros courants), passant de -7,2 Md€ en 2008 à -15,8 Md€ en 2023 (cf. graphique 5). Ce solde a été en baisse constante, sauf durant les deux années au cours desquelles le PIB français a reculé (2009 et 2020), la conjoncture étant alors moins favorable aux transferts.
Graphique 5 : Evolution du solde des transferts pour la France entre 2008 et 2023

En cumulant les 15 dernières années (2009-2023), le volume des transferts sortants atteint 162,5 Md€, contre des transferts entrants de seulement 7 Md€ – soit un solde négatif de 155,5 Md€. Ce montant cumulé sur quinze ans équivaut à 5,3 % du PIB de la France l’an dernier. Le volume des transferts est donc significatif.
1.6 Des transferts qui bénéficient majoritairement aux pays africains
À qui profitent ces sommes transférées par des migrants depuis la France ? Si l’on regarde par grande région géographique, la destination des fonds reflète les origines des immigrés présents en France (Afrique du Nord et Afrique subsaharienne, Europe, Asie).
En 2023, plus de la moitié du déficit de la France en termes de transferts entre ménages résidents et non-résidents provient de l’Afrique, à savoir 51,4 % (cf. graphique 6). Plus précisément, il s’agit principalement de l’Afrique du Nord (41,2 %), l’Afrique centrale et australe venant nettement derrière (10,2 %). Viennent ensuite les autres pays européens (24,6 %) – principalement des Etats membres de l’UE (19,6 %) – puis l’Asie (18,5 %), dont notamment l’Asie du Sud et de l’Est (15,6 %).
L’Amérique représente une proportion plus faible (5,4 %), uniquement due à l’Amérique centrale et à l’Amérique du Sud. Les données détaillées sont reprises en annexe.
Graphique 6 : Décomposition par région géographique du déficit des transferts personnels de la France en 2023

En revanche, les données publiques disponibles ne permettent pas d’avoir une photographie exhaustive pays par pays. En effet, si les données mentionnées ci-dessus sont censées intégrer l’intégralité des transferts versés par des résidents français quel que soit le pays bénéficiaire, le détail par pays n’est publié par Eurostat que pour un nombre limité de pays – une soixantaine sur quelques 200 pays dans le monde.
Le caractère tronqué des données publiées, qui peut certes s’expliquer par un manque de fiabilité des données dont disposent les organismes statistiques, est d’autant plus regrettable que l’absence de détail ne concerne pas seulement des pays avec lesquels la France a peu de liens mais aussi des pays comme l’Algérie.
Autrement dit, nous ne disposons pas de l’évaluation de la Banque de France concernant les transferts français bénéficiant à l’Algérie, alors que nous en avons pour le Maroc. Pourtant, l’Algérie reçoit des transferts : la Banque mondiale recense des transferts en faveur de l’Algérie à hauteur de 1,9 Md$ (soit 1,7 Md€) en 2023 (transferts personnels + rémunérations des salariés). Or, à l’évidence, une partie de ces transferts provient de France, qui concentre à elle seule 84% des titres de séjour en cours de validité pour des Algériens dans l’UE 13.
En outre, une étude empirique menée à Montreuil par la Banque mondiale évaluait en 2015 à 1 269 € par immigré le montant annuel moyen des transferts versés à destination de l’Algérie14.
En se limitant aux données disponibles, nous présentons ci-après (cf. tableau 1) le « top 10 » des pays ayant bénéficié de transferts depuis la France15. En première position apparaît le Maroc (solde de -3,5 Md€, soit 22,4 % du solde total de la France), suivi par deux pays d’Europe du Sud (le Portugal et l’Espagne), auxquels il faut ajouter, plus bas dans le classement, l’Italie et la Roumanie. On distingue également plusieurs grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil) ou en développement (Egypte, Nigeria).
Tableau 1 : Solde des transferts personnels depuis la France en 2023 – Les 10 premiers pays (connus) récipiendaires de transferts depuis la France
| Pays de destination des fonds | En M€ | En % |
| Maroc | -3 530 | 22,4% |
| Portugal | -1 276 | 8,1% |
| Espagne | -1 155 | 7,3% |
| Chine (hors Hong Kong) | -387 | 2,5% |
| Inde | -358 | 2,3% |
| Égypte | -274 | 1,7% |
| Italie | -266 | 1,7% |
| Roumanie | -216 | 1,4% |
| Nigeria | -210 | 1,3% |
| Brésil | -190 | 1,2% |
Source : Eurostat (transferts courants entre ménages résidents et non-résidents, France, 2023).
Dès lors que le détail des données par pays (disponible en annexe) n’est pas exhaustif, nous sommes en fait confrontés à un « effet lampadaire » : Eurostat ne donne à voir que les données afférentes à certains pays, probablement considérées comme fiables, à la différence de celles non reprises dans les données détaillées.
Le risque est de se focaliser sur ces seules données visibles, à l’instar de la personne ayant perdu ses clés et les cherchant sous le lampadaire en raison du fait qu’il s’agit du seul endroit éclairé…
1.7 Les transferts français, une ressource importante pour de nombreux pays
Sur la base de ces données, nous avons rapporté les transferts personnels émanant de France aux transferts personnels reçus de toutes origines par les pays destinataires.
Ce rapport permet de mesurer le poids de la France dans la ressource financière que constituent ces transferts personnels pour les pays récipiendaires. En moyenne, il apparaît que les transferts depuis la France représentent 2,75 % de la totalité des transferts à destination du reste du monde (cf. tableau 2), ce qui est cohérent avec le poids économique de la France (2,8 % du PIB mondial).
Dans le détail, le Maroc et la Turquie ont une dépendance assez forte aux transferts français (respectivement 33,3 % et 13,1 % de leurs transferts totaux). Cette donnée n’est malheureusement disponible pour aucun pays d’Afrique subsaharienne, à part pour le Nigéria (1,2 %), qui n’entretient toutefois pas de liens étroits avec la France.
Dans le top 10 des pays pour lesquels la part des transferts personnels français est importante, on trouve ensuite divers pays européens, ainsi que la Chine (6,2 %) et le Brésil (5,3 %). Le détail des données par pays est en annexe.
Tableau 2 : Part des transferts personnels émanant de France parmi l’ensemble des transferts reçus par chaque pays en 2023 – Les 10 pays pour lesquels les transferts français représentent la part de leurs transferts totaux la plus importante
| Pays de destination des fonds | % |
| Maroc | 33,34% |
| Pays-Bas | 15,79% |
| Turquie | 13,09% |
| Italie | 13,08% |
| Allemagne | 6,67% |
| Chine (hors Hong Kong) | 6,22% |
| Brésil | 5,30% |
| Roumanie | 4,91% |
| Royaume-Uni | 3,92% |
| Luxembourg | 3,51% |
| Moyenne mondiale | 2,75% |
Source : Eurostat (transferts personnels sortant de France) et Banque mondiale (transferts personnels totaux reçus).
Dans le cas du Maroc, pour lequel les transferts personnels représentent 8,14 % du PIB, on constate que les transferts personnels depuis la France contribuent directement à 2,7 % du PIB marocain, ce qui est très significatif.
Pour les autres pays récipiendaires cités, la contribution des transferts français au PIB est en revanche anecdotique (0,01 % pour la Turquie, le Brésil et l’Italie par exemple).
En définitive, on constate que la France connaît un déficit croissant dans les transferts de fonds des migrants et constitue une source importante de revenus pour certains pays bénéficiaires.
Au terme de l’analyse de l’ensemble de ces données, nous proposons de nous arrêter sur certaines problématiques que soulèvent les transferts personnels, pour les pays d’origine comme pour ceux de destination.
2 – Les transferts, entre problèmes économiques pour les pays d’arrivée et pertes pour les pays de départ
2.1 La question des transferts informels
Les données disponibles, à savoir notamment celles de la Banque mondiale, qui servent par ailleurs de source à Eurostat, n’appréhendent qu’imparfaitement les transferts informels. En effet, les données fournies par les pays ne corrigent pas toutes – et le cas échéant pas de manière homogène – le volume des transferts qui ne sont pas appréhendés par les canaux officiels.
Nous avons déjà pu observer que, s’agissant des transferts français, nous ne disposions pas de données pour certains pays de destination comme l’Algérie. Les données disponibles pour les pays de destination sont parfois étonnantes : les transferts représentent 8,14 % du PIB du Maroc et 5,92 % de celui de la Tunisie mais seulement 0,75 % du PIB de l’Algérie… De même, ils représentent 7,09 % du PIB du Togo contre 1,19 % pour le Bénin.
Si la situation de chaque pays est spécifique (ampleur de la diaspora, dynamisme des liens avec le pays d’origine…), il est probable que ces écarts s’expliquent aussi par l’existence de transferts informels qui échappent aux organismes statistiques. D’ailleurs, les fluctuations d’une année sur l’autre sont parfois expliquées par l’évolution en sens contraire des transferts informels16.
Aussi, pour appréhender de manière exhaustive l’ampleur des transferts vers les pays bénéficiaires, il serait nécessaire de chiffrer ceux d’entre eux qui transitent par des canaux informels. Au-delà de la problématique technique pour les autorités statistiques, se pose également la question du contrôle de ces flux informels, qui peuvent participer à du blanchiment de capitaux.
Les canaux informels sont variés : il peut s’agir de transferts d’argent liquide via des proches ou de systèmes plus évolués tel que le système dit Hawala. La Hawala (de son nom arabe signifiant mandat ou virement) est un système occulte d’envois de fonds. Une transaction Hawala n’implique pas l’envoi physique d’espèces d’un pays à un autre. Le système s’appuie sur un réseau d’opérateurs appelés Hawaldars ou intermédiaires Hawala. Une personne désireuse de transférer de l’argent contacte un opérateur Hawala dans son lieu de résidence (par exemple la France). Cet opérateur Hawala perçoit l’argent et l’indication du bénéficiaire. Il contacte ensuite un autre opérateur Hawala dans le pays de destination (par exemple l’Algérie), qui livrera l’argent au bénéficiaire désigné.
Selon des études déjà anciennes17, les flux informels ont été estimés à entre 5 et 70 % des envois de fonds totaux mais la situation est très variable selon les pays et les années concernés.
Les données empiriques disponibles sur les transferts de source française se situent dans cette fourchette. Une enquête IPSOS sur les transferts de la France vers l’Afrique relève que 19 % des répondants ont eu recours à des réseaux informels (15 % pour les transferts à destination de l’Afrique subsaharienne et 21 % pour ceux à destination du Maghreb), parfois en parallèle à d’autres canaux formels18.
L’enquête précitée déployée à Montreuil relève quant à elle que plus de la moitié (53 %) des transferts auraient lieu en espèces et même bien davantage pour la communauté algérienne (92 %).
Ces transferts de cash ne reposent cependant pas nécessairement sur des intermédiaires de type Hawala mais peuvent être réalisés de la main à la main lors d’un voyage, soit directement de la personne qui transfère les fonds soit d’un de ses proches.
Il faut néanmoins relever que ces données résultant de sondages sont sujettes à caution, dans la mesure où les répondants peuvent être réticents à reconnaître qu’ils ont recours à des réseaux informels, de sorte que ce phénomène est susceptible d’être minoré.19

2.2 Les transferts, reflets des liens entre les immigrés et leurs pays d’origine
L’existence des transferts démontre que les immigrés entretiennent des liens avec des personnes physiques demeurées dans leur pays d’origine – généralement leur famille.
Selon l’INSEE20, 28 % des immigrés versent une aide financière régulière à des proches (famille ou amis) ou à une association. L’enquête Ined-INSEE sur les « pratiques transnationales » des immigrés et descendants d’immigrés, à la base de cette donnée, permet de constater que les transferts financiers sont plus de deux fois plus fréquents vers l’Afrique sahélienne (62 %) ou l’Afrique guinéenne ou centrale (57 %) : il est manifeste que les migrants subsahariens deviennent un soutien financier important de la famille restée au pays.
C’est aussi vrai, en partie, pour le Maroc et la Tunisie, qui se situent dans la moyenne (30%). Viennent ensuite l’Algérie (22 %), la Turquie et le Moyen-Orient (19 %), l’Asie du Sud-Est et la Chine (17 %). L’Europe se situe en dessous de la moyenne (11 % pour l’Espagne et l’Italie, 13 % pour le Portugal et 19 % pour les autres pays de l’UE27).
L’INSEE relève également que les transferts financiers sont moins élevés pour les descendants d’immigrés (8 %), ce qui peut refléter le fait que les liens avec le pays d’origine tendent à se distendre, d’autant plus que – regroupement familial aidant – ces descendants n’ont plus forcément de famille proche au pays.
Les transferts sont également plus élevés quand le migrant est arrivé à 16 ans ou plus (33 %) que quand il est arrivé plus jeune (17 %) – généralement avec ses parents.
Les liens économiques avec le pays d’origine peuvent par ailleurs prendre d’autres formes, sur lesquelles nous ne nous attarderons pas ici, telle que la propriété immobilière. Ainsi, selon la même étude de l’INSEE, 15 % des immigrés sont propriétaires d’un bien foncier, immobilier, industriel ou commercial à l’étranger.
2.3 Des méfaits inattendus pour les économies bénéficiaires
En première approche, les transferts des migrants vers leur pays d’origine sont favorables à ces derniers21.
D’une part, ils augmentent le revenu disponible des ménages, stimulant leur consommation, réduisant directement la pauvreté et permettant l’accès à l’éducation, ce qui concourt au développement des populations. D’autre part, ils augmentent la capacité d’épargne des ménages, favorisant l’investissement dans l’économie et augmentant les liquidités disponibles (y compris via le système bancaire).
Pour autant, des effets négatifs peuvent apparaître : les ménages vivant de ces transferts peuvent être moins incités à travailler et investir (phénomène d’aléa moral), des déséquilibres économiques (consommation de produits importés), financiers (appréciation du taux de change) et sociaux (inégalités entre ménages selon qu’ils reçoivent des transferts ou non) peuvent en résulter.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence de l’ONU, explicite ces défauts d’une forte dépendance aux transferts de fonds, qui expose en outre les pays bénéficiaires à des effets déstabilisateurs en cas de fluctuations des transferts ou des taux de change22. Le rapport de l’OIM va jusqu’à affirmer qu’une forte dépendance à l’égard des fonds rapatriés risque de « nourrir une culture de dépendance dans le pays bénéficiaires, ce qui risque non seulement de réduire la participation au marché du travail, mais aussi de ralentir la croissance économique ».23
Dans ce contexte, le déploiement des effets positifs des transferts dépend de certaines conditions tenant à l’environnement institutionnel et financier du pays considéré : développement du système bancaire et du système éducatif, sécurité juridique, stabilité politique… Selon Imad El Hamma, cité en bibliographie, l’impact économique des transferts serait ainsi positif au Maroc mais négatif en Algérie.
Ainsi, bénéficier de transferts n’est pas le tout : encore faut-il, pour qu’ils aient un impact positif sur le long terme pour la croissance et le développement du pays d’origine des migrants, que les ménages qui en bénéficient soient incités à les consacrer à des investissements productifs.
Si les transferts peuvent être une solution commode pour capter des ressources financières à l’étranger et contribuer au financement du niveau de vie d’un pays donné grâce à sa diaspora, ils ne sont néanmoins pas suffisants pour bâtir l’avenir du pays et peuvent même, en certains cas, le desservir. Il convient donc de nuancer l’idée selon laquelle les transferts seraient intrinsèquement un facteur de développement des pays d’émigration.
2.4 Des effets négatifs sur les économies des pays d’origine
Les effets économiques des transferts de fonds pour les pays dont ils émanent sont, à notre connaissance, peu ou pas étudiés, tout du moins en France24.
En fait, autorités et chercheurs s’interrogent davantage sur la contribution des transferts au développement des pays d’émigration que sur leur impact pour l’économie et les finances publiques des pays d’immigration25. Cette question rejoint la problématique plus large des effets économiques de l’immigration, dont on sait qu’ils sont très discutés et auxquels nous avons récemment consacré une note26.
Dans le cadre de la présente note, nous entendons présenter et discuter les effets économiques, sous plusieurs angles, des transferts pour la France et les autres pays développés déficitaires en la matière.
- Une contribution négative à la balance courante
En premier lieu, il est utile de resituer les transferts en comptabilité nationale. Les transferts (entrants et sortants) font partie des « revenus secondaires »27, qui sont eux-mêmes une des composantes de la balance des transactions courantes (ou balance courante), au même titre que les biens, les services et les revenus primaires.
Le déficit de la France en termes de transferts personnels concourt au déficit du poste « revenus secondaires » (cf. tableau 3). A l’instar du poste « biens » (la balance commerciale), les revenus secondaires contribuent négativement au solde de la balance courante de la France, au total légèrement excédentaire en 2024 – mais qui a été le plus souvent déficitaire depuis 2013, notamment en 2022-2023.
Tableau 3 : Balance des transactions courantes de la France (2023-2024) (en Md€)
| 2023 | 2024 | |
| Biens | -78,3 | -60,0 |
| Services | 39,5 | 56,5 |
| Revenus primaires | 60,0 | 54,9 |
| Revenus secondaires | -50,6 | -48,8 |
| Dont envois de fonds des travailleurs | -15,5 | -15,8 |
| Compte de transactions courantes | -29,4 | 2,7 |
Source : Banque de France. La balance des paiements et la position extérieure de la France – rapport annuel 2024. 2025.
- Un impact négatif sur la consommation et plus généralement sur le PIB
Si l’incidence des transferts sur le développement des pays d’émigration est discutée, leur impact sur l’économie des pays d’immigration est manifeste.
Ils viennent d’abord diminuer la consommation, ce qui a pour conséquence concrète de réduire le PIB. En effet, la consommation des ménages est la principale composante du PIB, auquel elle contribue pour plus de moitié28. Certes, en l’absence de transferts, une part des sommes actuellement transférées pourrait être épargnée, mais les ménages composés d’immigrés sont en moyenne moins riches29 et ont donc une propension à consommer plus élevée que la moyenne des ménages habitant en France30.
Au demeurant, l’épargne permet une consommation différée et peut également être investie, sachant que l’investissement des ménages contribue lui aussi au PIB, certes plus marginalement31. En outre, la partie des sommes transférées qui aurait été non pas consommée mais épargnée serait venue alimenter les dépôts bancaires et les différents dispositifs d’épargne (réglementée ou non), contribuant directement ou indirectement au financement de l’économie. Cette moindre épargne – puisque les transferts ne sont pas une épargne mais un acte de disposition des revenus des ménages qui les versent – est donc également susceptible de pénaliser l’économie.
Sur cette question de l’arbitrage consommation/épargne, l’enquête IPSOS précitée relative aux transferts de fonds vers les pays africains montre que lorsqu’un immigré compte augmenter ses transferts vers son pays d’origine, il le fait le plus souvent en diminuant ses dépenses32 (solution avancée par 52 % des répondants) plutôt qu’en usant de son épargne (35 % des répondants).
L’ensemble de ces éléments permet de faire l’hypothèse que les transferts vers l’étranger se font davantage au détriment de la consommation dans le pays d’accueil qu’aux dépends de l’épargne. L’impact négatif sur le PIB du pays d’accueil est ainsi plus direct.
Si l’on simplifie l’équation et que l’on fait l’hypothèse que 1 € de transfert sortant a pour conséquence 1 € de PIB en moins33, le déficit de 15,8 Md€ relevé en France en 2023 pour les transferts personnels se traduit par un impact négatif sur le PIB d’autant, soit une contribution négative au PIB à hauteur de 0,56 %.
Ce n’est pas anodin au vu de la croissance française de 2025, qui devrait être du même ordre selon les dernières prévisions de la Banque de France (+0,6 %). De ce point de vue, si – par hypothèse – les transferts s’étaient arrêtés en 2025, la croissance serait deux fois supérieure.
- Un impact négatif sur les recettes fiscales
L’impact négatif sur l’économie se répercute nécessairement sur les finances publiques, via une diminution des ressources fiscales. En particulier, la baisse de la consommation des ménages a pour effet de réduire les recettes de TVA. La baisse de l’épargne a quant à elle un effet négatif sur les impositions sur les revenus.
En règle générale et bien qu’elle soit très variable, on estime que l’élasticité des prélèvements obligatoires (PO) au PIB est égale à 1, c’est-à-dire qu’une baisse du PIB de 1 % (par exemple) se traduit par une baisse des PO de 1 %34.
Ainsi, un impact négatif des transferts sur le PIB de 0,56 %, pour reprendre le chiffre mentionné ci-dessus, s’accompagne, eu égard au ratio actuel de PO (43 %), d’une diminution des PO de 0,24 point de PIB, soit une perte de recettes fiscales et sociales d’environ 7 Md€ par an.
Cette somme peut être rapprochée du plan de redressement des finances publiques présenté par le gouvernement Bayrou en juillet 2025, qui prévoit entre autres des économies de 7 Md€ au titre de « l’année blanche » (gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG, gel des pensions et prestations…) : cet effort est en fait équivalent à l’impact négatif des transferts de fonds des migrants sur les recettes fiscales.
Les transferts étant récurrents et croissants, comme nous l’avons vu en première partie, leur impact économique et budgétaire négatif s’amplifie également d’année en année.
Enfin, ajoutons que les transferts sont susceptibles d’avoir un impact négatif sur les recettes d’impôt sur le revenu par un autre biais, à savoir la déductibilité des pensions alimentaires35.
En effet, les sommes versées en vertu d’une obligation alimentaire sont déductibles du revenu imposable même si le bénéficiaire (parent, conjoint, enfants…) réside à l’étranger. Pourtant, dans ce cas de figure, les sommes reçues par le bénéficiaire ne peuvent pas être imposées par la France (elles le sont éventuellement par le pays de résidence du bénéficiaire).
La déductibilité des pensions alimentaires se traduit alors par une perte sèche pour les finances de l’Etat. Nous ne disposons d’aucune information quant à la part des transferts de fonds qui sont déclarés – à juste titre ou non – comme pensions alimentaires par les contribuables, ce qui rend tout chiffrage de cet impact difficile.
3 – Propositions pour réduire les transferts de fonds et maîtriser leurs effets
3.1 Réduire les flux migratoires
Commençons par une évidence : les transferts de fonds des migrants dépendent d’abord de l’importance du phénomène migratoire (nombre d’immigrés présents en France) et sont alimentés par les flux d’immigration.
Pour diminuer les transferts, la mesure la plus directe et la plus efficace est donc de réduire l’immigration, plus particulièrement celle issue des pays dont les émigrés reversent fréquemment des fonds, à savoir notamment les pays d’Afrique subsaharienne, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (cf. point 2.2 ci-dessus).
3.2 Créer une taxe européenne sur les transferts de fonds privés à destination des pays tiers
Pour atténuer l’impact négatif des transferts sur l’économie et les finances publiques de la France et des autres pays européens, il serait souhaitable de taxer les transferts de fonds à destination des pays tiers à l’Union européenne et à l’Espace économique européen.
L’objectif ne serait pas tant de dissuader les transferts de fonds – au risque de détourner les auteurs des transferts vers des systèmes informels – que de générer des recettes fiscales permettant de compenser une petite partie des pertes induites par ces transferts.
A l’échelle de la France, une taxe au taux de (par exemple) 2 %, appliquée à 16 Md€ de transferts, procurerait 320 M€ – un rendement qui serait supérieur à celui de la taxe de solidarité sur les billets d’avion. Accessoirement, cette taxe permettrait de recenser précisément les transferts de fonds.
Aux Etats-Unis, l’administration Trump a pris l’initiative d’une telle « remittance tax », qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2026. Il s’agit en l’occurrence d’une taxe fédérale de 1 % (contre un taux initialement envisagé de 5 %) sur les transferts de fonds de particuliers vers l’étranger.
Ne sont assujetties à la taxe que les sommes remises aux opérateurs à partir de certains supports de paiement physiques uniquement, tel l’argent liquide, de sorte que le champ de la taxe paraît assez étroit. Cette taxe poursuit ainsi à la fois un objectif budgétaire et un objectif de lutte contre le blanchiment d’argent. Il sera intéressant d’évaluer les effets de cette taxe américaine une fois mise en œuvre.
Pour autant, en Europe, un obstacle juridique important se dresse devant ce projet : une taxe ciblée sur les transferts vers les pays tiers serait probablement jugée incompatible avec le principe de libre circulation des capitaux36, qui a une portée mondiale en vertu des traités européens et qui fait l’objet d’une interprétation extensive par la Cour de justice de l’Union européenne37. Il a déjà été envisagé de réduire la portée de ce principe en cessant d’en faire bénéficier les pays tiers ou en posant une condition de réciprocité mais, en l’état de la jurisprudence, il serait nécessaire de réviser le Traité sur le fonctionnement de l’UE.
3.3 Lutter contre les circuits de transferts de fonds informels
Les transferts dits informels, c’est-à-dire occultes, sont un des nombreux défis à la légalité que soulève l’immigration. Toute activité bancaire ou assimilée est strictement réglementée et est notamment soumise à la politique de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT).
Le propre des systèmes de type Hawala est qu’ils se situent en dehors de ce cadre légal. Indépendamment même de la problématique des transferts de fonds des migrants, les transferts informels sont un phénomène qui doit être réprimé, dans la mesure où ils sont un instrument au service de la criminalité38, du terrorisme et du financement illégal d’organisations religieuses ou politiques. La diffusion des cryptomonnaies est toutefois de nature à faciliter les transferts informels, y compris en se passant d’un intermédiaire.
En tout état de cause, les inconvénients que présentent les transferts de fonds des migrants (cf. partie 2 de la présente note) et les opportunités qu’ils peuvent éventuellement offrir (taxe, moyen de pression sur les pays bénéficiaires) justifient qu’ils soient strictement contrôlés.
Certains opérateurs Hawala en France ont déjà été poursuivis et condamnés, généralement dans un contexte de blanchiment d’argent39. La poursuite de ces opérateurs devrait être une priorité des autorités compétentes (notamment la police judiciaire, au niveau central40 et au niveau territorial). Compte tenu de ce que les transferts informels semblent très répandus et fonctionner sur une base communautaire, un recours accru au renseignement humain est nécessaire pour identifier et démanteler les filières.
3.4 Utiliser les transferts comme levier de négociation avec les pays d’émigration
Que les transferts favorisent le développement à long terme des pays bénéficiaires des fonds ou pas, ces sommes apparaissent comme une manne financière bienvenue, qui injecte du pouvoir d’achat dans la population et nourrit au moins à court terme l’économie.
La disparition ou la suspension de cette manne serait donc un coup dur pour les pays bénéficiaires, notamment ceux pour lesquels les transferts représentent une proportion élevée de leur PIB, tels les pays d’Afrique subsaharienne.
Dans ce contexte, la possibilité de bloquer les transferts apparaît comme un élément susceptible de peser dans les négociations avec les pays d’émigration, notamment en ce qui concerne la réadmission de leurs ressortissants en situation irrégulière ou encore le paiement de leurs dettes (hospitalières par exemple).
Bloquer les transferts vers un pays donné ne se heurte en soi pas à des difficultés techniques – sauf naturellement pour les transferts informels – mais soulève des questions juridiques et d’efficacité. Pour que les blocages soient efficaces, ils devraient être mis en œuvre au niveau européen, à défaut de quoi le contournement serait aisé.
Or, à ce jour, ni la loi française ni la réglementation européenne n’autorise à suspendre des mouvements de capitaux vers un pays donné sur la base de critères liés à la politique migratoire.
Il conviendrait donc de faire évoluer les textes. Il existe à cet égard un fondement juridique dans les traités européens41, qui permet au Conseil de l’UE d’adopter des décisions de sanctions et notamment de prévoir « l’interruption ou la réduction, en tout ou partie, des relations économiques et financières avec un ou plusieurs pays tiers ».
C’est sur ce fondement que le Conseil de l’Union a adopté plusieurs règlements prévoyant des sanctions financières à l’égard de la Russie et de la Biélorussie, conduisant à faire obstacle aux mouvements de capitaux avec ces pays et même à geler des avoirs.
On peut imaginer qu’à l’avenir le Conseil interdise les transferts de fonds, ainsi d’ailleurs aussi que la délivrance de visas Schengen42, en faveur de pays refusant de coopérer efficacement dans la réadmission de leurs ressortissants en situation irrégulière en Europe.
Conclusion et recommandations
Dans le domaine de l’immigration, certaines données sont bien précises, d’autres sont plus approximatives. On connaît par exemple avec exactitude le nombre de titres de séjour délivrés à des étrangers et la nationalité de leurs bénéficiaires.
On connaît, déjà, beaucoup moins exactement le nombre d’étrangers en France et leurs nationalités. En ce qui concerne les transferts de fonds des migrants, les statistiques existent mais sont peu diffusées et imparfaites, dépendant notamment de la fiabilité des comptes nationaux des pays qui bénéficient des transferts. L’existence parfois massive de transferts occultes renforce l’opacité autour de ce sujet.
Les impacts économiques de ces transferts de fonds attirent également moins l’attention que le débat sur l’impact plus direct de l’immigration sur l’économie (marché du travail, recettes fiscales, dépenses publiques…). Pour autant, la réalité des faits est assez claire.
Les immigrés conservent des liens avec leur pays d’origine. Ils y font parvenir, entre autres, des sommes d’argent – par des canaux qui ne sont au demeurant pas bien maîtrisés, pas plus que l’origine des sommes. Cet argent, qui n’est pas dépensé ou investi en France, représente une perte économique pour la France : les transferts dégradent notre balance courante et pèsent sur le PIB – un impact négatif que nous évaluons à plus de 0,5 point de PIB chaque année – et en conséquence sur les recettes des administrations publiques, contribuant à dégrader le déficit public et le ratio dette/PIB. Les transferts sont ainsi un des canaux par lesquels l’immigration impacte négativement nos comptes publics.
D’un point de vue géographique, l’Afrique est plus concernée par les transferts que le reste du monde – l’Afrique du Nord davantage en termes absolus (en euros), l’Afrique subsaharienne davantage en termes relatifs (en proportion du PIB).
La France est en outre le premier pays européen par le déficit dans ces transferts de fonds. Si la France est spécialement concernée par le phénomène des transferts de fonds, elle est d’autant plus fondée à s’interroger sur les moyens de maîtriser et réduire ces flux, voire à s’en servir comme levier d’action diplomatique.
Pour aller plus loin43
EL HAMMA, Imad. (2018). « Migrant Remittances and Economic Growth: The Role of Financial Development and Institutional Quality » (Transferts de fonds des migrants et croissance économique : le rôle du développement financier et de la qualité institutionnelle »). Economie et Statistique / Economics and Statistics, 503‑504, 123-142.
Federation for American Immigration Reform (FAIR), Remittances Continue to Grow at America’s Expense, Issue Brief, July 2025.
INSEE, Immigrés et descendants d’immigrés en France, Insee Références, édition 2023.
IPSOS, Enquête sur la diaspora africaine en France et les transferts d’argent vers le continent africain, 2020.
OID, L’impact de l’immigration sur l’économie française : sortir du « cercle vicieux » et prioriser l’emploi, note, juin 2025.
Organisation internationale pour les migrations (ONU Migration), État de la migration dans le monde 2024 (version interactive : https://worldmigrationreport.iom.int/msite/wmr-2024-interactive/?lang=FR ). Voir notamment p. 36-41 (« Rapatriements de fonds internationaux »).
World Bank Group, Migrants’ Remittances from France. Findings of a survey on migrants’ financial needs and remittance behavior in Montreuil. 2015.
Annexes
1 – Précisions techniques sur les données
1.1 Données Eurostat et Banque de France relatives aux transferts personnels44
L’organisme européen de statistiques Eurostat fournit des données sur les transferts pour l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne (UE), sauf ceux qui considèrent ces données comme confidentielles (Danemark, Portugal), ainsi que pour certains autres Etats européens ou candidats à l’UE. On dispose ainsi des transferts sortants de France, des autres pays cités et de l’UE en général.
En revanche, les données mises à disposition par Eurostat ne permettent pas de ventiler ces transferts de manière fine entre les différents pays bénéficiaires des transferts : les flux entrants sont précisés pour certains Etats (le Maroc par exemple) mais pas pour tous (cf. Algérie). Eurostat propose toutefois une ventilation par grande région, au niveau continental et infra-continental, par exemple « Afrique septentrionale », « Afrique centrale et australe ».
Les données en question sont les « Revenus secondaires : transferts personnels (transferts courants entre ménages résidents et non-résidents) », qui sont une composante de la balance des paiements (et en l’occurrence, plus précisément, de la balance des transactions courantes). Ces flux comprennent les transferts émanant des travailleurs étrangers (« workers’ remittances »)45. Ils ne comprennent pas les salaires des travailleurs transfrontaliers (ces derniers étant des personnes travaillant dans un autre pays que leur pays de résidence), à la différence des chiffres de la Banque mondiale (cf. infra).
Eurostat précise que ces données relatives aux transferts monétaires sont une estimation basée sur des données de la Banque mondiale relatives aux populations migrantes et aux flux parvenant dans les pays de réception et sont aussi affinées par les données des opérateurs desdits transferts46 (pour les données françaises, voir cependant ci-dessous les précisions données par la Banque de France).
Au regard des paramètres retenus, ces statistiques sont marquées par certaines limites, tenant à l’estimation des transferts reçus dans les pays de destination, avec notamment un risque de sous-évaluation des flux informels, et à l’estimation des populations immigrées présentes dans les pays de source des fonds, dont une part est constituée d’étrangers en situation irrégulière.
Eurostat indique pour une entité donnée les flux créditeurs, débiteurs et le solde qui en résulte. Pour assurer une présentation équilibrée et économiquement réaliste, qui tienne compte des flux dans les deux sens, il est pertinent de se référer au solde.
On dispose de l’historique des données avec une profondeur variable selon les pays. Pour la France, les données sont connues depuis 2008, permettant de procéder à des comparaisons dans le temps. À la date de la rédaction de la présente note, les données 2024 n’étaient pas encore disponibles : nous nous sommes donc appuyés sur les données 2023.
Nous avons retenu les données en euros (le cas échéant, elles sont disponibles en monnaie nationale). Il convient de préciser que ces données sont en euros courants. Pour les comparaisons dans le temps, il convient donc de tenir compte de ce que l’évolution des prix n’est pas neutralisée.
Précisons que ces données Eurostat puisent leur source, pour la France, de la Banque de France. Elles sont donc identiques aux données communiquées par la Banque de France et afférentes à la balance des paiements47.
Toutefois, ces données communiquées par la Banque de France sont présentées de manière globalisée, sans ventilation par pays de destination (ou d’origine respectivement) des fonds. Ces données Banque de France ne permettent donc pas de connaître la destination des transferts vers l’étranger, raison pour laquelle il est nécessaire de se référer à la banque de données Eurostat.
Il est par ailleurs intéressant de relever les précisions méthodologiques apportées par la Banque de France sur ces données (voir encadré ci-après). Il en ressort que la France est dépendante des données fournies par les pays d’émigration quant aux transferts qu’ils reçoivent. De même, les chiffres des transferts dépendent des estimations sur le nombre et la localisation de migrants et reposent sur des hypothèses telle que l’homogénéité, pour un pays d’émigration donné, du montant transféré par migrant, indépendamment du pays où il réside.
Toute méthode a ses avantages et ses défauts et ces limites méthodologiques sont sans doute inévitables. Mais force est de constater que, volontairement ou non, un pays d’émigration peut induire en erreur les pays d’origine des fonds quant aux montants effectivement perçus.

1.2 Données de la Banque mondiale
De 2013 à 2024, la Banque mondiale a produit des travaux sur les transferts dans le cadre du KNOMAD (Global Knowledge Partnership on Migration and Development), qui est un centre d’expertise sur les migrations et le développement48 qu’elle a constitué avec plusieurs partenaires (Commission européenne, Société allemande pour la coopération internationale, Agence suisse pour la coopération et le développement). Le KNOMAD a néanmoins cessé son activité en 2025, vraisemblablement pour des raisons budgétaires. Les travaux publiés par ce partenariat sont accessibles via le site www.KNOMAD.org.
Pour autant, la Banque mondiale continue à publier chaque année des données sur les transferts de fonds des migrants au niveau mondial, avec un détail pays par pays. Ces données sont issues de celles relatives à la balance des paiement communiquées par chaque pays au FMI et à la Banque mondiale. Pour chaque pays, une estimation est donnée tant pour les transferts reçus (entrants) que pour les transferts payés (sortants).
La notion de transferts (« remittances ») recouvre ici les transferts personnels de ménages résidents vers des ménages non-résidents, en argent mais éventuellement aussi en nature, ainsi que les rémunérations des salariés non résidents (travailleurs transfrontaliers, saisonniers…) versées dans le pays de résidence49.
Cette définition extensive, qui intègre le travail transfrontalier, explique que les transferts dont bénéficient certains pays développés comme la France soient élevés.
Dans le cadre de la présente note, nous avons fait le choix de ne pas revenir sur cette convention adoptée par la Banque mondiale et donc de présenter ces chiffres, dans la mesure où ils sont connus et font autorité.
Nous n’avons exclu des chiffres Banque mondiale les rémunérations des travailleurs transfrontaliers que lorsqu’il s’agissait de les comparer aux chiffres Eurostat, de manière à être à périmètre identique.
Les montants des transferts sont donnés en dollars américains (nous les avons convertis en euros50 par souci de lisibilité et de comparabilité avec les données Eurostat). La Banque mondiale rapporte en outre le montant des transferts au PIB du pays bénéficiaire, ce qui permet de comparer l’importance relative des transferts pour les économies de chaque pays.
La dernière mise à jour de la base de données, au 1er juillet 2025, intègre l’année 2024 mais sans exhaustivité (les données concernant certains pays sont absentes). Les chiffres les plus fiables sont donc ceux afférents à l’année 2023, raison pour laquelle nous nous y sommes limités.
Enfin, précisons que les données Banque mondiale, qui, comme les données Eurostat, se basent sur les données communiquées par les Etats, n’appréhendent qu’imparfaitement les transferts informels. En effet, les données fournis par les pays ne corrigent pas tous – et le cas échéant pas de manière homogène – le volume des transferts qui ne sont pas appréhendés par les canaux officiels. D’ailleurs, les fluctuations d’une année sur l’autre sont parfois expliquées par l’évolution en sens contraire des transferts informels51.
Aussi, pour appréhender complètement l’ampleur des transferts vers les pays d’origine des migrants, il serait nécessaire de chiffrer ceux d’entre eux qui transitent par des canaux informels. Cependant, compte tenu des incertitudes, de l’hétérogénéité du phénomène et du manque d’études récentes, nous nous sommes limités aux données disponibles, sans chercher à reconstituer les transferts totaux intégrant ceux transitant par des systèmes informels.
2 – Données détaillées
Les données présentées de manière synthétique dans le corps de la note sont reprises ici, avec un niveau de détail plus fin, dans l’ordre dans lequel elles sont évoquées dans la note.
2.1 Les transferts reçus au niveau mondial – présentation par catégorie de pays et par pays (Banque mondiale52, 2023)
Pour la synthèse, cf. point 1.3 de la note.
| Transferts personnels (envois de fonds des travailleurs) et rémunérations des salariés, reçus (2023, M€ et % du PIB) | ||
| Pays/région | Transferts entrants en M€ | Transferts entrants en % PIB |
| Par régions | ||
| Afrique du Nord et Moyen-Orient | 52 473 | 1,37 |
| Afrique du Nord et Moyen-Orient (hors revenu élevé) | 49 944 | 2,99 |
| Afrique du Nord et Moyen-Orient (BIRD et IDA) | 47 022 | 2,82 |
| Afrique occidentale et centrale | 29 933 | 4,16 |
| Afrique orientale et du sud | 19 673 | 1,67 |
| Afrique subsaharienne | 49 606 | 2,65 |
| Afrique subsaharienne (hors revenu élevé) | 49 596 | 2,65 |
| Afrique subsaharienne (BIRD et IDA) | 49 606 | 2,65 |
| Amérique latine et Caraïbes | 141 304 | 2,42 |
| Amérique latine et Caraïbes (hors revenu élevé) | 139 534 | 2,63 |
| Amérique latine et Caraïbes (BIRD et IDA) | 140 998 | 2,43 |
| Amérique du Nord | 9 308 | 0,03 |
| Le monde arabe | 54 465 | 1,82 |
| Asie de l’Est et Pacifique | 117 904 | 0,43 |
| Asie de l’Est et Pacifique (hors revenu élevé) | 102 900 | 0,54 |
| Asie de l’Est et Pacifique (BIRD et IDA) | 102 902 | 0,54 |
| Asie du Sud | 166 672 | 4,12 |
| Asie du Sud (BIRD et IDA) | 166 672 | 4,12 |
| Petits états des Caraïbes | 1 191 | 2,48 |
| Zone euro | 104 837 | 0,74 |
| Union européenne | 137 265 | 0,82 |
| Europe centrale et les pays baltes | 38 278 | 1,87 |
| Europe et Asie centrale | 203 950 | 0,82 |
| Europe et Asie centrale (hors revenu élevé) | 56 327 | 2,94 |
| Europe et Asie centrale (BIRD et IDA) | 82 891 | 1,67 |
| Monde | 741 218 | 0,78 |
| Par revenu | ||
| Pays pauvres très endettés (PPTE) | 39 918 | 3,93 |
| Faible revenu | 18 096 | 3,16 |
| Revenu faible et intermédiaire | 564 973 | 1,66 |
| Revenu intermédiaire, tranche inférieure | 332 941 | 4,89 |
| Revenu intermédiaire | 546 877 | 1,63 |
| Revenu intermédiaire, tranche supérieure | 213 936 | 0,81 |
| Revenu élevé | 176 244 | 0,29 |
| Par situation démographique | ||
| de dividende précoce démographique (Early-demographic dividend) | 393 081 | 3,00 |
| de dividende tardif démographique (Late-demographic dividend) | 138 958 | 0,53 |
| de Pré-dividende démographique (Pre-demographic dividend) | 43 018 | 2,99 |
| de Post-dividende démographique (Post-demographic dividend) | 162 404 | 0,30 |
| Par situations diverses | ||
| Fragile et les situations de conflit touchées (Fragile and conflict affected situations) | 65 110 | 4,09 |
| Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) seulement | 407 128 | 1,24 |
| BIRD et Interim Disability Assistance (IDA) | 590 092 | 1,57 |
| IDA totale | 152 676 | 5,94 |
| IDA mélange | 63 326 | 6,58 |
| IDA seulement | 90 473 | 5,56 |
| Pays les moins avancés: classement de l’ONU | 60 177 | 4,35 |
| Pays membres de l’OCDE | 220 382 | 0,38 |
| Petits états | 5 602 | 1,94 |
| Petits états insulaires du Pacifique | 1 192 | 10,05 |
| Autres petits états | 3 219 | 1,46 |
| Afrique | ||
| Afrique du Sud | 724 | 0,21 |
| Algérie | 1 683 | 0,75 |
| Angola | 11 | 0,01 |
| Bénin | 210 | 1,19 |
| Botswana | 63 | 0,36 |
| Burkina Faso | 526 | 2,88 |
| Burundi | 178 | 7,49 |
| Cap Vert | 285 | 12,49 |
| Cameroun | 709 | 1,60 |
| République centrafricaine | 0 | 0,00 |
| Côte d’Ivoire | 939 | 1,32 |
| Congo, République démocratique du | 2 971 | 4,97 |
| Congo, République du | 40 | 0,29 |
| Comores | 275 | 22,60 |
| Djibouti | 53 | 1,43 |
| Égypte | 17 596 | 4,93 |
| Érythrée | 0 | |
| Eswatini | 72 | 1,80 |
| Éthiopie | 486 | 0,33 |
| Gabon | 17 | 0,10 |
| Ghana | 2 191 | 3,18 |
| Guinée | 448 | 2,24 |
| Gambie | 473 | 21,90 |
| Guinée-Bissau | 186 | 10,06 |
| Guinée équatoriale | 0 | 0,00 |
| Kenya | 3 809 | 3,91 |
| Lesotho | 436 | 22,87 |
| Libéria | 721 | 18,87 |
| Libye | 0 | 0,00 |
| Mali | 942 | 5,06 |
| Maroc | 10 590 | 8,14 |
| Madagascar | 347 | 2,44 |
| Mozambique | 599 | 3,17 |
| Mauritanie | 151 | 1,57 |
| Maurice | 284 | 2,15 |
| Malawi | 162 | 1,41 |
| Namibie | 79 | 0,71 |
| Niger | 562 | 3,71 |
| Nigéria | 17 612 | 5,37 |
| Rwanda | 467 | 3,67 |
| Sao Tomé-et-Principe | 9 | 1,47 |
| Sénégal | 2 943 | 10,59 |
| Seychelles | 10 | 0,53 |
| Sierra Leone | 394 | 6,82 |
| Somalie | 1 563 | 15,82 |
| Soudan | 901 | 0,92 |
| Soudan du Sud | 1 059 | |
| Tchad | 0 | 0,00 |
| Togo | 586 | 7,09 |
| Tunisie | 2 588 | 5,92 |
| Tanzanie | 684 | 0,96 |
| Ouganda | 1 289 | 2,93 |
| Zambie | 221 | 0,89 |
| Zimbabwe | 2 974 | 9,37 |
| Amérique | ||
| Antigua-et-Barbuda | 31 | 1,72 |
| Argentine | 910 | 0,16 |
| Aruba | 35 | 1,07 |
| Bahamas | 56 | 0,44 |
| Belize | 135 | 4,88 |
| Bermudes | 1 577 | 21,49 |
| Bolivie | 1 306 | 3,21 |
| Brésil | 3 994 | 0,20 |
| Barbade | 77 | 1,27 |
| Îles Caïmans | 11 | 0,18 |
| Canada | 763 | 0,04 |
| Chili | 63 | 0,02 |
| Colombie | 9 110 | 2,78 |
| Costa Rica | 596 | 0,77 |
| Cuba | 0 | |
| Curacao | 159 | 5,38 |
| Dominique | 31 | 5,27 |
| République dominicaine | 9 567 | 8,74 |
| Équateur | 4 912 | 4,59 |
| États-Unis | 6 968 | 0,03 |
| Grenade | 63 | 5,34 |
| Groenland | 0 | |
| Guatemala | 18 001 | 19,13 |
| Guyana | 492 | 3,18 |
| Haïti | 3 381 | 18,91 |
| Honduras | 8 079 | 26,07 |
| Jamaïque | 3 244 | 18,54 |
| Saint-Kitts-et-Nevis | 34 | 3,52 |
| Sainte-Lucie | 57 | 2,60 |
| Sint Maarten (Dutch part) | 43 | 2,95 |
| Saint-Martin (fr) | 0 | |
| Mexique | 59 674 | 3,70 |
| Nicaragua | 4 200 | 26,15 |
| Panama | 465 | 0,62 |
| Paraguay | 672 | 1,74 |
| Pérou | 4 006 | 1,66 |
| Porto Rico | 0 | |
| El Salvador | 7 381 | 24,09 |
| Suriname | 132 | 4,25 |
| Trinité-et-Tobago | 182 | 0,74 |
| Îles Turques-et-Caïques | 0 | 0,00 |
| Uruguay | 121 | 0,17 |
| Venezuela | 0 | |
| Saint-Vincent-et-les Grenadines | 83 | 8,60 |
| Îles Vierges britanniques | 0 | |
| Îles Vierges (EU) | 0 | |
| Asie | ||
| Afghanistan | 288 | 1,86 |
| Arabie saoudite | 281 | 0,03 |
| Arménie | 1 308 | 6,03 |
| Azerbaïdjan | 1 723 | 2,64 |
| Bahreïn | 0 | 0,00 |
| Bangladesh | 19 883 | 5,05 |
| Brunéi Darussalam | 1 | 0,01 |
| Bhoutan | 97 | |
| Cambodge | 2 506 | 6,57 |
| Chine | 26 225 | 0,16 |
| Chine, Région administrative spéciale de Hong Kong | 409 | 0,12 |
| Chine, Région administrative spéciale de Macao | 100 | 0,24 |
| Corée, République de | 6 895 | 0,45 |
| Corée, République démocratique de | 0 | |
| Émirats arabes unis | 0 | |
| Géorgie | 3 785 | 13,65 |
| Inde | 107 681 | 3,35 |
| Indonésie | 13 033 | 1,06 |
| Iran | 0 | 0,00 |
| Iraq | 1 047 | 0,46 |
| Israël | 884 | 0,19 |
| Jordanie | 4 036 | 8,79 |
| Japon | 4 223 | 0,11 |
| Kazakhstan | 274 | 0,12 |
| Kirghizistan | 2 568 | 20,38 |
| Koweït | 19 | 0,01 |
| Laos | 259 | 1,81 |
| Liban | 6 033 | |
| Malaisie | 1 536 | 0,43 |
| Maldives | 5 | 0,08 |
| Mongolie | 410 | 2,24 |
| Myanmar | 991 | 1,65 |
| Népal | 9 366 | 25,41 |
| Oman | 35 | 0,04 |
| Ouzbékistan | 12 765 | 13,95 |
| Pakistan | 23 926 | 7,86 |
| Territoires palestiniens (Cisjordanie et Gaza) | 2 923 | 18,62 |
| Philippines | 35 222 | 8,94 |
| Qatar | 1 295 | 0,67 |
| Singapour | 0 | 0,00 |
| Sri Lanka | 5 426 | 7,14 |
| République arabe syrienne | 0 | |
| Tadjikistan | 4 175 | 38,42 |
| Thaïlande | 8 732 | 1,88 |
| Timor-Leste | 174 | 9,28 |
| Turkménistan | 0 | 0,00 |
| Turquie | 927 | 0,09 |
| Viet Nam | 12 613 | 3,26 |
| Yémen, Rép. du | 3 397 | 20,05 |
| Europe | ||
| Albanie | 1 834 | 8,65 |
| Allemagne | 18 957 | 0,46 |
| Andorre | 43 | 1,27 |
| Îles Anglo-Normandes | 0 | |
| Autriche | 2 939 | 0,64 |
| Bélarus | 1 136 | 1,75 |
| Belgique | 13 389 | 2,30 |
| Bosnie-Herzégovine | 2 544 | 10,26 |
| Bulgarie | 2 121 | 2,30 |
| Chypre | 560 | 1,83 |
| Croatie | 5 474 | 7,20 |
| Danemark | 1 288 | 0,35 |
| Espagne | 4 800 | 0,33 |
| Estonie | 439 | 1,18 |
| Finlande | 612 | 0,23 |
| France | 33 251 | 1,21 |
| Îles Féroé | 143 | 4,05 |
| Gibraltar | 0 | |
| Grèce | 488 | 0,22 |
| Hongrie | 4 565 | 2,39 |
| Île de Man | 0 | |
| Irlande | 514 | 0,10 |
| Islande | 196 | 0,70 |
| Italie | 10 904 | 0,53 |
| Kosovo | 1 651 | 17,51 |
| Liechtenstein | 0 | |
| Lituanie | 880 | 1,22 |
| Luxembourg | 2 204 | 2,85 |
| Lettonie | 1 112 | 2,92 |
| Macédoine du Nord | 417 | 2,93 |
| Malte | 14 | 0,07 |
| Monaco | 0 | |
| Moldova | 1 813 | 12,17 |
| Monténégro | 725 | 10,69 |
| Norvège | 540 | 0,12 |
| Pays-Bas | 3 659 | 0,35 |
| Pologne | 7 695 | 1,06 |
| Portugal | 1 650 | 0,63 |
| Royaume-Uni | 4 042 | 0,13 |
| Roumanie | 8 977 | 2,84 |
| Russie | 2 296 | 0,13 |
| Suisse | 3 091 | 0,39 |
| Saint-Marin | 20 | |
| Serbie | 5 200 | 7,10 |
| Slovaquie | 2 157 | 1,80 |
| Slovénie | 833 | 1,34 |
| Suède | 3 758 | 0,71 |
| Tchéquie | 4 024 | 1,30 |
| Ukraine | 13 484 | 8,37 |
| Océanie | ||
| Australie | 1 556 | 0,10 |
| Fidji | 450 | 9,19 |
| Guam | 0 | |
| Kiribati | 10 | 4,17 |
| Mariannes | 0 | |
| Îles Marshall | 31 | 13,29 |
| Micronésie, États fédérés de | 21 | 5,07 |
| Nauru | 1 | 0,57 |
| Nouvelle-Calédonie | 560 | |
| Nouvelle-Zélande | 735 | 0,32 |
| Palaos | 2 | 0,69 |
| Papouasie-Nouvelle-Guinée | 10 | 0,03 |
| Polynésie française | 524 | |
| Îles Salomon | 76 | 5,18 |
| Samoa | 239 | 28,24 |
| Samoa américaines | 0 | |
| Tonga | 229 | |
| Tuvalu | 2 | 3,21 |
| Vanuatu | 131 | 12,87 |
2.2 Solde des transferts personnels pour les pays européens (Eurostat53, 2023)
Cf. point 1.4 de la note.
| en Md€ | |
| UE27 | -35,9 |
| Belgique | -4,4 |
| Bulgarie | 1,4 |
| Tchéquie | -1,2 |
| Danemark | nd |
| Allemagne | -7,4 |
| Estonie | -0,0 |
| Irlande | -1,4 |
| Grèce | -1,1 |
| Espagne | -8,1 |
| France | -15,8 |
| Croatie | 2,3 |
| Italie | -6,8 |
| Chypre | -0,3 |
| Lettonie | 0,3 |
| Lituanie | 0,5 |
| Luxembourg | -0,0 |
| Hongrie | 0,5 |
| Malte | 0,0 |
| Pays-Bas | -0,8 |
| Autriche | -1,1 |
| Pologne | 1,0 |
| Portugal | nd |
| Roumanie | 3,7 |
| Slovénie | -0,1 |
| Slovaquie | 0,2 |
| Finlande | -0,6 |
| Suède | -0,3 |
| Islande | -0,2 |
| Norvège | nd |
| Suisse | nd |
| United Kingdom | nd |
| Bosnie-Herzégovine | 1,8 |
| Monténégro | 0,3 |
| Macédoine du Nord | 0,3 |
| Albanie | 1,2 |
| Serbie | 4,6 |
| Turquie | nd |
| Kosovo | 1,3 |
Source : Eurostat (Revenus secondaires: transferts personnels (transferts courants entre ménages résidents et non-résidents)), décembre 2024.
Nota : pour la plupart des pays pour lesquels les données ne sont pas disponibles, les données y sont expressément considérées comme confidentielles.
2.3 Solde des transferts personnels pour la France – détail par région géographique et par pays (Eurostat, 2023)
Cf. point 1.6 de la note.
| Revenus secondaires : transferts personnels (transferts courants entre ménages résidents et non-résidents) – France – 2023 | ||
| Entité géopolitique (partenaire) | Solde (en M€) | Solde (en %) |
| Afrique | -8 116 | 51,45 % |
| Afrique centrale et australe | -1 610 | 10,21 % |
| Afrique septentrionale | -6 506 | 41,24 % |
| Amérique | -857 | 5,43 % |
| Amérique centrale | -486 | 3,08 % |
| Amérique septentrionale | 18 | -0,11 % |
| Amérique du Sud | -389 | 2,47 % |
| Asie | -2 916 | 18,48 % |
| Pays arabes du Golfe | -3 | 0,02 % |
| Autre(s) pays d’Asie (agrégat variable en fonction du contexte) | -2 462 | 15,61 % |
| Asie occidentale incluant l’Iran | -455 | 2,88 % |
| Autre(s) pays d’Asie occidentale | -452 | 2,87 % |
| Europe | -3 886 | 24,63 % |
| Zone euro – 20 pays (à partir de 2023) | -2 785 | 17,65 % |
| Union européenne – 27 pays (à partir de 2020) | -3 098 | 19,64 % |
| Pays européens hors UE27 (à partir de 2020) et hors AELE | -794 | 5,03 % |
| Océanie et régions polaires du Sud | -1 | 0,01 % |
| Extra-zone euro – 20 pays (à partir de 2023) | -12 992 | 82,35 % |
| Extra-UE27 (à partir de 2020) | -12 678 | 80,36 % |
| Reste du monde | -15 776 | 100,00 % |
| Centres financiers extraterritoriaux | -467 | 2,96 % |
| DÉTAIL PAYS (données non exhaustives) | ||
| Afrique | -8 116 | 51,45 % |
| Afrique du Sud | 0 | 0,00 % |
| Égypte | -274 | 1,74 % |
| Maroc | -3 530 | 22,38 % |
| Nigeria | -210 | 1,33 % |
| Amérique | -857 | 5,43 % |
| Argentine | -11 | 0,07 % |
| Brésil | -190 | 1,20 % |
| Canada | 4 | -0,03 % |
| Chili | 0 | 0,00 % |
| États-Unis | 14 | -0,09 % |
| Mexique | -90 | 0,57 % |
| Uruguay | -1 | 0,01 % |
| Venezuela | 0 | 0,00 % |
| Asie | -2 916 | 18,48 % |
| Chine hors Hong Kong | -387 | 2,45 % |
| Corée du Sud | -64 | 0,41 % |
| Hong Kong | 0 | 0,00 % |
| Indonésie | -14 | 0,09 % |
| Inde | -358 | 2,27 % |
| Japon | -134 | 0,85 % |
| Malaisie | 0 | 0,00 % |
| Philippines | -100 | 0,63 % |
| Singapour | 0 | 0,00 % |
| Taïwan | 0 | 0,00 % |
| Thaïlande | -130 | 0,82 % |
| Turquie | -63 | 0,40 % |
| Europe | -3 886 | 24,63 % |
| Allemagne | 9 | -0,06 % |
| Autriche | -5 | 0,03 % |
| Belgique | -29 | 0,18 % |
| Bulgarie | -26 | 0,16 % |
| Chypre | -3 | 0,02 % |
| Croatie | -24 | 0,15 % |
| Danemark | 1 | -0,01 % |
| Espagne | -1 155 | 7,32 % |
| Estonie | -1 | 0,01 % |
| Finlande | 0 | 0,00 % |
| France | 0 | 0,00 % |
| Grèce | -3 | 0,02 % |
| Hongrie | -8 | 0,05 % |
| Irlande | 1 | -0,01 % |
| Islande | 0 | 0,00 % |
| Italie | -266 | 1,69 % |
| Liechtenstein | 0 | 0,00 % |
| Lituanie | -4 | 0,03 % |
| Luxembourg | -7 | 0,04 % |
| Lettonie | -6 | 0,04 % |
| Malte | -1 | 0,01 % |
| Norvège | 1 | -0,01 % |
| Pays-Bas | -13 | 0,08 % |
| Pologne | -57 | 0,36 % |
| Portugal | -1 276 | 8,09 % |
| Roumanie | -216 | 1,37 % |
| Russie | -21 | 0,13 % |
| Slovénie | 0 | 0,00 % |
| Slovaquie | -2 | 0,01 % |
| Suède | -9 | 0,06 % |
| Suisse | 6 | -0,04 % |
| Tchéquie | 0 | 0,00 % |
| United Kingdom | -75 | 0,48 % |
| Institutions et organes de l’Union européenne | 0 | 0,00 % |
| Océanie et régions polaires du Sud | -1 | 0,01 % |
| Australie | 1 | -0,01 % |
| Nouvelle-Zélande | -2 | 0,01 % |
2.4 Transferts sortants de ménages résidant en France vers des ménages résidant hors de France (Eurostat, 2023)
En complément des données ci-dessus relatives au solde des transferts, les montants des transferts sortants (sans déduction des transferts entrants) sont présentés ci-après. Rappelons que le volume des transferts sortants (de ménages résidant en France vers des ménages résidant hors de France) est légèrement plus élevé (16,1 Md€) que le solde des transferts (-15,8 Md€), la différence étant liée aux transferts entrants, dont le montant est relativement marginal (0,3 Md€).
| Revenus secondaires: transferts personnels (transferts courants entre ménages résidents et non-résidents) – France – 2023 | ||
| Entité géopolitique (partenaire) | Débits (en M€) | Débits (en %) |
| Afrique | 8 296 | 51,53 % |
| Afrique centrale et australe | 1 788 | 11,11 % |
| Afrique septentrionale | 6 508 | 40,42 % |
| Amérique | 880 | 5,47 % |
| Amérique centrale | 488 | 3,03 % |
| Amérique septentrionale | 0 | 0,00 % |
| Amérique du Sud | 392 | 2,43 % |
| Asie | 2 934 | 18,22 % |
| Pays arabes du Golfe | 9 | 0,06 % |
| Autre(s) pays d’Asie (agrégat variable en fonction du contexte) | 2 469 | 15,34 % |
| Asie occidentale incluant l’Iran | 465 | 2,89 % |
| Autre(s) pays d’Asie occidentale | 456 | 2,83 % |
| Europe | 3 988 | 24,77 % |
| Zone euro – 20 pays (à partir de 2023) | 2 849 | 17,70 % |
| Union européenne – 27 pays (à partir de 2020) | 3 171 | 19,70 % |
| Pays européens hors UE27 (à partir de 2020) et hors AELE | 816 | 5,07 % |
| Océanie et régions polaires du Sud | 3 | 0,02 % |
| Extra-zone euro – 20 pays (à partir de 2023) | 13 251 | 82,30 % |
| Extra-UE27 (à partir de 2020) | 12 929 | 80,30 % |
| Reste du monde | 16 100 | 100,00 % |
| Centres financiers extraterritoriaux | 470 | 2,92 % |
| DÉTAIL PAYS (données non exhaustives) | ||
| Afrique | 8 296 | 51,53 % |
| Afrique du Sud | 0 | 0,00 % |
| Égypte | 274 | 1,70 % |
| Maroc | 3 531 | 21,93 % |
| Nigeria | 210 | 1,30 % |
| Amérique | 880 | 5,47 % |
| Argentine | 12 | 0,07 % |
| Brésil | 191 | 1,19 % |
| Canada | 0 | 0,00 % |
| Chili | 0 | 0,00 % |
| États-Unis | 0 | 0,00 % |
| Mexique | 90 | 0,56 % |
| Uruguay | 1 | 0,01 % |
| Venezuela | 0 | 0,00 % |
| Asie | 2 934 | 18,22 % |
| Chine hors Hong Kong | 392 | 2,43 % |
| Corée du Sud | 64 | 0,40 % |
| Hong Kong | 0 | 0,00 % |
| Indonésie | 14 | 0,09 % |
| Inde | 358 | 2,22 % |
| Japon | 134 | 0,83 % |
| Malaisie | 0 | 0,00 % |
| Philippines | 100 | 0,62 % |
| Singapour | 0 | 0,00 % |
| Taïwan | 0 | 0,00 % |
| Thaïlande | 130 | 0,81 % |
| Turquie | 67 | 0,42 % |
| Europe | 3 988 | 24,77 % |
| Allemagne | 1 | 0,01 % |
| Autriche | 7 | 0,04 % |
| Belgique | 37 | 0,23 % |
| Bulgarie | 43 | 0,27 % |
| Chypre | 3 | 0,02 % |
| Croatie | 24 | 0,15 % |
| Danemark | 0 | 0,00 % |
| Espagne | 1 168 | 7,25 % |
| Estonie | 1 | 0,01 % |
| Finlande | 0 | 0,00 % |
| France | 0 | 0,00 % |
| Grèce | 6 | 0,04 % |
| Hongrie | 8 | 0,05 % |
| Irlande | 0 | 0,00 % |
| Islande | 0 | 0,00 % |
| Italie | 282 | 1,75 % |
| Liechtenstein | 0 | 0,00 % |
| Lituanie | 4 | 0,02 % |
| Luxembourg | 8 | 0,05 % |
| Lettonie | 6 | 0,04 % |
| Malte | 1 | 0,01 % |
| Norvège | 0 | 0,00 % |
| Pays-Bas | 18 | 0,11 % |
| Pologne | 59 | 0,37 % |
| Portugal | 1 281 | 7,96 % |
| Roumanie | 220 | 1,37 % |
| Russie | 25 | 0,16 % |
| Slovénie | 1 | 0,01 % |
| Slovaquie | 3 | 0,02 % |
| Suède | 10 | 0,06 % |
| Suisse | 0 | 0,00 % |
| Tchéquie | 0 | 0,00 % |
| United Kingdom | 87 | 0,54 % |
| Institutions et organes de l’Union européenne | 0 | 0,00 % |
| Océanie et régions polaires du Sud | 3 | 0,02 % |
| Australie | 0 | 0,00 % |
| Nouvelle-Zélande | 2 | 0,01 % |
2.5 Rapprochement entre les transferts depuis la France et les transferts mondiaux (Eurostat et Banque mondiale, 2023)
Cf. point 1.7 de la note.
| Transferts émanant de France rapportés aux transferts reçus par les pays bénéficiaires (en %, 2023) | |||
| Transferts personnels sortant de France (Eurostat, 2023, M€) | Transferts personnels reçus (Banque mondiale, 2023, M€) | Part des transferts issus de France | |
| Reste du monde | 16 100 | 585 535 | 2,75% |
| Afrique | 8 296 | ||
| Égypte | 274 | 17 596 | 1,56% |
| Maroc | 3 531 | 10 590 | 33,34% |
| Nigeria | 210 | 17 364 | 1,21% |
| Amérique | 880 | ||
| Argentine | 12 | 834 | 1,44% |
| Brésil | 191 | 3 601 | 5,30% |
| Mexique | 90 | 57 044 | 0,16% |
| Uruguay | 1 | 118 | 0,85% |
| Asie | 2 934 | ||
| Chine hors Hong Kong | 392 | 6 301 | 6,22% |
| Corée du Sud | 64 | 5 660 | 1,13% |
| Indonésie | 14 | 12 808 | 0,11% |
| Inde | 358 | 101 111 | 0,35% |
| Japon | 134 | 4 038 | 3,32% |
| Philippines | 100 | 26 854 | 0,37% |
| Thaïlande | 130 | 7 922 | 1,64% |
| Turquie | 67 | 512 | 13,09% |
| Europe | 3 988 | ||
| Allemagne | 1 | 15 | 6,67% |
| Autriche | 7 | 273 | 2,56% |
| Belgique | 37 | 1 376 | 2,69% |
| Bulgarie | 43 | 1 413 | 3,04% |
| Chypre | 3 | 488 | 0,61% |
| Croatie | 24 | 2 558 | 0,94% |
| Estonie | 1 | 59 | 1,69% |
| Finlande | 0 | 74 | 0,00% |
| Grèce | 6 | 285 | 2,11% |
| Hongrie | 8 | 578 | 1,38% |
| Islande | 0 | 61 | 0,00% |
| Italie | 282 | 2 156 | 13,08% |
| Lituanie | 4 | 813 | 0,49% |
| Luxembourg | 8 | 228 | 3,51% |
| Lettonie | 6 | 623 | 0,96% |
| Pays-Bas | 18 | 114 | 15,79% |
| Pologne | 59 | 2 965 | 1,99% |
| Roumanie | 220 | 4 478 | 4,91% |
| Royaume-Uni | 87 | 2 219 | 3,92% |
| Slovénie | 1 | 91 | 1,10% |
| Slovaquie | 3 | 294 | 1,02% |
| Suède | 10 | 310 | 3,23% |
| Tchéquie | 0 | 658 | 0,00% |
Source : données Banque mondiale (transferts totaux) et Eurostat (transferts issus de France).
- Hugo Bréant. Migrations et flux monétaires : quand ceux qui restent financent celui qui part. Autrepart – Revue de sciences sociales au Sud, 2013, Migrations et flux monétaires : quand ceux qui restent financent celui qui part – Archives ouvertes de la Sociologie ↩︎
- On parle indifféremment de transferts de fonds, d’envois de fonds ou encore de remises migratoires voire, assez improprement, de « rapatriements » de fonds. Le terme anglais est remittances. ↩︎
- “Personal remittances comprise personal transfers and compensation of employees. Personal transfers consist of all current transfers in cash or in kind made or received by resident households to or from non-resident households. Personal transfers thus include all current transfers between resident and non-resident individuals. Compensation of employees refers to the income of border, seasonal, and other short-term workers who are employed in an economy where they are not resident and of residents employed by non-resident entities. Data are the sum of two items defined in the sixth edition of the IMF’s Balance of Payments Manual: personal transfers and compensation of employees.” (cf. glossaire de la banque de données de la Banque mondiale). ↩︎
- Selon les organismes, les rémunérations salariales ne sont néanmoins pas toujours prises en compte dans les données. ↩︎
- Comme il est précisé dans l’annexe méthodologique, l’évaluation des transferts personnels entre ménages résidents et non-résidents s’appuie sur l’estimation du nombre d’immigrés issus d’un pays donné qui résident dans le pays de source (en France par exemple). On parle d’ailleurs communément de transferts de fonds des migrants pour désigner ces flux. ↩︎
- Les premières données disponibles pour l’année 2024 marquent un retrait (741 Md$) mais sont encore incomplètes. ↩︎
- Cf. OIM, L’état de la migration dans le monde 2024, p. 37. Selon l’OIM, en 2022, l’APD s’est élevée à environ 210 Md$, les IDE à environ 525 Md$ et les transferts de fonds des migrants à environ 640 Md$, plaçant ainsi ces derniers en tête de ces différents flux financiers internationaux. Toutefois, nous relevons que les statistiques habituellement retenues pour mesurer les IDE (1 572 Md$ en 2022, 1 465 Md€ en 2023 et 1 485 Md€ en 2024 pour les flux mondiaux d’IDE selon l’OCDE) sont plus élevées qu’indiqué par l’OIM et dépassent encore significativement les montants des transferts des migrants (de 78 % en 2023). ↩︎
- Source : https://data.worldbank.org/indicator/BX.TRF.PWKR.CD.DT. Voir précisions méthodologiques en annexe. ↩︎
- Source : https://data.worldbank.org/indicator/BX.TRF.PWKR.DT.GD.ZS. ↩︎
- C’est-à-dire les pays ayant commencé la « transition démographique » et dont le rapport entre la population active et la population dépendante est favorable. La Banque mondiale donne la définition suivante : « Early-dividend countries are mostly lower-middle-income countries further along the fertility transition. Fertility rates have fallen below four births per woman and the working-age share of the population is likely rising considerably. ». Cf. glossaire de la banque de données de la Banque mondiale. ↩︎
- Soit dans sa configuration actuelle à 27 Etats membres postérieurement au retrait du Royaume-Uni intervenu en 2020 ↩︎
- A la différence des données Banque mondiale mentionnées plus haut, ces données Eurostat ne tiennent pas compte des rémunérations des travailleurs transfrontaliers. Pour une présentation des données concernant les transferts personnels et les rémunérations des travailleurs, cf. la page suivante d’Eurostat : Personal transfers and compensation of employees – Statistics Explained – Eurostat ↩︎
- Cf Eurostat (données au 31/12/2023), fichier « migr_resvalid » : https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/migr_resvalid__custom_18510679/default/table ↩︎
- World Bank Group, Migrants’ Remittances from France. Findings of a survey on migrants’ financial needs and remittance behavior in Montreuil.2015. Cf. p.19. ↩︎
- Les données pour 2022 sont assez similaires. ↩︎
- Cf. Migration and Development Brief 40. Par exemple : “Remittances to the Middle East and North Africa fell by 15 percent to $55 billion in 2023, primarily due to a sharp decline in flows to Egypt, where the divergence between official and parallel foreign exchange rates likely diverted remittances to unofficial channels. After the unification of exchange rates in March 2024, there are signs of recovery in flows through official channels. Flows are projected to recover by 4.3 percent in 2024. The cost of sending $200 to the region averaged 5.9 percent, down from 6.7 percent the previous year.” ↩︎
- Une étude du FMI et de la Banque mondiale a dégagé, pour une sélection de pays une estimation de 5 à 70 % des fonds enregistrés pour l’année 2000 : El Qorchi, M., Munzele, M. S. & Wilson, J. F. (2003). „Informal Funds Transfer Systems: An Analysis of the Informal Hawala System“. IMF Occasional Paper N° 222. Également disponible sur le site de la Banque mondiale. Voir notamment le tableau page 56, qui retient par exemple une proportion estimée de l’Hawala dans les transferts personnels de 23 % pour l’Algérie en 2000 (et même 73% sur la période 1981-2000). ↩︎
- IPSOS, Enquête sur la diaspora africaine en France et les transferts d’argent vers le continent africain, 2020. Cf. p.26. ↩︎
- World Bank Group, Migrants’ Remittances from France. Findings of a survey on migrants’ financial needs and remittance behavior in Montreuil.2015. Cf. p. 23-25. ↩︎
- Immigrés et descendants d’immigrés en France – Insee Références – Édition 2023 (fiches thématiques, « Flux d’immigration et trajectoires migratoires », 2.7 « Rapport au pays d’émigration et pratiques transnationales », p.109s). ↩︎
- Sur les impacts économiques positifs et négatifs des transferts pour les pays d’origine, voir EL HAMMA (2018), qui fait le point sur la littérature économique sur ce sujet et souligne les conditions nécessaires pour que les effets positifs des transferts se déploient. ↩︎
- OIM, État de la migration dans le monde 2024, p.39. ↩︎
- Ibid. p.39. ↩︎
- Cette question est davantage étudiée aux Etats-Unis, cf. Federation for American Immigration Reform (FAIR), Remittances Continue to Grow at America’s Expense, Issue Brief, July 2025. ↩︎
- Voir par exemple cette étude du Parlement européen, qui traite des transferts uniquement sous l’angle du développement des pays bénéficiaires des fonds : Iliana OLIVIÉ and María SANTILLÁN O’SHEA, The role of remittances in promoting sustainable development, European Parliament (Directorate General for External Policies of the Union), June 2022. ↩︎
- OID, L’impact de l’immigration sur l’économie française : sortir du « cercle vicieux » et prioriser l’emploi, note, juin 2025. ↩︎
- A l’exception des revenus des travailleurs transfrontaliers, qui relèvent quant à eux des « revenus primaires ». ↩︎
- En 2024, la consommation effective des ménages constitue 52,4 % des emplois finals (source : INSEE, comptes nationaux 2024). Les comptes de la Nation en 2024 − Comptes nationaux | Insee ↩︎
- INSEE, Les revenus et le patrimoine des ménages (INSEE Références), édition 2024. Cf. point 1.18 Niveau de vie et pauvreté des immigrés. Le constat vaut plus particulièrement pour les immigrés d’origine africaine. ↩︎
- En effet, la propension à consommer décroît avec le niveau de richesse. Cf. ACCARDO Jérôme, BILLOT Sylvain, Plus d’épargne chez les plus aisés, plus de dépenses contraintes chez les plus modestes, Insee Première n°1815, septembre 2020. ↩︎
- En 2024, la formation brute de capital fixe (FBCF) des ménages constitue 3,5 % des emplois finals (source : INSEE, comptes nationaux 2024). Les comptes de la Nation en 2024 − Comptes nationaux | Insee ↩︎
- IPSOS, Enquête sur la diaspora africaine en France et les transferts d’argent vers le continent africain, 2020. Cf. p.34. Les autres solutions mentionnées sont d’augmenter ses revenus (26 % des répondants) ou d’emprunter de l’argent (13 % des répondants), ce qui permet d’atténuer l’impact négatif sur la consommation, étant précisé que plusieurs réponses étaient possibles dans ce sondage. ↩︎
- La répercussion des transferts sur le PIB est certainement légèrement inférieure à 100 %. Mais le chiffre ainsi obtenu de l’impact sur le PIB est malgré tout un minorant dans la mesure où les transferts, tels que mesurés par la Banque de France, sont vraisemblablement sous-évalués comme nous l’avons évoqué plus haut. A noter que nous n’avons pas identifié dans la littérature économique d’évaluation de l’impact des transferts sur le PIB des pays de source comme la France. ↩︎
- Sur l’élasticité des PO, cf. Eric Dubois, Haut Conseil des finances publiques, Note méthodologique HCFP 2023-1.pdf, note méthodologique n° 2023-01.
En 2025, l’élasticité des PO était estimée à 0,9 par le gouvernement (cf. rapport économique, social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2025, p.55). ↩︎ - En vertu du 2° du II de l’article 156 du code général des impôts, les pensions versées conformément aux dispositions du code civil relatives à l’obligation alimentaire sont déductibles du revenu brut global soumis à l’impôt sur le revenu. Les conditions de déduction sont précisées par la doctrine administrative. ↩︎
- Article 63 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. ↩︎
- Cf. par exemple l’arrêt Keva e.a. du 29/07/2024 C-39/23. Un dispositif fiscal ne doit pas constituer une restriction déguisée à la libre circulation des capitaux et des paiements. Une telle restriction peut éventuellement être justifiée par une raison impérieuse d’intérêt général mais la CJUE est très restrictive sur ce point. ↩︎
- On peut penser entre autres à l’argent du trafic de drogues, dont on peut penser qu’une partie est mise à l’abri et investie à l’étranger, dans des pays moins sourcilleux quant au blanchiment d’argent. Il en va de même des réseaux de prostitution (qu’on songe à la filière nigériane). Les filières de passeur recourent aussi à l’Hawala. ↩︎
- Cf. par exemple ces condamnations prononcées le 7 avril 2022 par le tribunal de la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes à l’encontre de membres de deux réseaux de blanchiment africain et pakistanais : https://www.ouest-france.fr/faits-divers/trafic/plus-de-40-millions-d-euros-blanchis-par-des-reseaux-internationaux-jusqu-a-8-ans-de-prison-ddd51fa2-b695-11ec-b116-e879225002a2 ↩︎
- L’Office central pour la répression de la grande délinquance financière a spécifiquement pour mission de traiter, notamment, les affaires de blanchiment les plus importantes. ↩︎
- Article 29 du traité sur l’UE et article 215 du traité sur le fonctionnement de l’UE. Sur le cadre juridique des sanctions de l’UE, cf. https://eur-lex.europa.eu/FR/legal-content/summary/general-framework-for-eu-sanctions.html ↩︎
- Sur ce point, cf. OID, Sauver Schengen. Face à l’urgence : la nécessaire réforme, note de juin 2024, p. 17 (proposition 4.1.3). ↩︎
- Par ordre alphabétique. Quelques références ponctuelles figurent par ailleurs au fil de la note. ↩︎
- Cf. https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/bop_rem6/default/table?lang=fr&category=bop_6 ↩︎
- Dans le cas de la France, les chiffres apparaissent en pratique identiques pour la catégorie « Revenus secondaires: transferts personnels (transferts courants entre ménages résidents et non-résidents) » [D752] et la sous-catégorie « Revenus secondaires: envois de fonds des travailleurs » [D752W]. Nous supposons que la différence n’est pas faite entre envois de fonds des travailleurs étrangers et envois de fonds d’étrangers hors travailleurs. La notion de travailleurs apparaît ici comme un abus de langage. ↩︎
- “Remittances: Outward remittances are estimated based on World Bank data on migrant populations and incoming transfers in receiving countries. Data from French money transfer operators are used as a secondary source.” ↩︎
- BPM6, Transactions courantes – Revenus secondaires – Dont : envois de fonds des travailleurs (code BPM6.A.N.FR.W1.S1W.S1.T.B.D752W._Z._Z._Z.EUR._T._X.N.ALL pour le solde France vis-à-vis Reste du monde). Accessible sous le lien https://webstat.banque-france.fr/fr/themes/balance-des-paiements-et-position-exterieure/transactions-courantes-et-compte-de-capital/ ↩︎
- Le KNOMAD se définit ainsi : “a global hub of knowledge and policy expertise on migration and development. It aims to create and synthesize multidisciplinary knowledge and evidence; generate a menu of policy options for migration policy makers; and provide technical assistance and capacity building for pilot projects, evaluation of policies, and data collection.” ↩︎
- “Personal remittances comprise personal transfers and compensation of employees. Personal transfers consist of all current transfers in cash or in kind made or received by resident households to or from nonresident households. Personal transfers thus include all current transfers between resident and nonresident individuals. Compensation of employees refers to the income of border, seasonal, and other short-term workers who are employed in an economy where they are not resident and of residents employed by nonresident entities. Data are the sum of two items defined in the sixth edition of the IMF’s Balance of Payments Manual: personal transfers and compensation of employees. Data are in current U.S. dollars.” ↩︎
- Pour 2023 : 1,11 $ pour 1 € (il s’agit du cour de change à la fin de l’année 2023). Pour 2024 : 1,04. ↩︎
- Cf. Migration and Development Brief 40. Par exemple : “Remittances to the Middle East and North Africa fell by 15 percent to $55 billion in 2023, primarily due to a sharp decline in flows to Egypt, where the divergence between official and parallel foreign exchange rates likely diverted remittances to unofficial channels. After the unification of exchange rates in March 2024, there are signs of recovery in flows through official channels. Flows are projected to recover by 4.3 percent in 2024. The cost of sending $200 to the region averaged 5.9 percent, down from 6.7 percent the previous year.” ↩︎
- Données accessibles via https://www.worldbank.org/en/topic/migration/brief/remittances-knomad (à droite, rubrique « KNOMAD/Remittance-related Data »), sur le lien https://data.worldbank.org/indicator/BX.TRF.PWKR.DT.GD.ZS
Données dans leur mise à jour du 15/04/2025. Des mises à jour régulières (la dernière en date a eu lieu au 01/07/2025) conduisent à des ajustements, généralement mineurs, dans le temps. ↩︎ - Données accessibles sous https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/bop_rem6/default/table?lang=fr&category=bop_6 (données décembre 2024). ↩︎






































































































